Les anciens étudiants qui ont quitté l’université Toulouse Jean-Jaurès (ex Toulouse II Le Mirail) il y a dix ans auraient bien du mal à reconnaître leur campus tel qu’il est aujourd’hui.
En l’espace d’une décennie, dans la foulée de la catastrophe d’AZF en 2001 et dans le cadre du chantier de reconstruction le plus ambitieux pour une université française, ce campus a bénéficié d’un ravalement de façades sans égal que nous vous présentons aujourd’hui. Une reconstruction quasi intégrale qui va se terminer en 2016 si le calendrier est respecté.
1) Depuis 2002, une révolution urbaine dans le campus
L’université Toulouse Jean-Jaurès, située en bordure du périphérique, au Sud-Ouest de Toulouse est en fait une ville dans la ville. Pensé dans les années 60 pour intégrer la ville nouvelle du Mirail, le campus est resté tel quel pendant une trentaine d’année. Difficile pourtant d’imaginer en mars 2015, ce qu’a pu découvrir un étudiant de première année lors de la rentrée 2002, quelques mois après une catastrophe d’AZF qui avait touché de plein fouet l’université.
À l’époque, cet étudiant bûche ses cours dans une bibliothèque digne de l’Union Soviétique où les seaux récupèrent l’eau qui goutte via de les multiples fuites. Les bâtiments sont sombres, les amphithéâtres peu engageants et le restaurant universitaire n’est absolument pas adapté pour accueillir les 22 000 étudiants qui viennent peupler les bancs d’une fac prévue pour 10000. Les structures datent des années 70. Elles ont mal vieilli et ne correspondent plus aux canons de ce que doit être un lieu pour bien étudier.
En l’espace de 13 ans, pour la coquette somme de plus de 350 millions d’euros, tout a été chamboulé. La nouvelle bibliothèque universitaire a été livrée en 2003 suivie de l’UFR de Langues, Littératures et Civilisations inauguré en 2009 (1ere tranche) et 2012 (seconde tranche) à l’emplacement du parking, de la Fabrique culturelle (2009) et du nouveau restaurant universitaire (2013).
2) En cette année 2015, les travaux passent à la vitesse supérieure
En ce mois de mars 2015, à l’université Jean-Jaurès, les grues fonctionnent toujours à plein régime. Jean-Michel Minovez, le président de l’université rappelle que 46% des bâtiments auront été reconstruits entre 2013 et 2016.
Actuellement, plus de 50% a déjà été reconstruit et nous entrons dans la dernière phase du chantier qui doit se terminer en 2016.
Les étudiants en Histoire, Arts et Archéologie viennent tout juste d’intégrer un bâtiment flambant neuf, l’ancien UFR datant des années 90 étant destiné à accueillir la présidence de l’université. L’extension de la Maison de la Recherche va se terminer. La première pierre du bâtiment de philosophie a été posée en février. Environ la moitié du campus est inaccessible et beaucoup de cours se déroulent dans des locaux provisoires. D’ici 2016 doivent encore être livrés le bâtiments de l’UFR de Musique, de l’UFR de Psychologie et êtres aménagés les espaces extérieurs.
3) La reconstruction du campus oublie-t-elle l’esprit de l’architecte Candilis?
L’architecte Candilis, auteur du premier campus du Mirail rêvait d’une université fondée sur la rencontre créative entre les étudiants, la communication avec leurs enseignants, l’absence de frontière entre les enseignements, l’ouverture à la ville et avait organisé en ce sens les bâtiments. Soit des locaux peu hauts et beaucoup de coursives constituant autant de liens entre les lieux d’enseignement. Un schéma de Candilis qui serait remise en cause selon certains, ce qui a provoqué le lancement d’une pétition au sein de la communauté universitaire.
Nous ne contestons pas la nécessaire reconstruction de l’université mais détruire totalement le campus originel nous semble une erreur grave qu’il est encore temps d’éviter. Alors que l’Université Libre de Berlin a rénové à grand frais « son » Candilis; nous refusons de passer pour les fossoyeurs d’un grand projet d’architecture universitaire, unique en France et qui fait partie de notre patrimoine (…) Il est toujours dangereux d’avancer vers l’avenir en niant le passé. Ne refaisons pas les erreurs des urbanistes d’hier, exprime le texte signé par 1103 personnes en ce 24 mars.
La direction de Toulouse Jean-Jaurès réfute toute atteinte à l’esprit de Candilis arguant du fait que les coursives sont conservées dans le projet.
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