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Territoires palestiniens

Georges Habache est mort à Amman

Article publié le 27/01/2008 Dernière mise à jour le 27/01/2008 à 17:12 TU

Georges Habache, à Beyrouth, en 1999.(Photo : AFP)

Georges Habache, à Beyrouth, en 1999.
(Photo : AFP)

Le fondateur du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), Georges Habache, 82 ans, est décédé ce samedi à Amman en Jordanie où il résidait depuis quelques années. Georges Habache avait été hospitalisé il y a une dizaine de jours pour des problèmes cardiaques. Il s'était illustré dans des attentats contre des avions d'El Al, des détournements d’avions, et des attaques d'ambassades israéliennes. Le FPLP, l'aile dure marxiste-léniniste du nationalisme palestinien, était opposé au processus de compromis avec Israël et considérait que l'Etat palestinien qui en découlerait ne serait qu'une caricature. Mahmmoud Abbas a rendu hommage au « leader historique de la cause palestinienne. »

Avec notre correspondant à Amman, Nazime Ayadat

Georges Habache incarnait l’une des figures les plus emblématiques du mouvement national palestinien. Lors de la Nakba, la catastrophe de1948 pour les Palestiniens, il a tout juste 22 ans et étudie la médecine à Beyrouth.

Réfugié de la première vague et opposé à tout compromis avec Israël, son idéologie révolutionnaire explique le surnom dont il a hérité un temps, celui de « Che Guevara arabe ».

Après la défaite de 1967, il fonde avec Ahmed Djibril, le Front populaire de libération de la Palestine. Résistant majuscule pour les Palestiniens, terroriste notoire pour l'Etat d'Israël, Georges Habache a très longtemps vécu en exil à Damas où son parti se fait connaître par sa stratégie de détournements d'avions.

Longtemps confronté à la statue du commandeur Yasser Arafat, il a entretenu des relations pour le moins chaotiques avec le chef du Fatah.

Partisan irréductible du droit au retour des réfugiés, Georges Habache l'intransigeant avait rejeté en bloc les accords d'Oslo. Son inflexibilité lui vaut une popularité jamais démentie dans les Territoires, mais aussi et surtout dans les camps de réfugiés palestiniens au Liban, en Syrie et en Jordanie.

 

Georges Habache, un chef sans concessions

Georges Habache a été « traumatisé par ce qui s’est passé dans sa ville d’origine, Lydda, repabtisée Lod par Israël. Lydda à l’époque, et Ramleh, c’étaient les deux villes qui ont été entièrement vidées par l’armée israélienne », rappelle le journaliste et diplomate, Eric Rouleau, dans un entretien accordé à RFI . « Les Palestiniens ont été forcés de partir en exil. Tous leurs biens ont été confisqués et plusieurs de leurs maisons ont été dynamitées. La famille de Georges Habache a beaucoup souffert, et elle s’est réfugiée au Liban, où il a fait ses études de médecine, à l’Université américaine de Beyrouth, mais il n’a jamais pratiqué, parce qu’il s’est tout de suite lancé dans la politique ».

 

Georges Habache opte d’abord pour une politique panarabe. Fondateur du « Mouvement nationaliste arabe » (un mouvement nationaliste pro-nassérien qui pensait que la Palestine pouvait être libérée grâce à l’unité arabe), il a vite abandonné cette conception après la grande défaite, en 1967, des armées arabes, dont celle de Nasser. Il se consacre alors à la cause palestinienne. Une cause qu'il va servir comme un véritable révolutionnaire.

Tandis que Yasser Arafat « s’est révélé être un homme politique - il a su faire des compromis et a fini par reconnaître l’Etat hébreux - Habache, lui, est connu pour son intransigeance », souligne Eric Rouleau. Jusqu’au bout, il a refusé de reconnaître l’Etat d’Israël. Il s'est prononcé contre les accords d’Oslo, signés par Arafat, considérant que ce dernier avait trop cédé aux Israéliens, en particulier qu’il n’avait pas exigé l’arrêt de la colonisation en Palestine pendant la période transitoire qui devait mener à la paix.

 

Fort d'un charisme reconnu même par certains de ses adversaires, Georges Habache était très respecté par la population palestinienne parce qu’il était intransigeant, « peut-être aussi parce qu’il était connu pour sa probité. Il ne faisait jamais de compromis », explique Eric Rouleau. « Par exemple, il a toujours refusé l’aide financière des pays arabes. Il considérait tous les régimes arabes à la botte des Américains, et donc il prônait le renversement de tous ces régimes. Le peuple palestinien n’a pas oublié cette intransigeance, dans la mesure où il pensait, et sans doute à juste titre, que c’était un homme patriote ».