Bernay. Pierre-Louis Basse raconte les derniers jours des 27 de Chateaubriant

L'auteur bernayen Pierre-Louis Basse dédicacera son dernier livre, ce samedi 11 décembre à la librairie associative Le Rouge et Le Noir, à Bernay (Eure).

Si Pierre-Louis Basse a pu écrire ce livre, c'est grâce à sa mère Esther Gaudin, la jeune filleau baluchon qui sauva les derniers écrits des fusillés de Chateaubriant.
Si Pierre-Louis Basse a pu écrire ce livre, c’est grâce à sa mère Esther Gaudin, la jeune fille au baluchon qui sauva les derniers écrits des fusillés de Chateaubriant (© Eveil normand).
Voir mon actu

Déjà auteur de Guy Môquet, une enfance fusillée – porté à l’écran par le cinéaste allemand Volker Schlöndorff – Pierre-Louis Basse, résident de Bernay (Eure) vient de publier Les derniers jours des 27 fusillés de Chateaubriant, fusillés dont faisait partie Guy Môquet. Il s’agit d’un ouvrage unique, poignant et savant. Poignant et savant, car c’est la mère de Pierre-Louis, Esther Gaudin, qui recueillit les dernières lettres et les planches découpées sur lesquelles les fusillés avaient laissé des messages avant d’être conduit au peloton d’exécution. Esther, la jeune fille au baluchon, n’avait alors que 15 ans…

Désignés par le gouvernement du Maréchal Pétain

Il y a 80 ans, le 22 octobre 1941, 27 prisonniers et résistants communistes ou proches du Parti communiste ont été fusillés par des nazis au « Camp de Choisel » en représailles de la mort du lieutenant allemand « Karl Hotz », abattu deux jours avant par « Guilbert Brustlein », membre d’un commando de jeunes communistes. Les 27 avaient été désignés par le régime collaborationniste du Maréchal Pétain.

À lire aussi

Certains de ces fusillés étaient très jeunes. Guy Môquet avait 17 ans, Maximilien Bastard, 21 ans. La liste de ces « otages fusillés » sera publiée un jour plus tard, le 23 octobre 1941. Ce drame sera raconté en poème en 1946 par René Guy Cadou qui, le 22 octobre 1941, assista à l’arrivée de trois des « fusillés de Châteaubriant » au cimetière de Saint-Aubin-des-Châteaux.

Ce qu'il faut savoirMis à jour le 7 déc. 2021

La mémoire et la dignité Les derniers jours des 27 de Chateaubriant vus par Pierre-Louis Basse, cela donne le texte ci-dessous, signé par Pierre-Louis Basse, avant la séance de dédicaces du 11 décembre à la libraire Le Rouge et le Noir, à Bernay. C’était il y a 80 ans. Le 22 octobre 1941. Il faisait grand beau dans la carrière de Châteaubriant. Le pays de la Mée. La campagne du poète René Guy Cadou. Hier encore. Et rien n’a changé. Rien ne changera plus jamais. Guy Môquet, Claude Lalet, Marc Bourhis, Charles Michel et tous les autres ont voulu vivre à en mourir. Jusqu’au bout. Ils ont crié vive 89 ! Vive la France. Vive la commune ! Fusillés les yeux non bandés. Parce qu’ils ont voulu regarder le pays tout entier dans les yeux. Jusqu’à la nuit qui venait. Ils étaient médecins, ouvriers, maires de grandes villes, instituteurs, syndicalistes. Ils se sont salués une dernière fois, devant un curé venu les soutenir. « Ces hommes sont admirables » dira l’homme d’Église, en larmes. Le 23 octobre 1941, une jeune fille de 15 ans, ma mère, a porté sur ses épaules d’adolescente, le baluchon plein des derniers mots des fusillés, les planches découpées. « Vous qui restez, soyez dignes de nous, les 27 qui allons mourir », et Aragon en fit le « témoin des martyrs ». Le monde allait savoir. J’ai grandi au creux de la mémoire des 27. Je n’ai jamais cessé de penser à leurs voix si puissantes dans les ténèbres qui menacent toujours. À ces ciels d’orage qui reviennent. Alors j’ai fait ces articles et ce petit livre pour que la mémoire s’attarde encore. La mémoire et la dignité. Pierre-Louis Basse

Pierre-Louis Basse a souhaité leur rendre hommage, d’abord dans des feuillets qui allaient être publiés dans le journal L’Humanité. Pierre-Louis l’a fait gracieusement et pareillement, ne retire aucun profit des ventes du livre, car « l’Huma » a choisi de faire des récits de Pierre-Louis un livre, Les derniers jours des 27 de Chateaubriant, publié donc aux éditions de l’Humanité.

Pour ceux que le sujet intéresse, il sera longuement question de l’histoire des fusillés de Chateaubriant mais aussi de l’histoire du livre de Pierre-Louis Basse lors de la séance dédicaces prévues ce samedi 11 décembre, de 10 h à 13 h, à la librairie associative Le Rouge et Le Noir, 22, rue Gaston-Folloppe à Bernay.

À lire aussi

Voici la liste des fusillés de Chateaubriant, par ordre alphabétique. Auffret Jules, 39 ans. Barthélémy Henri, 58 ans. Bartoli Titus, 58 ans. Bastard Maximilien, 21 ans. Bourhis Marc, 44 ans. David Émile, 19 ans. Delavacquerie Charles, 19 ans. Gardette Maurice, 49 ans. Granet Désiré, 37 ans. Grandel Jean, 50 ans. Guéguin Pierre, 45 ans. Hunh Khung AnNote 5,22 dit « Luisne », 29 ans. Kérivel Eugène, 50 ans. Laforge Raymond, 43 ans. Lalet Claude, 21 ans. Lefebvre Edmond, 38 ans. Le Panse Julien, 34 ans. Michels Charles, 38 ans. Môquet Guy, 17 ans. Pesqué Antoine, 55 ans. Poulmarc’h Jean, 31 ans. Pourchasse Henri, 34 ans. Renelle Victor, 42 ans. Tellier Raymond, 44 ans. Ténine Maurice, 34 ans. Timbaud Jean-Pierre, 31 ans. Vercruysse Jules, 48 ans.

Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.

Dernières actualités

L'Éveil Normand

Voir plus
Le Journal mercredi 1 mai 2024 Lire le journal
L'Éveil Normand, Une du mercredi 1 mai 2024