Marie Laforêt (1939-2019)

Publié le par lefilmdujour

Des dizaines d’albums, des tubes (Les Vendanges de l’amour, Viens sur la montagne, Ivan, Boris et moi, Viens, viens, Il a neigé sur Yesterday…) et aussi une trentaine de longs métrages tournés pour le cinéma. La chanteuse et comédienne Marie Laforêt est décédée le 2 novembre 2019 à l’âge de 80 ans. Née Maïténa Doumenach le 5 octobre 1939, Marie Laforêt avait démarré sa carrière de comédienne un peu par hasard. La légende veut qu’en remplaçant sa sœur au pied levé, elle gagne en 1959 le concours « Naissance d’une étoile » organisé par Europe 1.

 

Repérée par le directeur de théâtre Raymond Rouleau, Marie Laforêt prend des cours de comédie. Sa beauté et ses yeux magnifiques font le reste : elle est enrôlée pour jouer Marge dont le cœur balance entre Alain Delon et Maurice Ronet dans Plein soleil (Clément, 1959). Puis croise Jacques Higelin avec qui elle chante dans Saint-Tropez Blues (1960) de Marcel Moussy (voir extrait en fin d'article). Les prestations sur grand écran s’enchaînent alors assez rapidement pour l’actrice… d’autant qu’elle épouse le metteur en scène et ancien opérateur Jean-Daniel Albicocco.

 

Maurice Ronet, Marie Laforêt et Alain Delon dans Plein soleil (1959)

 

C’est donc tout naturellement que Marie Laforêt se voit confier le rôle-titre de La fille aux yeux d’or, film réalisé en 1960 par son époux et lointaine adaptation du roman éponyme de Balzac. Elle y joue une belle (évidemment) inconnue dont tombe amoureux un photographe de mode alors qu’elle est en réalité la tendre amie de la maîtresse de ce dernier. Marie Laforêt émarge également au casting du Rat d’Amérique (1962), adaptation cette fois-ci d’un roman de Jacques Lanzmann et seconde réalisation de Jean-Gabriel Albicocco.

 

A la même époque, la comédienne passe aussi devant les caméras de Michel Boisrond (Amours célèbres, 1961), Léonard Keigel (Léviathan, 1961), Michel Deville (A cause, à cause d’une femme, 1962), Édouard Molinaro (La chasse à l’homme, 1964), Claude Chabrol (Marie-Chantal contre le docteur Kha, 1964), Pierre Grimblat (Cent briques et des tuiles, 1964) ou Valerio Zurlini (Des filles pour l’armée, 1965).

 

Mais la jeune femme a sorti son premier 45 tours en 1963 et, les succès discographiques s’enchaînant, elle s’éloigne du cinéma. Hormis une apparition en mère du Petit Poucet dans l’adaptation du conte de Perrault réalisée par Michel Boisrond en 1972, Marie Laforêt ne fera son retour sur grand écran que face à Belmondo dans Flic ou voyou de Georges Lautner en 1978. Année où elle prend la nationalité suisse, s’installe à Genève, ouvre une galerie d’art et devient (aussi) commissaire-priseur.

 

Marie Laforêt dans Les Morfalous (1984)

 

Dans les années 80, Marie Laforêt revient régulièrement jouer devant les caméras mais on la voit essentiellement dans des comédies telles que Les diplômés du dernier rang (Gion, 1982), Que les gros salaires lèvent le doigt (D. Granier-Deferre, 1982), Les Morfalous (Verneuil, 1984) ou Joyeuses Pâques (Lautner, 1984), ces deux derniers films encore face à Belmondo. (Dans Les Morfalous, on lui doit une réplique devenue culte : Alors que son mari, incarné par François Perrot, meurt électrocuté en urinant sur un câble électrique, elle indique benoîtement que « c’est la première fois qu’il fait des étincelles avec sa bite ».)

 

D’un tempérament exalté, elle n’hésite pas à jouer l’épouse nymphomane de Patrick Sébastien dans Le pactole (Mocky, 1985) et une tenancière de bordel dans Fucking Fernand (Mordillat, 1987). Marie Laforêt participe aussi à l’aventure de Tangos, l’exil de Gardel (Solanas, 1985), film dans lequel des émigrés argentins tentent de monter un spectacle à Paris.

 

Marie Laforêt dans Tangos, l'exil de Gardel (1985)

 

Durant la décennie 1990 où elle triomphe au théâtre (elle récolte deux nominations aux Molière de la meilleure comédienne pour son interprétation de Maria Callas), Marie Laforêt se fait de plus en plus rare au cinéma. Cinq films seulement sont à mettre à son actif dont Ainsi soient-elles (1994), une œuvre réalisée par Patrick Alessandrin et Lisa Azuelos qui n’est autre que la propre fille de l’actrice, née de son union au milieu des années 60 avec l’homme d’affaires Judas Azuelos. Après une absence de dix ans sur grand écran, on l’avait revue une dernière fois dans les salles obscures en novembre 2008. Elle était au nombre des nombreuses actrices françaises convoquées par Claire Simon dans Les bureaux de Dieu (2007), film d’intérêt public consacré au planning familial.

Publié dans Claps de fin

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