La mort de l’aigle (José Maria de Hérédia)
Posted by arbrealettres sur 16 octobre 2015
La mort de l’aigle
Quand l’aigle a dépassé les neiges éternelles,
A ses larges poumons il veut chercher plus d’air
Et le soleil plus proche en un azur plus clair
Pour échauffer l’éclat de ses mornes prunelles.
Il s’enlève. Il aspire un torrent d’étincelles.
Toujours plus haut, enflant son vol tranquille et fier,
Il plane sur l’orage et monte vers l’éclair
Mais la foudre d’un coup a rompu ses deux ailes.
Avec un cri sinistre, il tournoie, emporté
Par la trombe, et, crispé, buvant d’un trait sublime
La flamme éparse, il plonge au fulgurant abîme.
Heureux qui pour la Gloire ou pour la Liberté,
Dans l’orgueil de la force et l’ivresse du rêve,
Meurt ainsi d’une mort éblouissante et brève !
(José Maria de Hérédia)
Maître Renard said
A reblogué ceci sur Maître Renard.
Cochonfucius said
(1) Ambilion qui vole
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Il est à la dérive, en errance éternelle,
Traçant à l’infini sa route dans les airs ;
Son corps est fatigué, son esprit n’est pas clair,
Il doit bientôt mourir de sa mort naturelle.
De ses amours d’antan lui reste une étincelle,
Du temps qu’il possédait une santé de fer ;
À l’époque, il était plus vif que les éclairs,
Il planait, nonchalant, sur ses immenses ailes.
Or, ce vieil animal n’est point déconcerté,
N’ayant aucun regret de son passé sublime ;
Son coeur reste serein sur les bords de l’abîme.
Lui qui a su mener sa vie en liberté,
Il l’a chargée de sens, il en a fait un rêve ;
Il a pu savourer cette existence brève.
(2) Aigle-charpentier
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Il connaît le cosmos et ses lois éternelles,
La terre, l’eau, la flamme et la douceur de l’air ;
Pour lui, les équations sont un langage clair,
La trigonométrie est chose naturelle.
Les neutrinos dansant comme des étincelles
Traversent vivement les atomes de fer ;
Les photons vont au loin, plus vifs que des éclairs,
L’aigle va s’élevant sur ses puissantes ailes.
Par un son d’inframonde il peut être alerté,
Il redescend alors, quittant le ciel sublime
Afin d’intervenir dans le sinistre abîme.
Certains jours, dans le vide, il vogue en liberté,
Comme un nuage errant, comme un oiseau de rêve ;
Nul ne s’offensera de ces absences brèves.