Comme les autres Académies et les services de l’Institut de France, l’Académie des Sciences morales et politiques a son siège au Palais Mazarin, situé au bord de la Seine, en face du Louvre. Le bâtiment abrite aussi deux bibliothèques : la Bibliothèque de l’Institut et la Bibliothèque Mazarine, la plus ancienne bibliothèque publique en France.
Par testament, le cardinal Mazarin avait souhaité créer un collège destiné aux élèves originaires des quatre provinces récemment rattachées au royaume par les traités de Westphalie et des Pyrénées : Pignerol, Alsace, Flandre, Roussillon et Cerdagne catalane. Pour cette tâche, il avait fait un legs de deux millions de livres.
Colbert fut chargé d’exécuter ses volontés. La réalisation du bâtiment fut confiée à l’architecte Le Vau. Les plans de l’édifice ayant été approuvés par Louis XIV, les travaux débutèrent en 1662. En 1667, le gros oeuvre était achevé au moment où mourut Le Vau. Les travaux furent achevés par son disciple François d’Orbay.
Le collège et la bibliothèque Mazarine – Mazarin avait en effet légué également sa riche collection d’ouvrages à condition que ceux-ci soient accessibles au public – furent ouverts en octobre 1688.
Le Collège des Quatre Nations suivit la destinée de l’Université de Paris à laquelle il était rattaché : atteint par la constitution Civile du clergé, il fut supprimé en 1792 et fonctionna quelques années sous le nom de Collège de l’Unité. Les bâtiments furent transformés et utilisés à de nombreuses fins: la chapelle servit d’entrepôt à grains, le collège devint maison d’arrêt en 1794…
Un tel bâtiment ne pouvait cependant pas être laissé à l’abandon trop longtemps. Les Écoles centrales de l’Instruction y siégèrent entre 1796 et 1801. À cette date, le Premier Consul, qui souhaitait libérer de l’espace dans le Palais du Louvre afin d’y constituer un musée, décida d’y transporter les Écoles des Beaux-Arts.
Elles n’eurent guère le temps de s’y installer car le 20 mars 1805 un décret impérial y transférait « provisoirement » l’Institut de France.
Le provisoire semblant durer, il fallut au XIXe siècle faire les aménagements nécessaires au déroulement de la vie académique. L’architecte Vaudoyer aménagea la chapelle en salle de réunion : la première séance y eut lieu le 4 octobre 1806.
En 1839, afin de créer des lieux de travail plus commodes pour les académiciens, une aile nouvelle fut bâtie par l’architecte Le Bas. Achevée en 1847, elle allait devenir le cœur des travaux réguliers de l’Institut de France et des Académies. Elle comprend, au premier étage, deux salles de réunion élégantes – la Grande et la Petite salle des séances où se réunit chaque lundi l’Académie des Sciences morales et politiques.
Depuis cette date, de nombreux aménagements ont été pratiqués pour répondre à la croissance des activités et des effectifs travaillant dans le Palais. Les derniers en date sont dus à M. Édouard Bonnefous, Chancelier honoraire de l’Institut de France et membre de l’Académie des sciences morales et politiques.