Saint-Omer. Pourquoi ces chaussures de bébé à l'entrée de la cathédrale ?

À l'entrée du déambulatoire de la cathédrale de Saint-Omer (Pas-de-Calais), des chaussures de toutes tailles ont été soigneusement posées sur un sarcophage. Que font-elles là ?

La cathédrale de Saint-Omer accueille des chaussures, symbolisant les prières pour que les enfants marchent normalement. (©Olivier Segard/ Croix du Nord)
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A l’entrée de la cathédrale de Saint-Omer (Pas-de-Calais), de nombreuses chaussures de bébé sont déposées.

La coutume remonte au Moyen-Âge, elle est associée au culte des reliques de saint Erkembode, « le saint qui fait marcher », dont le prénom signifie « envoyé reconnu ». Dans la cathédrale de Saint-Omer, les chaussures proviennent principalement de parents confrontés aux problèmes de pieds de leur enfant. Et par ce dépôt, ils recherchent l’intercession du saint pour la guérison.

Cela fait des siècles que cette dévotion atypique se perpétue jusqu’à aujourd’hui, preuve qu’elle n’est pas inutile. Que sait-on de lui ? Comme beaucoup d’autres saints évangélisateurs du Nord de la France, ce moine bénédictin vient d’Irlande. Il s’installe dans la région au début du VIIIe siècle, se fait vite remarquer pour son zèle et sa piété.

D’innombrables voyages à pieds

On sait aussi qu’en 723, il fut nommé abbé de la très influente abbaye de Saint Bertin (dont il ne reste que les ruines à Saint-Omer) en même temps qu’évêque du puissant diocèse de Thérouanne qui allait d’Ypres à la vallée de la Somme. D’où ces innombrables voyages à pieds, ces pérégrinations apostoliques qui lui valurent une réputation de routard infatigable à l’image de saint Paul.

Au passage, il achète des terres en Flandre, dans la région de Saint-Omer et sur les bords de l’Authie pour les redistribuer aux pauvres. Le saint pèlerin meurt presque paralysé au printemps 742, puis on l’inhume le 12 avril de cette même année. Après trois siècles d’oubli, il est exhumé pour être exposé le 1er novembre 1085 à la demande d’une majorité d’Audomarois (habitants de Saint-Omer). On sait de plus que ses reliques échappèrent aux persécutions de 1193.

Sept siècles après sa mort, en 1466, le Pape Paul II s’intéresse de près à Erkembode en autorisant le transfert de ses restes dans une châsse d’argent. À l’époque, il n’est pas encore canonisé et il ne le sera qu’en 1767 par Clément XIII. Mais l’histoire ne s’arrête pas là, Révolution Française oblige.

Pour les déprimés aussi

En 1793, la gardienne de la cathédrale de Saint-Omer sauve les reliques du désastre pour les cacher on ne sait où. Elles resurgissent intactes en 1804 pour être de nouveau dissimulées sous le maître-autel d’une église des environs.

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Un siècle passe jusqu’à ce que le corps du saint marcheur regagne la cathédrale de Saint-Omer en 1902. La boucle était donc bouclée pour ce grand voyageur d’outre tombe.

On le sollicite également quand rien ne marche ! Saint Erkembode est recommandé à toute personne souffrant de déprime ou de dépression nerveuse…

Une petite prière est mise à la disposition du public près de sa tombe, elle s’achève par : « Nous te prions aussi pour ceux et celles qui connaissent la déprime : que saint Erkembode nous aide à les entourer et à les aider pour qu’ils se remettent en marche, par nous, qu’il leur tende la main ! »

Olivier Segard

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