Le cinéma de mère en fille. Doyenne et vedette du grand écran au XXe siècle, la comédienne Micheline Presle s’est éteinte ce mercredi 21 février 2024, à l’âge de 101 ans, à la Maison nationale des artistes de Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne).
Du talent, devant et derrière la caméra
On retient d’elle les réalisations qui l’ont fait connaître (Paradis perdu, d’Abel Gance, en 1940), l’ont consacrée (Le Diable au corps, de Claude Autant-Lara, en 1947), l’ont fait entrer dans les foyers français (Les Saintes chéries, l’une de premières sitcoms françaises, diffusées à partir de 1965).
On ignore peut-être qu’elle eut une fille unique, Tonie Marshall, qui brilla elle aussi dans le milieu du cinéma, devant et derrière la caméra.
Mariée une première fois, en 1945 à Paris, au joueur de tennis Michel Lefort, Micheline Presle s’installa quelques années plus tard aux États-Unis, où elle rencontra le réalisateur et producteur américain William Marshall, divorcé de sa contemporaine Michèle Morgan. Ensemble, le couple eut une fille, Anthony-Lee Caroline Julie Marshall, née en 1951 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine).
Enfant du cinéma, celle qui grandit près du Studio des Ursulines, à Paris, et dont la chambre donnait sur la cabine du projectionniste, suivit des cours de danse et d’art dramatique. Son premier rôle, elle l’obtint L’Événement le plus important depuis que l’homme a marché sur la Lune (Jacques Demy, 1972). S’en suivirent des passages sur les planches, et le petit écran, comme sa mère.
Des œuvres douces-amères
Le vrai tournant dans sa carrière intervient en 1990, lorsqu’elle réalise Pentimento, qui donnera son premier grand rôle à l’animateur à succès d’alors Antoine de Caunes. Sa couleur : des œuvres douces-amères de personnages paumés, déprimés ou écorchés vifs.
C’est en 2000 que son talent éclate aux yeux du grand public et de la grande famille du cinéma. Elle devient cette année-là la première femme à recevoir le César du meilleur réalisateur la comédie dramatique à succès avec Vénus beauté (institut). Avec Audrey Tautou, notamment, qui a raflé à l’occasion le César du meilleur espoir féminin, mais aussi sa propre mère, que l’on verra par la suite dans d’autres productions.
Au plus près du paradis (2002), France Boutique (2003), Passe-passe (2008), Numéro Une (2017)… Tonie Marshall enchaîne les projets et les succès tout en s’engageant dans le mouvement de lutte contre les violences faites aux femmes, la Fondation des Femmes. Elle avait d’ailleurs été à l’initiative du port du ruban blanc lors de la cérémonie des Césars en 2018.
Une carrière et une aura interrompues par la maladie. Tonie Marshall est morte en 2020 à Paris, des suites d’un cancer du poumon. Un véritable drame pour Micheline Presle, d’autant plus que les obsèques se transformèrent en simple célébration du fait du premier confinement lié au Covid-19.
Mariée à Olivier Bomsell, professeur d’économie industrielle et chercheur au Cerna avec qui elle avait créé la société de production Tabo Tabo Films, Tonie Marshall était aussi une très grande proche de l’actrice Anémone, décédée deux ans avant elle.
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