Les souvenirs de Pierre-Louis Basse, ancien journaliste sportif vivant à Bernay

Ancien journaliste sportif pour Europe 1, Pierre-Louis Basse, installé à Bernay (Eure) constate la financiarisation croissante d'un football qui le passionne depuis longtemps.

Pierre-Louis Basse, ici manche relevée aux côtés d'Eugène Saccomano, a couvert de nombreux événements sportifs pour Europe 1, dont un Mondial 1990 qui l'a marqué.
Pierre-Louis Basse, ici manche relevée aux côtés d’Eugène Saccomano, a couvert de nombreux événements sportifs pour Europe 1, dont un Mondial 1990 qui l’a marqué. (©Pierre-Louis Basse)
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Des souvenirs sportifs, il en a, beaucoup. Et, en ces premiers jours de l’Euro 2020, il est impossible d’évoquer à l’ancien journaliste Pierre-Louis Basse des éditions antérieures de championnats d’Europe de football sans le faire rebondir sur la Coupe du monde du même sport ou les mondiaux d’athlétisme, voire les Jeux Olympiques.

Celui qui vit à Bernay depuis plusieurs années a tout de même tenu à souligner la symbolique de cette nouvelle édition de l’Euro, qui se déroule finalement en 2021, dans plusieurs pays. « Je trouve que c’est magnifique cette compétition qui se joue dans onze pays différents, même si cela prête à sourire de voir les Anglais récolter le gros lot, dont la réception de la finale, juste après le Brexit. »

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L’amoureux du sport le reconnaît, même s’il suit moins le football actuellement, il regardera « certains matchs du tournoi, évidemment », en donnant parmi ses favoris « la Belgique, l’Angleterre, la France et puis une équipe émergente, Italie ou Portugal ». Mais Pierre-Louis Basse est peu féru de cet exercice de pronostics.

« À un moment, les joueurs prennent le pouvoir »

« L’équipe de France ne m’a pas pour le moment très impressionné, elle est forte mais j’attends de voir la compétition. Le potentiel est extraordinaire, à toutes les lignes, même les remplaçants. Tout se révèle pendant le tournoi, les discussions avant sont inutiles. » Le débat autour de la présence de Karim Benzema est du même acabit pour le journaliste.

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« Il y a une règle dans une très grande compétition, un moment où les joueurs prennent le pouvoir sur tout ce qui peut se dire autour. Je peux donner l’exemple de Platini en 1982 ou Zidane en 1998, qui avaient une influence majeure dans le vestiaire. » Pierre-Louis Basse, qui vit à Bernay depuis quelques années, sait de quoi il parle. Il a couvert pour Europe 1 les coupes du monde 1990, 1994, 1998 mais a aussi suivi les éditions 2006 et 2010, les Euros 1992 et 1996, des championnats du monde d’athlétisme, des Jeux olympiques dont ceux de Barcelone et Atlanta…

« Parmi mes grands souvenirs de championnat d'Europe, il y a l'édition en Suède en 1992 et la performance du Danemark qui n'était pas qualifié au départ et n'a dû sa participation qu'à la disqualification de la Yougoslavie. » 

Pierre-Louis Basse

Plus « marqué par la belle défaite de 1982 » que par la victoire en 1998 en Coupe du monde, Pierre-Louis Basse explique ne pas regarder le sport simplement pour un résultat. « Mon cœur ne battait jamais uniquement pour l’événement sportif mais également pour le moment politique. »

« Le sport, il faut le respecter », affirme l’ancien journaliste, qui s’anime soudain à un autre souvenir. « Quel manque de respect de l’adversaire en 2002, alors que nous avions déjà notre deuxième étoile sur le maillot dans les publicités, on sait ce qu’il est advenu… » 

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Le diktat de l’image

Par ailleurs, alors que ce championnat d’Europe va de nouveau attirer des millions de téléspectateurs et que les enjeux financiers sont colossaux, Pierre-Louis Basse constate des évolutions marquantes dans ce sport dans ces dernières décennies. « La chute du mur est un marqueur, avec l’arrêt Bosman*, de la libéralisation du grand marché. »

Désormais chaque été, les rumeurs de transferts pour des montants astronomiques couvrent d’autres discussions sur les droits télévisés concernant la diffusion. « La financiarisation est démente, on passe d’un événement à un programme, d’une quinzaine de matchs le week-end à des centaines », détaille le passionné. Le journaliste regrette les évolutions récentes d’un sport qui, comme l’exprimait l’uruguayen Eduardo Galeano, « appartient aujourd’hui à la télévision ». 

Pierre-Louis Basse en interview avec la légende allemande Franz Beckenbauer.
Pierre-Louis Basse en interview avec la légende allemande Franz Beckenbauer. (©Pierre-Louis Basse)

« C’est une forme de spectacle et nous sommes en train de passer au diktat de l’image. » Il en va de même concernant l’instauration de l’arbitrage vidéo. « Je ne saurais jamais si l’arbitre s’est trompé en 1966 en validant le but de l’Angleterre en finale. Mais c’est certainement mieux ainsi ! C’est humain. »

En revanche, dans cette discipline devenue trop lisse, l’amoureux de politique souligne un renouveau de l’engagement des sportifs. « Beaucoup de joueurs aujourd’hui sont là pour prendre leur argent, en réalisant de la publicité notamment. Mais certains prennent à nouveau la parole, et des jeunes parfois, comme Rashford en Angleterre, Mbappé en France ou Griezmann qui dénonçait le traitement réservé aux Ouïghours en Chine. » Les Français sont inspirés en dehors et sur les terrains, comme ils vont pouvoir le montrer ces prochains jours. L’objectif sportif reste lui inchangé : gagner.

*L’arrêt Bosman est une décision de la Cour de justice des Communautés européennes, rendue le 15 décembre 1995, considérant que les règlements de l’UEFA, notamment ceux instaurant des quotas liés à la nationalité, sont contraires au traité de Rome sur la libre circulation des travailleurs entre les États membres.

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