Actu Rugby a retrouvé... Imanol Harinordoquy : "En 2011, mon père nous a fait gagner le derby basque"

Monument du rugby français, l'ancien flanker Imanol Harinordoquy, quintuple vainqueur du Tournoi et double champion de France, est aujourd'hui un entrepreneur accompli. Rencontre.

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La légende Imanol Harinordoquy est devenue un chef d’entreprise aux multiples casquettes, toujours dans son pays Basque natal chevillé au corps. (©Icon Sport)
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« Le Basque bondissant », Imanol Harinordoquy (82 sélections) possède un CV et un palmarès long comme le bras : 5 fois vainqueur du Tournoi des 6 Nations, dont 3 Grand Chelem (2002, 2004 et 2010), 2 Boucliers de Brennus remportés avec Biarritz (2005 et 2006) ainsi qu’une finale de Coupe du monde (2011) et deux finales de Coupe d’Europe (2006 et 2010) perdues avec le XV de France et le BO

Retiré des terrains depuis 2016, et un dernier passage de deux saisons au Stade Toulousain, le natif de Bayonne, formé à l’US Garazi (devenue en 2013 l’US Nafarroa), est aujourd’hui un entrepreneur accompli qui connaît tout autant de succès dans ses affaires commerciales que sur un terrain de rugby. Rencontre avec une légende.

Depuis 18 ans, il organise les stages de rugby Imanol Harinordoquy

Dès 2003, en parallèle de sa carrière de joueur, l’ancien troisième ligne international a crée les stages éponymes Imanol Harinordoquy, destinés aux jeunes de 8 à 14 ans, de niveau débutant à confirmé. Une sorte d‘académie de rugby qui ouvre ses portes chaque été à Biarritz. « Ces stages regroupent regroupe environ 100 gamins tous les étés », explique l’intéressé. « L’objectif est de faire du rugby bien sûr, mais pas que. Les jeunes font aussi plein d’autres activités comme du surf, de la pelote et de la force basque adaptée pour les enfants ou encore du beach rugby sur la plage de Biarritz ». 

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Á travers sa propre société, Imanol Harinordoquy gère tout de A à Z. « Pendant une semaine, je suis présent tous les jours pour animer les ateliers et les entraînements à Aguilera. Je m’occupe des jeunes qui sont en demi-pension ou en pension complète. Ils sont logés dans le magnifique Domaine du Pignada à Anglet« , précise-t-il ainsi. La prochaine session est organisée du 11 au 17 juillet prochains et les inscriptions se font en ligne sur le site www.stageimanol.com.

Ses « Contrebandiers » font un carton à Biarritz, mais pas que…

En 2007, lorsqu’il était une pierre angulaire du Biarritz Olympique, Harinordoquy avait également lancé sa propre marque de vêtements « H ». Il développa cette affaire jusqu’en 2014 avant de vendre ses boutiques à un groupe parisien spécialisé dans la maroquinerie : « J’ai arrêté cette activité, car j’ai signé au Stade Toulousain, au moment où je comptais arrêter ma carrière. Sauf que la même année, j’ai lancé deux autres affaires, ma maison de négoce de vins baptisée Les Passeurs de Vins et mon premier établissement de cave à vins-cave à manger Les Contrebandiers à Biarritz (place des Halles), donc ça faisait beaucoup. »

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L’année suivante, il développe son concept des Contrebandiers en franchise et ouvre un autre point de vente à Pau en 2015, puis un troisième à Saint-Étienne, la même année. Devenue une véritable institution à Biarritz, hors période de crise sanitaire bien entendu, Les Contrebandiers prônent un esprit de convivialité et d’authenticité, à la bonne franquette. « Avec une belle sélection de vins et des pintxos (tapas) de grande qualité cuisinés par le chef étoilé Vivien Durand, sacré champion du monde de pintxos à San Sebastián (Saint-Sébastien) en 2009 et installé à Lormont (Le Prince Noir), le tout dans une ambiance de Contrebandiers », résume Imanol Harinordoquy.

En plus de toutes ces activités, le légendaire flanker tricolore ne s’arrête pas là puisqu’il gère aussi sa propre société immobilière baptisée Haria et axée sur la promotion et la vente de biens. « Un business sur lequel je me suis vraiment focalisé depuis le début de la crise sanitaire liée au Covid-19 et la fermeture administrative de mes bars à vins », note-t-il.

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Imanol Harinordoquy dans son bar à vin à succès, les Contrebandiers.
Imanol Harinordoquy dans son bar à vin à succès, les Contrebandiers. (©D.R.)

Il fait aussi du consulting autour des matchs des Bleus 

En 2016, juste après avoir raccroché ses crampons, Imanol Harinordoquy avait fait un passage de deux ans chez Canal+ comme consultant sur les matchs de Top 14 : « C’était surtout pour amortir la chute brutale de l’arrêt de carrière et garder un pied dans le monde du rugby », avoue-t-il avec du recul :

C'est une expérience qui m'a beaucoup plu, mais comme je gère beaucoup d'activités en parallèle, je n'ai pas pu poursuivre dans ce milieu. Je continue cependant à faire du consulting autour des matchs du XV de France, que ce soit pour la Société Générale ou l'agence de voyages Groupe Couleur dont je suis l'ambassadeur jusqu'en 2023 et la Coupe du monde en France, et j'effectue aussi quelques interventions et conférences en entreprise.

Imanol HarinordoquyAncien troisième ligne international du XV de France

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Imanol fait aussi partie du collectif des Champions de la Paix de Peace and Sport qui rassemble des athlètes de haut niveau engagés en faveur du mouvement de la paix par le sport. En 2017, il était ainsi présent à Dijon dans le cadre du Challenge Michelet pour rencontrer les responsables de la Protection judiciaire de la jeunesse et favoriser la réinsertion par le sport. En 2019, l’ancien troisième ligne international a aussi été aperçu à la télévision, puisqu’il a participé la saison 4 de Ninja Warrior, le jeu diffusé sur TF1. « Je l’ai fait pour mon fils qui adore cette émission », se dédouane-t-il quelque peu. « Je l’ai amené avec moi et il a adoré, c’était une belle expérience à partager ensemble. Sauf que je ne m’étais pas vraiment préparé donc j’ai été un peu déçu de ma prestation. Il ne faut pas avoir un physique de rugbyman pour ce type d’épreuve. »

« Au Stade Toulousain, je ne me voyais pas entraîner des joueurs avec qui j’ai joué »

Même s’il explique avoir toujours été attiré par « la préparation des matchs et leur analyse » lorsqu’il était joueur, Imanol Harinordoquy n’a cependant jamais émis le désir de passer de l’autre côté de la barrière et de devenir entraîneur. « J’ai eu des opportunités… Á la fin de ma carrière, on m’a demandé si cela m’intéressait d’intégrer le staff du Stade Toulousain, mais cela ne me disait rien pas car j’avais déjà toutes mes activités commerciales, et le métier d’entraîneur exige de s’y consacrer pleinement. En plus, je ne me voyais pas entraîner des joueurs avec qui j’ai joué« , avoue-t-il, avant de poursuivre :

Ce qui m'aurait plu, c'était d'intervenir spécifiquement sur le secteur de la touche, mais je me suis vite rendu compte que ça allait être chronophage. En étant perfectionniste, je ne pensais pas qu'un jour par semaine de consulting aurait suffi, donc je me serais mis à aller aux matchs et je sais que ça aurait fini en temps plein. Un temps, j'allais donner des conseils à la touche du Biarritz Olympique et aujourd'hui, je me rends toujours disponible lorsque mon club formateur de Garazi (Nafarroa) me demande un coup de main ponctuel.

Imanol HarinordoquyAncien troisième ligne du XV de France

« Pour mes débuts, j’avais des papas comme Cléda ou Lagouarde pour me protéger »

Assez étonnamment, alors que le rugby est un des sports numéro un dans son Pays basque natal, Imanol Harinordoquy, a débuté l’ovalie sur le tard, à seulement 14 ans. « Je suis passé par tous les sports qu’il y avait à Garaci. J’ai fait du judo, de la natation, du tennis, du football, de la pelote basque, avant d’arriver finalement au rugby. »

Quatre ans après ses débuts, en 1998, il devient champion de France Balandrade avec ses copains d’enfance de Saint-Jean-Pied-de-Port, avant de rejoindre Pau pour y effectuer ses études et suivre un BTS de gestion agricole. « Au départ, je jouais encore à l’US Garazi, mais je m’entraînais toute la semaine avec la Section Paloise qui voulait déjà me recruter. Ça a été le piège, car j’ai commencé à connaître tout le monde à Pau. L’année suivante, le club a recruté quasiment toute l’équipe de France Juniors avec laquelle je jouais, puisque j’étais déjà sélectionné quand j’étais à Garazi. Avec les Mela, Larrouy, Sierra, Gady, Serna, Lannes ou les frères Tastet, il y avait vraiment une belle génération. Dès la première année, on a terminé invaincu (33/33) et on a été champions de France Reichels. »

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Au cours de cette saison 1998-1999, Harinordoquy effectue également ses débuts professionnels avec la Section Paloise grâce à un certain Jacques Brunel qui le convoque en équipe première pour un déplacement à La Rochelle. « C’était un match assez électrique, car il y avait déjà eu un précédant au match aller », se souvient l’intéressé. « Sur la première mêlée du match, une bagarre générale éclate. J’avais 19 ans, j’étais sur le banc et je me disais que ça allait être compliqué s’il fallait que je rentre sur le terrain. Heureusement, pour mes débuts, j’ai senti qu’il y avait des papas comme Thierry ClédaAlain Lagouarde et Joël Rey qui étaient là pour me protéger. »

« J’ai voulu signer qu’un an à Pau dans l’optique d’arrêter si ça ne me plaisait pas »

Á la base, Harinordoquy était parti dans l’optique de rester qu’une saison à la Section Paloise, avant de retourner jouer avec ses amis de Garazi, « avant que l’ancien président de Pau, André Lestorte, me propose mon premier contrat professionnel à 20 ans », se souvient-il.

J'étais très attaché à mon club et j'ai toujours dit que je ne partirais jamais de Garazi, puisque je venais de faire la Coupe du monde Junior en étant dans ce club. Cela a été un grand chamboulement de partir de Garazi donc j'ai décidé de ne signer qu'un an à Pau dans l'optique d'arrêter la saison suivante, si le rugby ne me plaisait pas. Je voulais garder ma liberté et je ne savais pas si ça me conviendrait de m'entraîner tous les jours, de faire de la musculation et du physique. Finalement, dès le début ça m'a séduit, car il y avait un bon groupe d'anciens qui m'a accueilli à bras ouvert, alors que j'étais un peu sauvage. Et j'ai surtout eu la chance d'être rapidement le numéro 8 titulaire de la Section à tout juste 20 ans, ce qui n'est pas rien.

Imanol HarinordoquyAncien troisième ligne du XV de France

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Tout va ensuite très vite pour Imanol Harinordoquy qui est sélectionné avec France A dès sa première saison professionnelle puis remporte le Grand Chelem avec le XV de France, en 2002. Deux ans plus tard, il décide finalement de quitte la Section Paloise pour rejoindre le Biarritz Olympique et franchir un cap aux côtés de son ami et colocataire béarnais de l’époque, le centre international Damien Traille :

Á Pau, il y avait pas mal de chamboulements à l'intersaison et nos entraîneurs quittaient aussi le club. Par contre, au niveau des infrastructures, ça ne progressait pas trop puisque nous continuions à nous entraîner au Palais des Sports. En 2002, juste avant de prolonger à Pau pour deux ans avec Damien, nous avions rencontré l'ancien maire André Labarrère pour connaître la volonté de la municipalité au sujet du développement du club. Il nous avait dit qu'il allait subventionner la Section pour que le club se dote d'infrastructures solides. Sauf que deux ans plus tard, rien n'avait bougé, donc, avec Damien Traille, on a aussi eu envie de partir dans une équipe qui visait les premiers rôles et avait le potentiel de remporter un titre de champion de France."

Imanol HarinordoquyAncien troisième ligne du XV de France
Imanol Harinordoquy a remporté 2 Boucliers de Brennus avec Biarritz, en 2005 et en 2006.
Imanol Harinordoquy a remporté 2 Boucliers de Brennus avec Biarritz, en 2005 et en 2006. (©Icon Sport)

« Ma première année au BO a été compliquée »

Imanol Harinordoquy décide donc se rapprocher de son Pays basque natal en signant à Biarritz, même s’il a conscience qu’il sera très attendu au tournant sur ses terres. « Nul n’est prophète dans son pays, comme on dit, donc la première année a été compliquée », avoue l’ancien troisième ligne et spécialiste de la touche. « J’ai eu du mal à trouver mes marques, car il y avait beaucoup d’attentes autour de moi. J’ai mis du temps à trouver ma place dans ce groupe composé de beaucoup d’anciens et avec une identité très forte. »

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Finalement, sa première saison se termine en apothéose par un titre de champion de France 2005 remporté après prolongation (34-37), face au Stade Français. « C’est un match que j’ai revu récemment. Sur le moment, j’avais l’impression que l’on avait gagné facilement, mais en fait pas du tout, on n’aurait pu perdre 100% cette finale. Mais ce premier Bouclier de Brennus remporté au bout de la nuit parisienne reste un souvenir vraiment magique ! ».

Rebelote l’année suivante, puisque Harinordoquy et le BO réalisent le doublé en s’imposant largement contre le Stade Toulousain (40-13) en finale du Top 16, quelques jours après avoir perdu en finale de Coupe d’Europe face au Munster. « Je pense toujours que nous étions plus forts que les Irlandais, mais on perd ce match sur un fait de jeu, lorsque Peter Stringer démarre au bord d’une mêlée et va marquer sans défenseur en face », se souvient Imanol. Quatre ans plus tard, il échoue encore en finale de H Cup, face au Stade Toulousain. « Cette fois-là, il n’y avait rien à dire, car on s’était fait broyer en mêlée et nous n’avions pas grand espoir de l’emporter. »

« C’était sur qu’à un moment donné, le Biarritz Olympique finirait par descendre… »

L’autre immense déception de la carrière d’Imanol Harinordoquy reste bien sûr la relégation en Pro D2 de son club de cœur, le Biarritz Olympique, en 2014 : « C’est sûr que cela ne reste pas un bon souvenir, mais cette descente nous pendait au nez déjà depuis quelques années. Dès 2010, on flirtait avec la zone rouge », se remémore-t-il, avant de poursuivre : 

Chaque année, on arrivait à se sauver de justesse, même si en 2012 on gagne le Challenge Européen. On se qualifie pour la grande Coupe d'Europe l'année d'après, mais nous n'avions plus du tout l'effectif pour jouer les premières places, c'était compliqué. On a réussi à maintenir à flot le bateau pendant 4 ou 5 ans, car il y avait un groupe de copains qui se battait tous les week-ends. Sauf que lors de la saison 2013-2014, on a commencé à perdre les matchs que nous arrivions d'habitude à gagner d'un ou deux points et c'est devenu vite difficile. C'était sûr qu'à un moment donné, le navire finirait par couler.

Imanol HarinordoquyAncien troisième ligne international

De ses 10 ans à Biarritz, Harinordoquy retient aussi et surtout des moments légendaires, notamment lors des fameux derbies basques entre le BO et l‘Aviron Bayonnais. « Quand le calendrier sortait, c’étaient toujours les dates que l’on cochait. Autour de ce derby, il y avait toujours cette popularité et cette ambiance, c’est toujours resté un match à part notamment pour les joueurs locaux comme moi, et surtout pour les supporters bien entendu. »

« Mon père a reçu plein de messages amicaux, même de la part de Bayonnais »

Parmi les nombreuses anecdotes de derbies, l’envahissement du terrain d’Aguilera par son père, Lucien Harinodorquy, en 2011, pour venir à sa rescousse, restera comme un moment gravé à jamais dans la légende du derby basque et aussi dans la mémoire d’Imanol. « Finalement, c’est lui nous a fait gagner ce match », se souvient avec humour l’ancien troisième ligne biarrot.

Et pour cause : « Je m’accroche avec deux joueurs bayonnais, dont Jean-Jo Marmouyet, et mon ami Aretz Iguiniz marque un essai au bout de l’action. Celui-ci est finalement refusé après arbitrage vidéo, à cause de l’échauffourée, ce qui nous a permis de l’emporter de justesse. D’ailleurs, vu que je suis un bon copain, je m’excuse auprès d’Aretz, car il ne marquait quand même pas souvent des essais. L’intervention de mon père a permis de faire appel à l’arbitrage vidéo et de refuser cet essai, mais cela lui a valu une suspension de stade pendant plus d’un an. »

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Une victoire qui restera dans les annales : « Cela reste un des grands moments de ces derbies. Sur le moment, je n’étais pas content de mon père, mais ensuite, je me suis surtout dit que c’était plus dangereux pour lui que pour quelqu’un d’autre de rentrer au milieu de tous ces molosses. Heureusement, il y a eu plus de peur que de mal, il s’est excusé et ça a pris une jolie tournure finalement puisqu’il a reçu plein de messages amicaux, même de la part de supporters bayonnais. Cela fait partie du folklore du derby. » Á la suite de cet épisode mythique, le public de Jean-Dauger n’a bien sûr pas manqué de chambrer Imanol avec des chants en l’honneur de son père « Lulu », à chacun des derbies.

« En 2014, Novès a tout fait pour que je rejoue au rugby »

Á la suite de la relégation du BO en Pro D2, Imanol rejoint le Stade Toulousain où il forme une troisième ligne XXL avec que les internationaux français Thierry Dusautoir, Yannick, Yannick Nyanga et Louis Picamoles :

Je comptais arrêter ma carrière en 2014, car j'étais blessé à un genou depuis deux ans. J'ai signé à Toulouse en ne sachant pas si j'allais pouvoir disputer un match quand même. C'est juste Monsieur Guy Novès qui m'a demandé si j'avais encore envie de jouer et a tout fait pour que je rejoue. Cela a été une belle marque de confiance que j'ai essayé de rendre au club. Ca été une renaissance, c'était assez magique !

Imanol HarinordoquyAncien troisième ligne du XV de France

Dès sa première année sur les bords de la Garonne, Imanol est élu meilleur joueur de la saison par son club avec 20 matchs de Top 14 disputés, dont 17 en tant que titulaire. Il décide donc de prolonger pour une saison supplémentaire au Stade Toulousain, avant de raccrocher les crampons l’année suivante, après un barrage de Top 14 perdu au Racing 92 (21-16).

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Imanol Harinordoquy est passé tout près de soulever la Coupe Webb-Ellis en 2011...
Imanol Harinordoquy est passé tout près de soulever la Coupe Webb-Ellis en 2011… (©Icon Sport)

« En 10 ans de carrière internationale, j’ai gagné un 6 Nations sur 2, c’est pas mal »

Durant ses 17 saisons au plus haut niveau, Harinordoquy a aussi connu une grande et belle aventure avec le XV de France marquée par 82 sélections et 13 essais, de 2002 à 2012, ainsi que par cinq victoires dans le Tournoi des 6 Nations, dont 3 Grand Chelem. « Sur 10 ans de carrière internationale, ça faisait un Tournoi sur deux de gagner, donc c’est pas mal », s’amuse-t-il.

Mais le « Basque bondissant » a aussi connu des échecs avec les Bleus, dont deux demi-finales de Mondial gâchées et une finale de Coupe du monde perdue d’un tout petit point face aux All Blacks, en 2011, en Nouvelle-Zélande : « Cela restera toujours un regret d’être passé si près du but, surtout que je savais plus ou moins que c’était mon dernier Mondial », se souvient Imanol qui se rappelle d’une aventure unique, qui avait pourtant vraiment mal débutée :

Nous étions très mal partis avec deux défaites en phase de poules face aux All Blacks et aux Tonga. On se qualifie par miracle en quart de finale, où on fait un grand match contre les Anglais, puis en demi, on bat les Gallois d'un point. On croyait vraiment que l'on avait une bonne étoile au-dessus de nous. On croyait en notre destin, même si, sur l'ensemble de la compétition, on ne méritait pas d'aller en finale.

Imanol HarinordoquyAncien troisième ligne du XV de France

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Contrairement à beaucoup de Français, Imanol n’a pas vécu l’arbitrage du Sud-Africain Craig Joubert comme une terrible injustice, car il s’attendait à un tel traitement en défaveur des Français puisque les All Blacks évoluaient à domicile :

Nous savions que l'arbitrage allait être ainsi. Le contexte était pesant pour l'arbitre. Il regarde plus nos fautes que celles des Néo-Zélandais, mais on s'était préparés à ça durant la semaine. On savait que l'arbitre n'allait pas nous faire de cadeaux et qu'il fallait qu'on soit plus forts que les All Blacks pour les battre. On méritait sûrement de gagner et l'arbitre n'a pas sifflé certaines pénalités qui auraient dû l'être, mais les aurions-nous réussies ? On ne pourra jamais savoir, surtout que l'on a eu la pénalité de la gagne et qu'on ne l'a pas inscrite. Quand on se retrouve tous ensemble avec cette génération, nous n'avons aucun regret, car nous avions vraiment tout donné ce jour-là.

Imanol HarinordoquyAncien troisième ligne du XV de France

« C’était un honneur et une fierté d’affronter les Lions Britanniques et Irlandais… »

En plus de toutes ses émotions vécues en Bleu, Imanol Harindordoquy a aussi eu la chance d’être sélectionné avec les mythiques Barbarians Français : « C’était vraiment une fabuleuse expérience », explique l’intéressé. « En plus, c’était l’une des dernières tournées un peu pharaoniques des Baa-Baas où nous étions très gâtés par un grand Monsieur du rugby français qui s’appelait Serge Kampf. Nous étions partis une semaine en Afrique du Sud. Nous avons joué le match au bout de deux jours et derrière nous avions cinq jours de vacances payées au soleil où nous nous sommes éclatés comme des fous ! ».

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Enfin, chose extrêmement rare pour un international Français, l’ancien troisième ligne a aussi eu le privilège de connaître deux sélections avec les Barbarians Britanniques, qui regroupent principalement des joueurs anglo-saxons ayant eu une carrière remarquable en club et en sélection, même si par tradition, les Barbarians comptent aussi souvent dans leur rang des jeunes joueurs sans sélection internationale :

Cela reste un souvenir assez incroyable car j'ai eu la chance de jouer contre les Lions Britanniques et Irlandais en 2013 en Angleterre et à Hong Kong. C'était un honneur et une fierté, car les joueurs français à avoir affronté les Lions ne sont pas nombreux. Il y avait le Yach' (Dimitri Yachvili) avec moi et on doit être parmi les seuls à s'être frottés à eux. C'était l'occasion de nous retrouver avec des joueurs gallois et écossais que l'on a appris à connaître. J'ai gardé des liens et des amitiés à jamais avec des mecs comme Jim Hamilton, Martin Castrogiovanni, Sergio Parisse, les frères Adams ou encore Eliott Daly qui était alors un tout jeune joueur des Wasps pétri de talent et que je continue à suivre...

Imanol HarinordoquyAncien troisième ligne international (82 sélections)

Un entretien extrêmement passionnant avec ce monument du rugby français qui est avant tout un homme entier n’aimant pas faire les choses à moitié, sur un terrain comme dans la vie professionnelle. Une forme de loyauté qui a fait d’Imanol Harindordoquy un champion d’exception et désormais, un chef d’entreprise à succès.

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