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Claude Viallat. L’abstraction radicale   

Plus de 50 ans après avoir inventé sa propre pratique, Claude VIALLAT poursuit la répétition systématique de la même empreinte sur divers supports : bâches, rideaux, couvertures, parasols, toiles de jute, tissus collectés, soie, velours ou tissus à paillettes. Ces toiles sans châssis sont réalisées au sol, comme le faisait Pollock. Elles sont créées à partir d’un simple pochoir, une forme « d’osselet » ou de « haricot », une forme sinueuse et minimaliste, répétée de façon systématique jusqu’à recouvrir la totalité du support. Cette forme unique est sa signature, comme les bandes de 8,7cm sont devenues celle de Daniel BUREN, ou comme les Empreintes de pinceau n°50 répétées à intervalles réguliers de 30cm sont devenues celle de Niele TORONI dès les années 60′.

A partir de ce geste simple, Viallat joue avec l’intensité et la somptuosité de la couleur. Il appose ses empreintes peintes en couleurs sur des supports eux-mêmes colorés, voire parsemés de motifs. «… ce qui compte, c’est la manière dont les couleurs jouent avec les couleurs qui sont en dessous, comment d’une manière intuitive et non voulue, non prévue, j’arrive à organiser une surface en densité, en intensité. » (C.Viallat).

Le jeu est infini. L’artiste transforme chaque jour de nouvelles surfaces, créant près d’une œuvre par jour. Environ 300 œuvres par an, soit quelques 13.500 œuvres dûment photographiées et inventoriées… Cette oeuvre immense se confronte avec celle des plus grands artistes connus. Avec celle de Matisse surtout, qui n’a cessé de l’inspirer. Plusieurs expositions ont d’ailleurs mis en exergue la circulation des formes et des couleurs chez les deux artistes. Face à Matisse, la radicalité et l’humilité du système de création de Viallat le révèle en immense coloriste. Aujourd’hui, cette peinture sans châssis, qui flotte dans les espaces d’expositions, simplement épinglée au mur, est en train de conquérir de nouveaux collectionneurs…

Le parcours d’une œuvre

Les œuvres de Claude Viallat ont été exposées dans la plupart des lieux d’Europe, d’Amérique et d’Asie dédiés à la présentation de l’art moderne et contemporain, et figurent dans la plupart des grandes collections publiques et privées. Le curriculum vitae de l’artiste annonce prix, titres honorifiques (notamment celui de Chevalier de la légion d’honneur en 2011) et expositions à travers le monde. En 1982, le Georges-Pompidou de Paris lui consacre la plus grande exposition jamais organisée pour un artiste vivant (hormis pour Dali). Six ans plus tard, il représente la France à la Biennale de Venise. On le voit, Claude Viallat est considéré comme l’un des artistes majeurs de la scène française depuis les années 70 et 80.

Par ailleurs, ses empreintes ont été exposées à plusieurs reprises à New York, là où se joue véritablement le rayonnement international d’un artiste : exposition au Guggenheim en 1972, à la galerie Pierre Matisse en 1976, chez Leo Castelli en 1982, au MoMA en 1984 (An International Survey of Recent Painting and Sculpture)… un plébiscite par les plus grands, des années fastes avec lesquelles son œuvre renoue peu à peu aujourd’hui. L’oeuvre de Viallat revient en effet en force sur la scène new-yorkaise grâce au travail de la galerie française Ceysson et Bénétière, qui a ouvert un espace dans l’Upper East Side l’an dernier avec une première exposition entièrement consacrée à l’artiste (Oeuvres Majeures. 6 mai – 15 juillet 2017). Il y a beaucoup à faire sur le marché new-yorkais, car l’œuvres de Viallat n’est pas encore présentée dans les catalogues de ventes aux enchères orchestrées dans la Grosse Pomme. La réception en salles de ventes est bien plus dynamique à Londres, plus proche de la France, bien que l’artiste n’ait que très peu exposé dans des galeries londoniennes (exposition collective à la Serpentine Gallery en 1979).

Des signaux positifs

C’est à Londres qu’au cours de l’automne 2017, les deux mastodontes de la vente publique, Christie’s et Sotheby’s, ont très bien vendu l’artiste, avec des résultats doublant allègrement les estimations optimistes. Le meilleur coup de marteau londonien s’est établi à 34 000$ (frais inclus, Untitled) pour une œuvre de près de trois mètres de hauteur, pour laquelle Christie’s attendait entre 9 000 et 14 000$. Ce nouveau record londonien, n’est pourtant pas étonnant… Il ne fait que renouer avec des niveaux de prix déjà atteint au début des années 90′.

Ce regain de dynamisme se s’arrête pas à Londres. Le constat est identique en France. A la fin des années 80 et en 1990 (fin de la spirale inflationniste puis effondrement du marché de l’art en 1991), plusieurs œuvres majeures de Viallat se sont échangées pour plus de 30 000$ en vente publique, soit un niveau de prix d’excellence pour un artiste français. Le marché s’est ensuite fortement contracté. Il a fallu attendre 2007, année d’une exposition au Musée Fabre à Montpellier (La couleur toujours recommencée – Hommage à Jean Fournier), pour que le second marché se réanime et que Viallat renoue avec sa cote de la fin des années 80′. La deuxième meilleure adjudication de l’artiste affiche 73 500$ (Colorant sur toile blanche 005, 1974) pour une œuvre mesurant 220 cm x 208 cm, vendue à Paris, chez Piasa en octobre 2015, soit deux ans avant que Viallat ne commence à être soutenu à New York par le biais de la galerie Ceysson et Bénètière. 2017 et la reprise de l’aventure new-yorkaise marque un nouvel élan pour la reconnaissance et la cote de cet artiste. Si cet élan ne s’est pas encore traduit par un nouveau record absolu aux enchères, il a infusé et dynamisé le marché de l’artiste qui réalisait, en 2017, une année historique en terme de produit de ventes annuel (près de 269 000$ pour 51 œuvres vendues). Tous les signaux sont aujourd’hui positifs pour la valorisation de l’oeuvre de Claude Viallat, dont l’indice de prix affiche déjà une hausse de + 113% depuis l’année 2000.

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