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Come un granello di pepe che copre tutti gli altri sapori" (1548) peut-on lire dans une des salles de l'appartement du Doge au Palazzo Ducale, au commencement de l'exposition Tintoretto, Le Tintoret. Comme un grain de poivre couvrant toutes les autres saveurs. 

 

Jacopo Robusti detto Tintoretto, San Marco libera lo schiavo dal supplicio della tortura detto anche Miracolo dello schiavo, 1548. Huile sur toile 415 x 541 cm.. Scuola Grande di San Marco puis Gallerie dell'Accademia © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, visite presse, 2018, Gallerie dell'Accademia.
Saint Marc jaillissant des cieux, la tête en bas tel un Baselitz. Ce tableau San Marco libera lo schiavo del supplizio della tortura ou Miracolo dello schiavo (1548), loué par L'Arentin, signe triomphalement la carrière de ce peintre. Observez la diagonale entre le saint et l'esclave torturé au sol, dans ce dialogue précédant l'arrêt instantané de la torture infligée au serviteur qui a désobéi à son maître.
 

Détail. Jacopo Robusti detto Tintoretto, San Marco libera lo schiavo dal supplicio della tortura detto anche Miracolo dello schiavo, 1548. Huile sur toile 415 x 541 cm.. Scuola Grande di San Marco puis Gallerie dell'Accademia © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, visite presse, 2018, Gallerie dell'Accademia.

 

Détail. Jacopo Robusti detto Tintoretto, San Marco libera lo schiavo dal supplicio della tortura detto anche Miracolo dello schiavo, 1548. Huile sur toile 415 x 541 cm.. Scuola Grande di San Marco puis Gallerie dell'Accademia © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, visite presse, 2018, Gallerie dell'Accademia.

Qui fut Jacopo Tintoretto (1518/1519 - 31 mai 1594), ce peintre du Cinquecento, né à Venise et non sur la terre ferme comme nombre de ses confrères -Pordenone, Bassano-, ayant vécu vénitien et mort  dans la cité lagunaire ? Venise commémore le 500e anniversaire de sa naissance avec un an d'avance. 1519. Mais l'on en est pas certain. Peut être était-ce en 1518. Deux expositions, l'une à l'Accademia - 58 numéros dont des livres et des œuvres de ses confrères, de Bonifacio De'Pitati (1487-1553) à Tiziano en passant par Pordenone (ca 1483-1539) et Giorgio Vasari (1511-1574), l'autre au palais des Doges - 63 dessins et tableaux -.

Vénitien, il ne l'était pas seulement par le sang mais aussi par tempérament. Face à ses "confrères", il possédait le sens typique des vénitiens, celui inné des affaires, n'hésitant pas à "casser les prix", une stratégie commerciale agressive indignant les autres peintres. Il savait "cultiver " ses futurs clients, ce fils de teinturier d'étoffes - tintore -, le petit teinturier, Tintoretto. Ainsi était surnommé Jacopo Robusti, " il più terribile cervello che abbia avuto mai la pittura" comme le caractérisa Giorgio Vasari. Avec Tiziano (1488-1576) et Veronese (1528-1588), il fut l'un des trois plus importants peintres de l'âge d'or de la peinture vénitienne.

 

Jacopo Robusti detto Tintoretto. A gauche, Adorazione dei maggi, vers 1538-1539. Huile sur toile 174 x 203 cm.. Madrid, Prado. A droite, Madonna con il Bambino tra i santi, 1540. Huile sur toile 171,5 x 244 cm.. Collection privée © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2018, visite presse. Gallerie dell'Accademia.

Est-il vrai, qu'il écrivit sur le mur de son atelier : "il disegno di Michel Angelo e 'l colorito di Titiano". Les dessins présentés au Palais des Doges signent la figure musculeuse, dynamique, la grandeur, l'idéal, l'inspiration de la sculpture antique et des ses contemporains. 

 

Détail. Jacopo Robusti detto Tintoretto, San'Agostino risano gli sciancati, vers 1549-1550. Huile sur toile 255 x 175 cm.. Vicenza, Musei Civici, Pinacoteca di Palazzo Chiericati © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2018, visite presse. Palazzo Ducale.

 

Jacopo Robusti detto Tintoretto, Etude pour un modèle masculin nu, dessin, 42,6 x 26,1 cm.. Rotterdam, Museum Boijmans Van Beuningen. A droite, San'Agostino risano gli sciancati, vers 1549-1550. Huile sur toile 255 x 175 cm.. Vicenza, Musei Civici, Pinacoteca di Palazzo Chiericati © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2018, visite presse. Palazzo Ducale.

 

 

Jacopo Robusti detto Tintoretto, San Marziale in gloria fra san Pietro e san Paolo, 1549. Huile sur toile. Venise, san Marziale © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2018, visite presse. Palazzo Ducale.

 

Des corps réinterprétant les statues de Michelangelo pour Sant'Agostino risana gli sciancati (vers 1549-1550). Des corps idéalisés vus dans des dessins de ce maître vénitien,  dessinant sans cesse des sculptures pour transformer leur tri-dimension en bi-dimension. Ce même Santo Agostino, dans les nuées, vêtu de blanc et de violet et qu'il représenta grandeur nature, debout, vêtu de même, deviendra San Martiale avec San Pietro et San Paolo (1549), œuvre restaurée cette année. Il ne faut pas lui en vouloir, d'autres peintres vénitiens usaient de même. Il fallait impressionner sans cesse le commanditaire, lui le peintre cherchant des commandes mais profondément religieux. Un exemple ? Jésus présenté au Temple  (1554-1556), très architectural dans cette vision du dessous, le sens des couleurs, des reflets, des drapé, du mouvement. Une vision théâtrale demandant de voir le tableau, non de face mais du côté droit pour percevoir tout son dynamisme.  

 

Dernière salle de l'exposition Il giovane Tintoretto © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2018, visite presse. Gallerie dell'Accademia.

Clôturant l'exposition consacrée à la jeunesse de ce peintre vénitien Il giovane Tintoretto, ce saint Marc délivrant l'esclave ne serait-il pas l'inconsciente annonce de la future exposition Georg Baselitz (1938), le peintre qui dispose ses sujets tête en bas. Elle se tiendra au même endroit, en mai 2019, dans les Gallerie dell'Accademia. Vernissage naturellement pendant la folle semaine presse de 58ème Biennale de l'art. 

La princesse sur un dragon d'opéra (1552) ouvre la seconde exposition Tintoretto, l'âge mur et la gloire du peintre, dans les appartements du doge au Palazzo Ducale. Ce drolatique animal ressemble étrangement à cet esturgeon que l'on retrouve parmi les animaux créés par Dieu avec  Creazione degli animali (1550-1553). Pour faire plaisir à ses commanditaires, quoi de plus normal que Giorgio Venier et Alvise Foscarini,  prêtassent leurs visages à San Giorgio et San Luigi entourant cette même princesse chevauchant l'animal au regard éteint que vient d'occire saint Georges.  

 

Détail. Jacopo Robusti, Martirio di San Lorenzo, circa 1575. Huile sur toile 94 x 118 cm. Collection privée © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, visite presse, 2018, Palazzo Ducale.

Quoi de plus normal que la position allongée de Santo Lorenzo martirio (vers 1575) se retrouve dans celle de la belle Hélène (ca 1576-1577) violemment enlevée à l'issue d'une bataille - Ratto di Elena - entre occidentaux et musulmans. Le tortionnaire de ce même Lorenzo, Tintoretto n'hésitera pas à le dupliquer, très agrandi, dans une position identique, dans ce Rapt. Ce Saint-Laurent fut conçu pour l'autel de la famille Bonomi dans l'église  San Francesco della Vigna mais que celle-ci refusera, il le vendit à la famille Morosini. 

 

Détail. Jacopo Robusti detto Tintoretto, Resurezzione di Lazzaro, 1573. Huile sur toile 69 x 79 cm.. Collection privée © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2018, visite presse. Palazzo Ducale.

Vingt figures pour Résurrection de Lazare (1573) choix imposé par le commanditaire Girolamo da Mula, choix respecté par ce peintre prêt à toutes les compromissions pour enlever une commande, ce que lui reprocheront ses confrères. Vingt têtes, certes mais il faut les deviner pour certaines. 

 

Jacopo Robusti detto Tintoretto, Ritratto di un giovane della famiglia Doria,vers 1560. Huile sur toile 107 x 73 cm. Madrid, Musée Cerralbo © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2018, visite presse.  Palazzo Ducale.

Un homme dont  la main gauche jaillissant de la toile parait vous dire bonjour. Était-il gaucher ? Le cadrage frontal de sa pose va à l'encontre du classique de la représentation de trois-quart. Ce Ritratto di un giovane della famiglia Doria (ca 1560)  frappa tellement Antoon van Dyck que ce dernier lors de son voyage italien le dessina lors de son séjour à Gênes. Le portrait était une spécialité importante de la "bottega del Tintoretto" dans cette prédilection toute vénitienne du portrait. 

 

 

 

 

 

 

 

Jacopo Robusti detto Tintoretto, Ritratto di un uomo con barba rossa, circa 1547. Huile sur toile 105 x 82 cm.. Londres, collection privée © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2018, visite presse. Palazzo Ducale.

Souhaite-t-il accueillir son vis-à-vis - dans cette galerie de portraits féminins et masculins - Rittratto di uomo con barba rossa (ca 1547), prêt d'une collection privée londonienne, récemment entré dans le corpus de ce peintre et jamais présenté dans une exposition à ce jour ? Lorsqu'il apparut sur le marché de l'art new-yorkais, vendu par Sotheby's en 2015, il portait l'attribution de Giovanni Cariani. Dans ces 11 portraits d'hommes et 2 de femmes éclate la technique Tintoret : réduire au minimum le détail pour se concentrer sur les yeux. 

 

 

Attribué à Jacopo Robusti, Santa Famiglia con santa Elisabetta e san Giovannino, vers 1542-1543. Huile sur toile 123,5 x 167 cm.. Wallraf-Richartz-Museum & Fondazione Corboud - Jacopo Robusti, Madonna col Bambino, 1543-1544. Huile sur toile 104,2 x 86,3 cm.. Rotterdam, Museum Boijmans Van Beuningen © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, visite presse, 2018, Gallerie dell'Accademia.

Madonna con il Bambino (1543-1544), l'Enfant bénissant, vous retrouvez les positions identiques dans Santa Familia con santa Elisabetta e san Giovannino ( vers 1542-1543) qui lui est maintenant attribué, deux toiles visibles à l'Accademia. 

 

 Jacopo Robusti, Suzanna e i vecchioni, moitié des années 50 du Cinquecento. Huile sur toile 147 x 194 cm.. Vienne, Kunsthistorisches Musem, Gemäldegalerie - À droite Venere, Vulcano e Cupido, 1545-1546. Huile sur toile 55 x 197 cm.. Florence, Gallerie degli Uffizi, Galleria Palatina di Palazzo Pitti © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, visite presse, 2018, Palazzo Ducale.

 

Jacopo Robusti, Suzanna e i vecchioni, moitié des années 50 du Cinquecento. Huile sur toile 147 x 194 cm.. Vienne, Kunsthistorisches Musem, Gemäldegalerie © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, visite presse, 2018, Palazzo Ducale.

Une belle très dévêtue devenant Suzanna, personnage biblique, épiée par deux vieillards (vers 1555). Manifestement, cette nudité commandée certainement par un collectionneur exigeant, tourna les sens au peintre Nicolas Régnier qui l'acquit en 1648, restant en ses mains jusqu'à son décès en 1667.

 

Détail. Jacopo Robusti, Matrimonio mistico di Santa Caterina, vers 1545. Huile sur toile 193 x 314 cm.. Musée des Beaux-Arts de Lyon © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, visite presse, 2018, Palazzo Ducale.

Un tableau représentant à l'origine un doge, sûrement une œuvre conçue pour se placer près du pouvoir mais changeant de sexe, la tête de Francesco Donà devenant celle de Santa Catarina pour Il matrimonio mastico (vers 1545). Le peintre n'a pas jugé utile de lui ôter le costume doganal. Une étude radiographique a révélé cette transformation.

 

Jacopo Robusti, Origine della Via Lattea, circa 1576-1578. Huile sur toile 149 x 168 cm.. Londres, The National Gallery © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, visite presse, 2018, Palazzo Ducale.

Più di tutti i suoi rivali artisti possedeva il senso per gli affari tipico dei veneziani. Malin jusqu'au bout du pinceau le petit teinturier vénitien... 

 

Gilles Kraemer

séjour et déplacement à Venise à titre personnel

 

Giovanni Antonio de'Sacchis detto Pordenone, San Martino e San Cristoforo, circa 1527-1528. Huile sur bois 274,4 x 147,4 cm. & 247,4 x 143,6 cm.. Venise, Scuola Grande di San Rocco. À droite Andrea Meldola detto Schiavone, Caino uccide Abele, vers 1538. Huile sur toile 216 x 188 cm.. Florence, Gallerie degli Uffizi © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, visite presse, 2018, Gallerie dell'Accademia.

 

Giovanni Antonio de'Sacchis detto Pordenone, San Martino e San Cristoforo, circa 1527-1528. Huile sur bois 274,4 x 147,4 cm. & 247,4 x 143,6 cm.. Venise, Scuola Grande di San Rocco © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, visite presse, 2018, Gallerie dell'Accademia.

 

 

Il giovane Tintoretto

7 septembre 2018 - 6 janvier 2019Pa

Gallerie dell' Accademia, Venise

www.mostratintoretto.it/

Commissariat de Roberta Battaglia, Paola Marini et Vittoria Romani. 

 

Catalogue. 240 pages. 110 reproductions. Editions Marsilio Electa. 35 €.

Focus sur le jeune Tintoret Robert Echols & Frederick Ilchman; Tintoret et la vie économique vénitienne Luciano Pezzolo; L'Aretin et Tintoret Paolo Procaccioli; L'exposition vénitienne de Tintoret de 1937 Paola Marini; Le parcours du jeune Tintoret Vittoria Romani; Autour du Miracoli dello schiavo Roberta Battaglia; Venise et les années du doge Gritti.

 

Au fond Tiziano Vecellio, San Giovanni Evangelista, circa 1547. Huile sur toile 237,6 x 263 cm.. Washington, National Gallery of Art. A droite, Lambert Sustris, Il cercio della Frode, 1541-1542. Huile sur toile 155 x 356 cm.. Florence, Fondazione Roberto Longhi © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2018, visite presse. Gallerie dell'Accademia.

Les sections de l'exposition : Les années 30 du Cinquecento; L'apport des Toscans à Venise; L'édition, source d'inspiration; Les débuts de Tintoret; Le portraitiste; Son affirmation sur la scène vénitienne; L'après "Miracle". 

 

 

Tintoretto. 1519 - 1594.

7 septembre 2018 - 6 janvier 2019

Palazzo Ducale Venise

puis du 10 mars - 7 juillet 2019 avec des tableaux en plus et en moins à la National Gallery of Art, Washington  Tintoretto: Artist of Renaissance Venice  et, en même temps  Venetian Prints in the Time of Tintoretto

http://palazzoducale.visitmuve.it

https://www.nga.gov

Commissariat de Robert Echols et Frederick Ilchman

 

Catalogue.295 pages. 230 illustrations. Editions Marsilio. 35 € à l'exposition. 

Presqu'un prophète Echols et Ilchman; Tintoret, vénitien Stefania Muson; Tintoret au travail Roland Krischel; Le jeune Tintoret Echols et Ilchman, Susannah Rutherglen. Tintoret dans la force de l'âge Mattia Biffis, Peter Humfrey, Lorenzo Buonanno; Le portraitiste Echols et Ilchman; Le dessinateur Michiaki Koshikawa; Le studio Tintoret Miguel Falomir, Maria Agnese Chiari, Moretto Wiel, Giorgio Tagliaferro, Echols et Ilchman; Notices des œuvres exposées Susannah Rutherglen.

Les sections de l'exposition : Le plus téméraire peintre du monde; Un nouveau langage pictural pour les églises et les confréries; Des corps héroïques; Intimité et le nu féminin; Tintoret au travail Le corps en action, Tintoret à San Rocco, sa chapelle Sixtine; Tintoret au travail L'exécution du tableau, Tintoret et le Paradis au Palais des Doges: Tintoret au travail Le réemploi, Tintoret et la Nativité; Après Le Titien; Le grand portraitiste; L'instant suspendu; Visions de la foi. 

 

 Deux images de Venise, le dimanche 9 septembre 2018, l'une à 17h 30 pour le grand bateau depuis la Giuudecca, l'autre à 14h pour cette régate familiale depuis il bacino di San Marco © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer,  Venise 2018.
Tag(s) : #Venise, #Italie, #Expositions à l'étranger
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