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Poésie

DANS LES RUINES D’UNE ABBAYE (Victor Hugo)

Posted by arbrealettres sur 12 avril 2017



 

Oleg Zhivetin (14)

DANS LES RUINES D’UNE ABBAYE

Seuls tous deux, ravis, chantants !
Comme on s’aime !
Comme on cueille le printemps
Que Dieu sème !

Quels rires étincelants
Dans ces ombres
Pleines jadis de fronts blancs,
De coeurs sombres !

On est tout frais mariés.
On s’envoie
Les charmants cris variés
De la joie.

Purs ébats mêlés au vent
Qui frissonne !
Gaietés que le noir couvent
Assaisonne !

On effeuille des jasmins
Sur la pierre
Où l’abbesse joint ses mains
En prière.

Les tombeaux, de croix marqués,
Font partie
De ces jeux, un peu piqués
Par l’ortie.

On se cherche, on se poursuit,
On sent croître
Ton aube, amour, dans la nuit
Du vieux cloître.

On s’en va se becquetant,
On s’adore,
On s’embrasse à chaque instant,
Puis encore,

Sous les piliers, les arceaux,
Et les marbres.
C’est l’histoire des oiseaux
Dans les arbres.

(Victor Hugo)

Illustration: Oleg Zhivetin

 

2 Réponses to “DANS LES RUINES D’UNE ABBAYE (Victor Hugo)”

  1. A reblogué ceci sur Maître Renard.

  2. Porte d’une ville morte
    ——–

    Admirable fut la cité,
    Mais je n’y trouve plus personne ;
    D’observer cela, je m’étonne,
    Ce sort ne fut pas mérité.

    C’étaient des gens sans vanité,
    Eux qui respectaient la Couronne ;
    Ce qui leurs ruines environne,
    C’est le désert, en vérité.

    Nous n’en ferons pas un roman,
    Car notre plume maladroite
    Ne suit que des pistes étroites.

    Il reste quelques monuments
    Dont une porte, belle et bonne,
    Toute en pierre de Carcassonne

Qu'est-ce que ça vous inspire ?