La Femme aux paons (Pierre Louys)
Posted by arbrealettres sur 12 février 2016
La Femme aux paons
Des paons légers suivent une femme
Sur le bleu d’un rêve.
Une blancheur, un épithalame
De plumes s’élève.
Les paons sont blancs, les plumes sont blanches.
Elle, est rouge, et nue.
Les paons câlins suivent vers ses hanches
L’odeur reconnue.
Effleurant l’herbe, allongeant leurs queues
Ils vont derrière elle
Qui disparaît sous les branches bleues,
Fugitive et frêle.
C’est un soupir, c’est une caresse
Leur démarche ailée.
Ils ont aimé cette chasseresse
Dans l’ombre étoilée.
Ils ont moulé leur col à son ventre,
A son dos leurs plumes,
Et doucement se glissent vers l’antre
Comme un vol de brumes,
Vers l’antre bleu des fleurs nuptiales,
Des fleurs fraternelles
Où s’abandonnent les cheveux pâles
Mêlés dans les ailes.
(Pierre Louys)
Cochonfucius said
Paon d’inframonde
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Plumes d’argent, motifs ornementaux,
Chef élégant qu’une aigrette décore ;
Lui, ce démon qui les défunts dévore,
Semble avoir l’air d’un bon vivant, plutôt.
Ces malheureux, peu leur chaut qu’il soit beau
Ou que l’épée d’un archange il arbore ;
En ces bas-fonds ils voudraient vivre encore,
Et se nourrir, et boire un verre d’eau.
Le paon s’en moque, et de sa voix puissante
Il se répand en phrases offensantes ;
Il jure autant que fait un vieux marin.
Même sur terre, il était assez vache,
Menant son peuple à grands coups de cravache ;
Il est ainsi, ce cruel souverain.