Arbrealettres

Poésie

Ondine (Renée Vivien)

Posted by arbrealettres sur 16 août 2017



Ton rire est clair, ta caresse est profonde,
Tes froids baisers aiment le mal qu’ils font;
Tes yeux sont bleus comme un lotus sur l’onde,
Et les lys d’eau sont moins purs que ton front.

Ta forme fuit, ta démarche est fluide,
Et tes cheveux sont de légers roseaux;
Ta voix ruisselle ainsi qu’un flot perfide;
Tes souples bras sont pareils aux roseaux,

Aux longs roseaux des fleuves, dont l’étreinte
Enlace, étouffe, étrangle savamment,
Au fond des flots, une agonie éteint
Dans un nocturne évanouissement.

(Renée Vivien)

Illustration

3 Réponses to “Ondine (Renée Vivien)”

  1. Enfant d’ondine et de griffon
    ——-

    Je suis l’ondin-griffon, monstre des temps anciens,
    Ma mère avait les traits d’une charmante fille ;
    On en trouve un reflet dans mon regard qui brille,
    Mon corps, tu peux le voir, est plus lourd que le sien.

    Mon père voltigeait dans le ciel alsacien,
    Sans vouloir à tout prix fonder une famille ;
    Mais comment résister à l’ondine gentille ?
    Impossible, m’ont dit les meilleurs logiciens.

    Aujourd’hui, donc, je plane et puis je nage aussi,
    Dans l’onde ou dans les airs n’éprouvant nul souci ;
    Je vois s’évaporer les défuntes années.

    L’ondine qui jadis sur son coeur m’a serré,
    Son souvenir jamais ne doit être enterré ;
    De sa frêle douceur la fleur n’est pas fanée.

    • Obscur sanctuaire
      ——-

      Tu vois ici l’autel de l’Ondine immortelle
      Dont le corps à présent nous restera caché ;
      Ses prêtres ont déjà péri sur le bûcher,
      Vers ce temple sacré leur âme revient-elle ?

      Or, l’ondine poursuit sa vie surnaturelle,
      Ses amis, cependant, ne peuvent l’approcher ;
      Ils ont cru voir son corps assis sur un rocher,
      Le plus subtil d’entre eux en fit une aquarelle.

      Sa langoureuse voix, vibration d’un cristal,
      Ne nous a plus parlé depuis ce jour fatal ;
      Son plus jeune amoureux fort vainement l’appelle.

      Absente dans la nuit, absente dans le jour,
      Nous ne l’entendrons plus dire des mots d’amour ;
      Alors nous l’évoquons dans la sombre chapelle.

  2. Manoir de sinople
    ——–

    Nous avons notre gîte au fond de la rivière,
    Si vaste qu’il pourrait loger un bataillon ;
    Nous bavardons avec nos carpes familières,
    Avec le bon brochet parfois nous ripaillons.

    La rivière est de l’eau, ce n’est pas de la bière,
    C’est ardu à changer, mais nous y travaillons ;
    On ne peut l’obtenir par la voie coutumière,
    Le problème est confus, nous le débroussaillons.

    Les ondins du cours d’eau valent mieux que des hommes,
    Jamais aucun d’entre eux n’aurait mangé la pomme :
    Ils craignent le serpent, car c’est un monstre froid.

    Ils aiment ce milieu plus que les eaux marines,
    Car le sel endommage et meurtrit leurs narines ;
    Puis, les ondines sont toujours en cet endroit.

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