Saint-John Perse


Musée Saint-John Perse
Musée Saint-John Perse

Le poète Saint-John Perse, de son nom Marie-René Alexis Saint Leger Leger, est né en 1887 à la Guadeloupe.

La famille revient en France en 1899, après deux siècles passés outre-mer.

En 1914, Saint-John Perse est reçu au concours des Affaires étrangères et devient diplomate. Il parcourt le monde et  séjournera souvent dans différents pays asiatiques. En 1933, il est Ambassadeur et travaille à faire entrer la Russie dans la Société des nations.

De 1936 à 1939, ami personnel de Léon Blum, il représente la France en tant que Secrétaire général, malgré l’hostilité avouée d’Hitler à son égard.

En 1939, il est dénoncé comme belliciste par le parti de l’Armistice et , refusant un poste d’Ambassadeur à Washington, il se met en disponibilité. Il se rend à Londres et rencontre Churchill au sujet des forces de la France libre. Il s’embarque pour les Etats-Unis où il écrira Exil.

Il meurt en 1975.

Grand voyageur, son amour pour les forces de la nature forme la trame de son œuvre au souffle épique. Eloge, La Gloire des Rois, Anabase, Exil, Vents, Amers, Oiseaux, Chant pour un équinoxe…Des textes qu’on imagine volontiers accompagnés par la musique de Jean-Michel Jarre.

Il reste hostile à un héritage culturel gréco-latin et ce sont les racines celtes qui s’expriment sous sa plume. Ses longs poèmes en prose peuvent paraître difficiles d’accès voire hermétiques. Dans un premier temps, il suffit de se laisser porter par le rythme et les sonorités et de laisser se former quelques belles images.

Le poète chante les éléments: le pluie, le vent. Il nous parle aussi de la fragilité humaine face à ces grandes forces: fragilité physique, temporelle, mais aussi intellectuelle et morale.

Innombrables sont nos voies, et nos demeures incertaines. Tel s’abreuve au divin dont la lèvre est d’argile. Vous, laveuses des morts dans les eaux-mères du matin – et c’est la terre encore aux ronces de la guerre- lavez aussi la face des vivants; lavez, ô Pluies! La face triste des violents, la face douce des violents…car leurs voies sont étroites et leurs demeures incertaines.

On s’aperçoit que les «violents» qui avaient ce don «divin» de voies innombrables ont choisi des voies mesquines, étroites. Leurs aspects peuvent différer «douce, «triste : ils restent violents. Les ronces de la guerre, attachées à la terre, et qui vous accrochent répondent à l’argile des lèvres qui se tournent vers le ciel. «S’abreuvent» marque le mouvement descendant de la pluie qui nous vient du ciel, du Divin. Cette même pluie, féminine, qui lave les morts mais qui est aussi l’eau dans laquelle nous naissons.

La petitesse humaine, dans sa mesure étroite, doit être lavée :

Lavez le doute et la prudence au pas de l’action, lavez le doute et la décence au champ de la vision. Lavez, ô Pluies, la taie sur l’œil de l’homme de bien, sur l’œil de l’homme bien-pensant, lavez la taie sur l’homme de bon ton […]

Lavez, lavez la bienséance au front des grands Educateurs, et la souillure du langage sur les lèvres publiques.

Enfin le vent balaye toute cette inconsistance, les années elles-mêmes sont balayées (« an de paille »):

C’étaient de très grands vents sur toutes faces de ce monde,

De très grands vents en liesse par le monde, qui n’avaient d’aire ni de gîte

Qui n’avaient garde ni mesure, et nous laissaient, hommes de paille

En l’an de paille sur leur erre…Ah! Oui, de très grands vents sur toutes faces de vivants!

Si après cette lecture, vous n’avez pas l’impression d’avoir marché dans la tempête, avec cette euphorie qu’elle déclenche parfois, comme lorsque enfant on se saoulait de vent ou qu’on dansait sous la pluie…

Parfois, on peut aussi se contenter de la lecture d’un tout petit extrait, il y aurait déjà tellement à penser et à apprécier. Par exemple

« Et vous avez si peu de temps pour naître à cet instant »

ou encore

« Enchante-moi, promesse, jusqu’à l’oubli du songe d’être né »

Le poète est souvent un visionnaire, ses mots semblent parfois convenir aussi à une situation actuelle. Ces vents, ces déluges me font aussi penser à ce que le réchauffement climatique pourrait nous apporter et nous avons si peu de temps pour construire une nouvelle civilisation.

 

 

 

 

 

5 réflexions sur « Saint-John Perse »

  1. Je récuse catégoriquement la remarque sur les héritages « celtes » et « gréco-latin ».
    Lectrice très fervente et admiratrice de Saint-John Perse, je suis toujours sensible à la couleur de ses poèmes: regardez, ils sont jaune et violet.

    Dans un tout autre domaine: j’ai consulté les fiches cuisine, désirez vous recevoir mes propres recettes d’apéritifs maison?

    Cordialement
    Annie Hupé

    1. Merci pour votre apport : Il y a plusieurs niveaux de lecture chez Saint-John Perse et chacun s’attache peut-être à des aspects différents lors de la lecture.
      Pour les recettes d’apéritif, bien sûr, cela m’intéresse déjà à titre personnel. Avez-vous un blog ou souhaitez-vous que je publie une recette sur le mien, avec votre nom ou pseudo bien sûr ?
      cordialement

      1. Vin d’orange
        Pour 4 bouteilles :
        9 oranges amères et une douce
        1 bâton de cannelle
        400 g de sucre
        3 dl d’eau de vie, vin blanc.
        Faire macérer les oranges coupées en 4 dans le vin blanc avec les autres ingrédients. Après un mois filtrer, compléter avec du vin et mettre en bouteilles.

        Apéritif à la prunelle
        Pour 4 bouteilles :
        120 g de jeunes feuilles de prunellier
        600 g de sucre
        0,6 l d’eau de vie.
        Rincer les feuilles, faire macérer avec le sucre et l’alcool. Après un mois filtrer, compléter avec du vin rouge et mettre en bouteilles.

        Apéritif aux fleurs de sureau
        Pour 4 bouteilles :
        6 ombelles de fleurs de sureau
        600 g de sucre
        0,6 l d’eau de vie.
        Rincer les fleurs, les faire macérer avec le sucre et l’alcool. Après un mois filtrer, compléter avec du vin blanc et mettre en bouteilles.
        NB en 2011 : sucre 500 g, alcool 0,5 l.

        Je n’ai pas reçu avis de votre réponse, je retrouve ce blog tout à fait indirectement.
        Prunelle et sureau sont des préparations de printemps, orange en janvier.
        Vous pouvez les mettre sur votre blog, avec mon nom.

        Bonne réception et bonne dégustation
        Annie Hupé

Laisser un commentaire