Liliom (1934) de Fritz Lang
Loin d'être un sommet dans l'oeuvre du Fritz, cette romance qui tourne en eau de boudin est un peu trop sage et convenue pour vraiment emporter le morceau. Et puis Charles Boyer, on a beau dire, c'est pas Marlon Brando et son jeu se relâche cruellement au détour de quelques scènes - notamment lorsqu'il reste planté comme un pantin en n'ayant rien à dire.
Un bonimenteur de foire qui officie sur un manège plaque tout pour une petite blondinette, bonne à ses heures. Notre Liliom est un peu lourdingue, plus porté sur la chose que sur les violons et à peine se met-il en ménage avec la chtite qu'il n'hésite pas à la bousculer à la moindre occasion - ah ben oui, il la frappe même on peut dire, ce qui rend pas le gazier vraiment attachant. Il en branle pas une, se comporte comme un chien, mais semble transcendé lorsqu'il apprend que Julie est enceinte. On se dit qu'il va se ranger des voitures, au contraire, il en profite pour faire un mauvais coup avec l'un de ses comparses en attaquant un caissier. Ils s'y prennent comme des manches et le pauvre Liliom se trouve acculé par les flics: plutôt que de se rendre, il se donne un coup de couteau qui sera fatal... Comme il reste 30 minutes de film, on se demande bien ce qui va se passer, et là juste après sa mort, 2 hommes blafards tout de noir vêtus viennent emporter son corps dans l'au-delà: petit passage relativement poétique et surréaliste et on se dit que le film va enfin prendre son envol... Ben non, il est reçu au commissariat du purgatoire comme il le fut dans une séquence précédente sur terre, les décors sont pauvres, les ailes dans le dos du commissaire sont pathétiques et on retombe dans un plan-plan poussif. Comble de la morale, Liliom a le droit de revenir sur terre après 16 ans dans les feux de l'enfer: il croise sa fille mais rapidement s'emporte et lui donne une tapette sur la mimine; il repart illico au ciel, avec une balance dans la justice du ciel nettement défavorable mais la mère et la fille se mettent à parler de lui et d'avouer en choeur que même lorsqu'il les bat, ça ne fait pas mal!!! Sa balance se redresse alors... C'est beau l'amour, mais pas sûr que le film ait un super accueil dans l'assoc "ni pute, ni soumise" (c'est toujours bon pour les mots clé en plus).
Quelques scènes où l'on sent un certain soin dans l'éclairage (au début du film sur la caissière notamment ou lorsque notre Liliom est emporté par les deux sbires au ciel), des dialogues qui tentent d'avoir une pseudo-gouaille un peu barbante - pas obligé de rajouter "pour ainsi dire" à chaque fin de phrase pour faire naturel - et une amourette aà laquelle on a vraiment du mal à croire de bout en bout. Lang est définitivement meilleur dans l'angoisse que dans la romance...