Interview Stéphane Guillon : « Les chaînes info ont une grande responsabilité dans ce qui se passe dans la société »

L'humoriste sera sur la scène du salon des Gouverneurs du casino Barrière de Trouville-sur-Mer (Calvados) le samedi 22 avril 2023. Rencontre.

Stéphane Guillon sera le deuxième invité de la nouvelle saison théâtrale Trouville-sur-Planches.
Stéphane Guillon sera le deuxième invité de la nouvelle saison théâtrale Trouville-sur-Planches. ©Pascal ITO
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Nommé aux Molière dans la catégorie Humour, Stéphane Guillon sera le deuxième invité de la saison culturelle Trouville-sur-Planches avec son spectacle Sur scène, samedi 22 avril 2023, au salon des Gouverneurs du casino Barrière de Trouville-sur-Mer (Calvados).

Avez-vous déjà joué à Deauville ou à Trouville ?

J’ai gagné le festival du Nouveau rire de Trouville et je suis Mouette d’or 94. Moi qui n’aime pas les prix, même si j’en ai gagné pas mal, j’ai gardé cette Mouette dessinée par Savignac. J’ai reçu une Mouette d’or comme Dany Boon et Pierre Palmade et c’est un joli souvenir parce que c’était Sylvie Joly, la présidente du jury qui me l’avait remise.

C’était ma première véritable reconnaissance dans ce métier du seul en scène, et ce prix en a généré plusieurs derrière, mais Trouville a ouvert le bal. Cette mouette est toujours dans mon salon où elle maintient mes vinyles.

Est-ce que la région fait partie de vos destinations pour le week-end par exemple ?

Il m’est arrivé d’être invité pour le festival du cinéma américain où j’allais avec plaisir. 

Vous avez accepté sans réserve de vous produire à Trouville dans le cadre de la saison théâtrale ?

Je fais confiance à la personne qui gère mes tournées. On fait ce métier pour jouer partout, c’est le but. En plus, mon spectacle permet une grande mobilité. Il tient dans deux valises à peine. C’est un grand avantage de pouvoir aller dans des endroits reculés, ce qui n’est pas le cas de Trouville. J’ai un respect des gens, je pense qu’ils ne paient pas pour voir un humoriste sur grand écran. Et mon spectacle ne s’y prête pas. Cela faisait plusieurs raisons pour accepter.

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Parlez-nous de votre spectacle…

Le spectacle a évolué, mais au départ, c’est l’après-Covid. Je suis parti du postulat, très ironique, vous vous en doutez, que finalement, qu’après cette longue pause du Covid, l’homme avait pris conscience de ses erreurs, de ses dérives, de cette façon folle de consommer et que finalement depuis, tout allait mieux.

Je passais en revue tous les domaines de la société et on s’apercevait que non, que tout va de mal en pis comme disait Victor Hugo et que finalement, on prend les mêmes et on recommence. C’était le fil rouge du spectacle. Ça l’est toujours, mais j’ai beaucoup réécrit parce que le spectacle colle à l’actualité et que les gens sont très friands d’entendre parler de ce qu’ils vivent, de ce qu’ils traversent à l’instant T.

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Avec l’actualité en ce moment, vous devez être très inspiré…

Oui je l’ai été. Je dis des choses sur l’Ukraine et évidemment sur la réforme des retraites et sur le gouvernement Macron. Cela m’a inspiré. Parfois il suffit de recopier ce qu’ils disent et ça fait rire. Il n’y a même pas besoin de travailler derrière.

Donc votre spectacle s’adapte à l’actualité ?

Il s’adapte. Il y a une base intemporelle, heureusement. Il y a aussi une partie revue de presse. J’ai la chance, dans mon dispositif scénique, d’avoir une partie au guéridon où j’ai des feuilles, ce qui me permet d’être très réactif, de pouvoir écrire et de pouvoir lire mes notes sans qu’on voie que je les lis, et une partie au centre de la scène avec des sketches que je connais et qui sont beaucoup plus joués. J’ai toujours pratiqué cette alternance des sketches de jeu pur, traditionnel et des moments de stand-up où je m’adresse beaucoup plus au public. Je passe de l’un à l’autre en permanence.

Votre spectacle est nommé pour le Molière de l’Humour : la reconnaissance du métier est-elle importante à vos yeux ?

Je crois que ce qui serait important c’est la reconnaissance de ce style d’humour qui a souvent été le parent pauvre. Je pense qu’au-delà de ma personne, ce serait important que ce style d’humour décalé, incisif, noir, politique, appelez-le comme vous voulez, soit récompensé. Je pense que cela ouvrirait une petite porte, du moins je l’espère.

Que vous disent les gens quand ils viennent vous voir après le spectacle ?

Merci. La plupart disent merci. Je pense que cela leur a fait du bien de pouvoir avoir cet espace de grande liberté pendant 1 h 40.

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Cet humour n’est-il pas l’antidote aux chaînes info ?

C’est l’antidote à beaucoup de choses et c’est l’antidote aussi aux chaînes info. C’est drôle que vous posiez cette question parce qu’elle est peu posée. Mais en vérité, je pense que les chaînes info ont une grande responsabilité dans ce qui se passe dans la société aujourd’hui et qu’on a tendance à minimiser leur rôle. Il est important, terriblement anxiogène, et il contribue à beaucoup de choses.

Vous pouvez donner un autre son de cloche pour rétablir l’équilibre…

Très modestement car vous le savez, je ne suis plus à la radio ni à la télévision. Sur mes réseaux sociaux en scène, je m’y emploie.

D’ailleurs le moindre de vos commentaires est immédiatement remarqué, commenté à son tour, partagé… on a l’impression que les gens ont besoin d’avoir votre opinion, qu’ils l’attendent…

On a besoin d’entendre des voix dissonantes. On l’a toujours eu, c’est très français. Nous avons hérité d’un esprit frondeur, insolent, impertinent et nous avons été modelés par ces humoristes qui nous ont précédés. La France est le pays de Coluche, de Pierre Desproges, de Guy Bedos, de Thierry Le Luron. On ne peut pas tourner cette page et se dire tout d’un coup on est maintenant dans une société formatée, bien pensante où on ne peut plus rien dire. Ce n’est pas vrai. Le Français a été élevé dans cette tradition du Canard Enchaîné, des Guignols de l’Info, de Charlie Hebdo… Il a besoin de cela. Et il en aura toujours besoin. Nous sommes dans une période compliquée, mais je pense que les gens qui veulent nous faire penser d’une certaine façon finiront par perdre. En tout cas, il ne faut pas leur céder. 

N’avez-vous pas envie pour incarner cette résistance de retrouver une tribune ?

Une tribune à la radio, peut-être, mais j’ai cessé de la demander et de l’espérer parce que cela ne dépend pas de moi. Le désir doit être partagé. J’ai plusieurs fois dit que j’aimerais faire de la radio. Si on ne me fait pas de propositions, c’est qu’il y a de véritables raisons et si le désir n’est pas partagé, c’est comme dans une relation amoureuse, cela ne sert à rien..

Samedi 22 avril, à 20 h au salon des Gouverneurs du casino Barrière. Tarif 20 €, 10 € pour les Trouvillais. Un justificatif sera demandé à l’entrée. Spectacle déconseillé aux moins de 15 ans

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