Journal de « Travers » (1976-1977),
deux tomes, Fayard (2007)
Journal romain (1985-1986), P.O.L.
(1987)
Vigiles. Journal 1987, P.O.L. (1989)
Aguets. Journal 1988, P.O.L. (1990)
Fendre l'air. Journal 1989, P.O.L.
(1991)
L'Esprit des terrasses. Journal 1990,
P.O.L. (1994)
La Guerre de Transylvanie. Journal
1991, P.O.L. (1996)
Le Château de Seix. Journal 1992,
P.O.L. (1997)
Graal-Plieux. Journal 1993, P.O.L.
(1998)
La Campagne de France. Journal 1994,
Fayard (édition originale : avril 2000 ; édition revue
avec « avant-propos de l'éditeur assorti de quelques
matériaux et réflexions pour une étude socio-médiologique
de “ l'affaire Camus ” » : juin 2000)
La Salle des pierres. Journal 1995,
Fayard (2000)
Les Nuits de l'âme. Journal 1996,
Fayard (2001)
Derniers jours. Journal 1997, Fayard
(2002)
Hommage au carré. Journal 1998,
Fayard (2002)
Retour à Canossa. Journal 1999,
Fayard (2002)
K.310. Journal 2000, P.O.L. (2003)
Sommeil de personne. Journal 2001,
Fayard (2004)
Outrepas. Journal 2002, Fayard (2005)
Rannoch Moor. Journal 2003, Fayard
(2006)
Corée l'absente. Journal 2004, Fayard
(2007)
Le royaume de Sobrarbe. Journal 2005,
Fayard (2008)
L'isolation. Journal 2006, Fayard
(2009)
Une chance pour le temps. Journal
2007, Fayard (2009)
IV. Notes sur les manières du temps,
P.O.L. (1985)
V. Esthétique de la solitude, P.O.L.
(1990)
VI. Du sens, P.O.L. (2002)
Topographie
Sept sites mineurs pour des
promenades d'arrière saison en Lomagne, Sables (1994) et
Onze sites mineurs pour des promenades d'arrière saison
en Lomagne, P.O.L. (1997)
Le Département de la Lozère, P.O.L.
(1996)
Le Département du Gers, P.O.L. (1997)
Le Département de l'Hérault, P.O.L.
(1999)
Demeures de l'esprit. Grande-Bretagne
I, Fayard (2008)
Demeures de l'esprit. France I,
Sud-Ouest, Fayard (2008)
Demeures de l'esprit. Grande-Bretagne
II, Écosse, Irlande, Fayard (2009)
Demeures de l'esprit. France II,
Nord-Ouest, Fayard (2010)
Demeures de l'esprit. Danemark
Norvège, Fayard (2010)
Demeures de l'esprit. France III,
Nord-Est, Fayard (2010)
Demeures de l'esprit. Suède, Fayard
(2011)
Demeures de l'esprit. France IV,
Sud-Est, Fayard (2012)
Demeures de l'esprit. Italie I, Nord,
Fayard (2012)
Demeures de l'esprit. France V,
Île-de-France, Fayard (2014)
Qu'
Qu'il n'y pas de problème de
l'emploi, P.O.L. (1994)
L’écriture n’a-t-elle pas été pendant des
siècles la reconnaissance d’une dette, la garantie d’un échange, le
seing d’une représentation ? Mais aujourd’hui, l’écriture s’en va
doucement vers l’abandon des dettes bourgeoises, vers la perversion,
l’extrêmité du sens, la folie, le texte...
R.B.
Denis Duparc est né dans le centre il y a un quart de siècle. Fils
d’un consul, il passe la plus grande partie de son enfance dans divers
pays étrangers, notamment en Italie et en Inde. Paris, Cambridge.
Lecteur dans une université américaine, il publie de nombreux articles
en anglais sur Pessoa, Roussel, Duchamp, le nouveau roman, Change,
Barthes, Ricardou, Wolfson, Mazo de la Roche, etc. Prépare un essai, en
forme de notes, sur Passage, de Renaud Camus. Il habite
New York.
Même le temps nous amuse, par ici.
Ce n’est pas seulement de minute en minute, qu’il change, mais
aussi d’un virage de la route au suivant — presque d’un bord à l’autre.
En plein soleil on peut jouer à s’enfoncer dans la brume et à s’y perdre,
disparaître.
Là, pfffftttt, plus là.
Comme jadis à San Francisco (« Est-ce que tu me souviens ? »), on entre
et sort des saisons à volonté : trois pas de côté et c’est l’automne, en
riant.
L’Amour l’Automne est le troisième volume de Travers
et le cinquième des Églogues, « trilogie [Passage,
Échange, Travers] en quatre livres [Passage, Échange,
Travers, Lecture (Comment m’ont écrit certains de mes livres)]
et sept volumes [Passage, Échange, Travers, Été (Travers II),
L’Amour l’Automne (Travers III), Travers Coda, Index & Divers (Travers
IV), Lecture (Comment m’ont écrit etc.)] »
homme marche bras levés au-dessus de la
tête, coudes à angle, s’arrête ainsi pour regarder les vitrines, repart,
s’arrête de nouveau, attend patiemment au feu vert, toujours les bras
levés, comme un qui
Travers Coda clôt la série des Travers,
tétralogie qui avec Passage et Échange, auxquels doit
s’ajouter un jour le “reader’s guide” Lecture (Comment
m’ont écrit certains de mes livres), constitue les Églogues,
« trilogie en quatre livres et sept volumes ». Au texte proprement dit
sont jointes une première ébauche pour un index général et deux églogues
oubliées, jadis publiées dans des revues.
Renaud Camus, né à Chamalières en 1946, auteur d’une centaine d’ouvrages,
est candidat à la présidence de la République.
ELEGIES
Les neuf textes
qui composent ce petit livre ont été rédigés sur presque une dizaine
d’année, à des moments perdus, pourrait-on dire, du moins pour les
premiers. Le vide, le regret, le silence et le temps qui passe ont eu
tout loisir, dès lors, de s’immiscer entre eux, parmi leurs paragraphes,
dans la matière même de leurs phrases, peut-être, et la couleur de leurs
mots ; c’est au point que ces proses ne trouvent leur résolution, sur le
tard, qu’autour de ce thème, absence, dont on dirait qu’elles
s’efforcent de constituer, distraitement, une sorte de bref traité,
mélancolique, ardent et souriant.
Les Élégies pour quelques-uns sont le livre compagnon
de Tricks, sa contre-épreuve, si l’on veut : mince puisque
Tricks est épais, discursif puisqu’il ne commente pas,
lyrique puisqu’il est impassible, sentimental puisqu’il ne parle que des
corps et des gestes.
« Si tout est signe, en effet, rimes, panneaux,
devinettes, flèches, énigmes, sibyllins messages d’un jeu de piste
éternel qui nous envoie toujours plus avant, plus profond, dans
l’infinie forêt des associations, des doutes, des regrets, pourquoi
négligerions-nous les signes épuisés, qui courtoisement nous avertissent
qu’ils ne sont plus signes que d’eux-mêmes, que leur sens les a quittés
(s’ils en eurent jamais), que les rues qu’ils nous proposent se sont
évanouies, les filiations éteintes, les gestes figés dans la pierre, le
marbre, le vent, les ruines même enfoncées dans les sables ? »
((L’Elégie de Chamalières (1989), P.O.L., 1991, pp. 39-40)
À l’initiative de la Maison des Écrivains, et
en rapport avec les bouleversements survenus à l’Est, douze écrivains
français sont partis à la fin de l’hiver 1990 dans plusieurs de ces pays
pour se mettre à l’épreuve des faits et en rapporter, en toute liberté,
leurs premières impressions.
Daniel Pennac et Jean-Marie Laclavetine se sont rendus à Yalta, lieu
symbolique où s’est effectué le partage de l’Europe.
Olivier Rolin a choisi de traverser les Républiques baltes, point
sensible de l’actuel empire soviétique.
Jean-Philippe Domecq a passé le mur de Berlin quelques jours après son
effondrement.
Jacques Roubaud est parti à la recherche de quelques-uns de ses amis
poètes de l’Allemagne de l’Est.
Didier Daeninckx a quitté l’Afrique et ses troubles du moment pour les
événements de Bulgarie.
Danièle Sallenave, séjournant d’abord à Sarajevo, a parcouru ensuite, en
tenant son journal de voyage, différentes régions de la Yougoslavie.
Marie Nimier a pris le parti de vivre le quotidien des habitants de la
banlieue de Prague.
Dominique Desanti, à travers la Pologne, a tenté de retrouver certains
de ses anciens étudiants.
Alain Nadaud a profité de l’occasion de se rendre dans ce même pays pour
voir ce qu’il en était d’Auschwitz, un demi-siècle après.
Leslie Kaplan, de passage en Roumanie, a porté son attention, entre
autres, sur l’état des hôpitaux de Bucarest et de ses environs. Renaud Camus, entre Buda et Pest, a donné libre cours à sa
perplexité face à une Hongrie illisible et déchirée.
« Trop d’assurance dans l’être nuit, et
vous fait être un peu moins là, dans cet ici brouillé que se disputent,
à force de syncopes savantes, l’anacrouse, l’évanouissement et l’éclipse
»
(Le Bord des larmes, p. 21)
Si d'écrire l'être et son chagrin les
fige, les affecte, les fausse, les sophistique et les met à distance,
comme ce sont eux qui sont écrits, transmués en mots, en phrases qu'on
pourrait isoler, citer, déplacer, attribuer à d'autres paragraphes et
corriger, allonger, racourcir, eux qui se voient érigés en littérature,
en somme, idéalement, bien sûr, les voilà pris, en effet, dans les
nervures et les réseaux de cette taxidermie lénifiante, le livre, très
insistante, toujours, en ses insinuations tranquilles, tacites et
consolantes, souvent, qu'ils ne sont eux-mêmes, eux, les objets de cette
transmutation cabalisitque plus ou moins réussie, qu'une pose, une
afféterie, voire une ombre, un fantôme, une création de l'esprit, un jeu
de mots. Les déboires sentimentaux ont leur annales et leurs chroniques,
et c'est la littérature, justement, qui les remplit le mieux.
(Le lac de Caresse)
« On fit pour lui un trou sous la façade au
midi, un peu à l’écart des autres chiens : c’est ainsi qu’il avait vécu.
Sa tombe se trouve exactement sous la fenêtre de son maître, celle d’où
vient la lumière à la table de travail, toute la journée. Et quand le
maître, pour mieux observer la campagne, fait quelques pas jusqu’à cette
embrasure, la pensée du Horla monte vers lui, de la dépouille enterrée
là, dix ou quinze mètres plus bas. Elle se mélange dans son regard au
paysage, à ces plateaux et ces collines, ces bois, qu’ils ont tellement
courus ensemble, l’homme et le chien. »
(Vie du chien Horla).
ELOGES
« Le
paraître fut inventé par tels qui jugeaient qu'exister, survenir,
s'en aller, mourir, ce n'était pas tout à fait suffisant, à la longue ;
qu'entre apparaître et disparaître il ne serait pas mal d'arrêter si
possible le temps, le temps du moins de tenter de lui donner une forme,
une saveur, une substance qu'on pourrait partager avec lui.
C'est le paraître qui de manger
fait un repas, d'aimer ou de souffrir une phrase, d'une journée
quelconque une date, d'un sacrifice une religion, de vivre un destin.
C'est le paraître qui de l'homme fait l'homme. »
Tout le monde devrait avoir lu ce livre,
il devrait faire partie de toutes les bibliothèques. De celles du moins
des personnes qui pensent que l'élégance de vivre avec soi et avec les
autres va bien au-delà de l'être, que l'apparence est signe, et signe
combien fondamental de ce que l'on est, de la vérité essentielle de
l'être. De celle, peut-être aussi, de qui vous écrase de ses bruits, de
son odeur, de sa fumée, de qui envahit indûment votre espace avec le
sien, vous impose son langage et ses manières… Mais celui-là, qui en
aurait besoin, ne le lira pas !
Ce livre tient pourtant bien en main. Il est léger, facilement
transportable. Il est constitué de paragraphes courts, aérés, séparés
par une étoile. Quant au style, il est parfait. Dire qu'il est clair,
raffiné, simple, que l'on voudrait écrire chaque phrase dans son agenda
ou son Journal intime, dire qu'on tient là le manuel de Savoir Vivre, de
Savoir Être, de Savoir aussi — ce peut être utile — Non Être, cela n'est
pas dire assez. Ce n'est pas dire ce Bien Être — tous les sens possibles
sont admis — qui empreint le corps et l'âme , cette adéquation entre les
mots sous les yeux, leur cheminement éblouissant dans l'esprit et la
sensibilité, et nous-même.
Il est d'usage, lorsque paraît un ouvrage, d'en signaler d'abord les
défauts, les manques. certains journalistes nous ont habitués à un
éreintement systématique, surtout lorsqu'il s'agit d'une parution de
Renaud Camus. Or, à moins d'être d'une mauvaise foi crasse, je ne vois
pas ce que l'on pourrait reprocher à l' Eloge du paraître.
Il est à mettre entre toutes les mains et dans toutes les têtes. Pour
qui ne lirait qu'un livre de l'œuvre camusienne, il faudrait lire
celui-ci. (Mais quel dommage alors de se priver des autres !)
« Comme la littérature et le style, mais à un
degré plus observable, mieux quotidien, plus commodément autopsiable, si
vous me pardonnez l’expression, la syntaxe est une inadhérence, une
inadhésion, une inappartenance, une solution de continuité, un défaut de
coïncidence, surtout, entre l’homme et sa parole, entre le moi et son
expression, entre l’être et l’infinité de ses possibles. Quand je dis
qu’elle est l’autre dans la langue, je veux dire aussi qu’elle est, pour
commencer, sinon l’autre dans le moi du moins sa condition, à défaut
d’être sa garantie : la garantie qu’il y a du jeu, de la place, de la
distance, un faste, un lieu d’accueil pour l’avenir. »
Sont réunis dans ce recueil les textes de trois conférences prononcées
par Renaud Camus, l’une à la Sorbonne le 25 novembre 2003, la deuxième à
la faculté des lettres de Dijon le 25 juin 2002, la troisième au Centre
culturel français de Séoul le 29 avril 2004. Ce sont trois éloges : de
la syntaxe, de la honte, du chuchotement. Soit respectivement : l’autre
dans la langue, l’autre dans la conscience, l’autre dans la voix.
(Syntaxe ou l'autre dans la langue et
autres conférences).
CHRONIQUES
À Loubeyrat, j'ai fait ma promesse, je crois bien, au cours d'un camp de
louveteaux. A l'ancienneté je suis ensuite devenu sizenier. Mes Blancs
se distinguaient par leur indolence. Je cherchais la popularité par le
laxisme, mon lieutenant par la poigne, il eut tôt fait de me supplanter.
Du scoutisme comme plus tard de l'équitation, je me rappelle surtout le
froid. Je n'ai plus jamais aussi froid maintenant. Est-ce que les
enfants ont plus froid ? Je ne passe plus d'hivers en Auvergne. Mais ces
culottes courtes, était-ce du sadisme ? Pauvres jambes blanches, genoux
saillants ! Il me semble que nous étions tous un peu rachitiques.
C'était l'époque, sans doute. Tous les films français d'alors, jusqu'à
la Nouvelle Vague, les scooters et les nettoyages de Malraux, montrent
une France sinistre, blafarde, noire comme une impasse de Marais ou une
pèlerine d'orphelin.
(Journal d'un voyage en France).
Ceci n’est pas un livre pornographique.
Ni exploitation commerciale du sexe, ni tentative de titillation du
lecteur : ratages et demi-fiascos, contingences et ridicules sont
relatés au même titre que les plaisirs les plus heureusement partagés.
Nulle prouesse.
Ceci n’est pas un livre érotique. L’art du narrateur, si art il y a, ne
consiste pas en un effort pour rendre plus poétique le récit, plus
culturel, plus relevé ni, partant, plus acceptable socialement. Pas
d’esthétisme.
Ceci n’est pas un livre scientifique, certes, pas même un document
sociologique. Les épisodes rapportés ne doivent leur agencement qu’au
hasard, ou aux déterminations les plus subjectives.
Ce livre essaie de dire le sexe, en l’occurence l’homosexe comme si ce
combat-là était déjà gagné, et résolus les problèmes que pose un tel
projet : tranquillement.
(Tricks).
« La note, le fragment, la contradiction, la
répétition, le « romanesque », l’autobiographie, le subjectif, la
citation, la nuance : ainsi l’homosexualité ne saurait se figer en
discours, en doctrine,
dans l’illusion de l’exhaustif, du définitif. Existence avant que d’être
essence, elle s’invente chaque fois pour chacun, à chaque rencontre, à
chaque mot. »
« Je me répète (je vais finir, si je n’y prends garde, par échafauder un
semblant de « thèse ») : la nature de l’homosexuel, sa « vérité »,
n’existe pas : elle n’est pas dans la femme, elle n’est pas dans la «
folle », elle n’est pas dans le « macho ». Vous n’êtes condamnés à rien.
Soyez ceci ou cela ou n’importe quoi si vous en avez envie, et encore
assurez-vous à deux fois que cette envie est bien la vôtre. »
Renaud Camus, né à Chamalières en 1946, diplômé d’Études Supérieures de
Droit et de Science Politique, diplômé de l’Institut d’Études Politiques
de Paris, maître en Philosophie, est un écrivain multiple, éclaté, qui
intervient en des points très divers de l’activité littéraire. Il semble
être le maître-d’œuvre d’une vaste entreprise romanesque, à l’écriture
savante et complexe, Les Églogues dont sont déjà parus
quatre volumes, Passage (1975), Échange
(1976), Travers (1978) et cette année Travers II (Eté).
Plus limpides et même d’une rare transparence sont ses chroniques
autobiographiques, Tricks (1979), relations d’une acuité
toute photographique, sans commentaire aucun, de rencontres
homosexuelles (une nouvelle édition, complétée, paraît ces jours-ci) et
Journal d’un Voyage en France (1981). Ses essais, ou Miscellanées, sous forme de recueils de fragments, sont
consacrés aux niveaux de discours dans la vie quotidienne, comme
Buena Vista Park (1980), ou à l’homosexualité, comme ici ; ils
pourraient l’être, dans l’avenir, aux manières de ce temps ou à la
situation culturelle. Renaud Camus prépare aussi un roman, cette fois
linéaire de style et traditionnel d’expression, un « roman historique
moderne », Roman Roi.
(Notes achriennes).
Voici ce soir un extrait des
Chroniques Achriennes (p154).
Le chapitre, intitulé Pompiers, est un peu long à retranscrire en entier.
Les faits relatés sont les suivants : R.C. dort paisiblement avec un
camarade lorsque les pompiers de Paris font irruption dans son
appartement, cherchant à résoudre un problème d'écoulement d'eau en
provenance de l'appartement voisin. Une fois le problème résolu, le
regard des pompiers accroche une photo un peu explicite (un pompier de
plus que prévu, en quelque sorte) qui trainait sur le bureau, destinée à
servir d'illustration à un article de Gay Pied.
Cette situation cocasse suscite alors le texte qui suit :
La conviction que le sexe, dans tous les sens du mot, doit faire l'objet
d'une discrétion particulière, doit être caché, tenu à distance, enrobé
de périphrases, cette conviction-là ne nous semble, à beaucoup d'autres
et à moi, qu'une longue et pénible maladie de civilisation. Et pourtant,
ceux qui continuent à en être atteints, nous nous comportons à leur
égard comme si c'étaient nous les malades et comme si nous leur devions,
par pudeur, de leur cacher les traces de nos maux. De fait, leurs sales
idées, leurs valeurs perverties, la gangrène de leurs blèmes aigreurs
nous ont contaminés, peut-être à jamais : il n'est pas jusqu'à
l'homophobie, parmi elles, qui n'infecte encore les homosexuels
eux-mêmes. Nous avons beau être débarassés d'elles, intellectuellement,
elles nous reviennent et remontent en nous à la première occasion, par
surprise, en vieux réflexes, et nous ne songeons pas à les chasser alors
qu'elles n'ont jamais songé, depuis toujours, qu'à nous gâcher la vie.
Manières du temps est un recueil de
fragments de taille variée et de caractère autobiographique, romanesque
et fortement digressif ; tous ont pour prétexte néanmoins la question
des
manières
(ou de leur défaut) dans la vie sociale aujourd'hui.
Il ne s'agit nullement d'une anthologie plus ou moins modernisée des
préceptes classiques du savoir-vivre, encore moins d'un tableau de la “
mondanité ” au sens étroit, mais plutôt d'une série d'épisodes ou de
saynètes touchant au plus quotidien de l'existence en commun : manières
des garages, des cafés, des restaurants, des hôtels, des cinémas, des
théâtres, des chauffeurs de taxi, des agents de police, des douaniers,
des journalistes, des employés de banque ; rites du bonjour, du pardon,
de l'invitation à dîner, du petit déjeuner, de la drague, de la
correspondance, de la galanterie ; syntaxe de l'escalier, de la porte,
de la banquette, du sentier de montagne.
Le thème central des manières est orchestré par une réflexion
fragmentaire et récurrente sur la nature et la culture, la sincérité et
la politesse, la franchise et la distance, la subjectivité et la
profondeur, la simplicité et le décorum, et sur leurs antinomies réelles
ou prétendues : déjà exploitée par Renaud Camus dans Buena Vista
Park et dans toute son œuvre, la bathmologie, science à demi
sérieuse des degrés, des niveaux de langage et de comportement, devient
ici un véritable instrument d'investigation. Mais les figures qu'elle
révèle sont soumises à variations par les voyages, ceux d'une écriture
baladeuse, qui ne tient pas en place, et ceux d'un écrivain promeneur,
de l'Espagne à l'Italie, de la Yougoslavie à la Grèce, du métro parisien
à un vallon perdu de Naxos. Le tout s'ordonnant autour d'une conviction
discrète mais obstinée : la nécessité “ politique ” d'une nouvelle
urbanité.
Son éditeur souhaiterait un titre pour ce
livre, que je ne puis éternellement appeler Notes sur l’art, la langue
et la situation culturelle, tandis que Mélanges d’esthétiques et de
morale risquerait bien d’obtenir, non plus, qu’un assentiment mitigé, de
la part de MM. les Représentants. Diable, grave question. J’en discute
avec mon irremplaçable “ Grand ami Hubert ”, ou Flatters, qui prend
toujours pour moi toutes décisions importantes, en ces domaines. Que
dirait-il de Contre le siècle ? Rien de trop bon, justement. Il ne faut
pas être contre, à l’en croire. Les pensées contre sont des pensées
mortes. Et d’ailleurs je ne serais pas si hostile au siècle, d’après lui,
que je veux bien le prétendre.
“ Quoi, tous ces malotrus, au niveau du vécu, très passionnant et les
paysages massacrés ?
— Oui, mais tu n’as rien contre l’art contemporain, par exemple ? ”
J’admire au passage le par exemple, et suis bien obligé de répondre que
non. Exit Contre le siècle, donc.
“ Et quelle serait ton opinion, alors, sur Esthétique de la
solitude ?
— Esthétique de la solitude ? Mais c’est un pléonasme !
Marginale en apparence, la question de savoir si
la Turquie doit ou non faire partie de l’Europe en implique par
contrecoup toute une série d’autres, qui elles sont tout à fait
centrales, et pas seulement dans le domaine politique, mais
philosophique aussi bien, voire ontologique et d’abord sémantique. Il en
va en effet du sens de mots tels qu’Europe, européen, France, français,
anglais, italien et autres adjectifs de nationalité, par exemple. Mais
de proche en proche il en va bientôt du sens de tous les mots, et
finalement du sens tout court, du sens du sens.
Les termes de ce débat, vingt-cinq siècles après, ramènent nécessairement
à l’inépuisable dialogue entre Cratyle et Hermogène, chez Platon.
Globalement on peut dire qu’Hermogène a raison, de plus en plus raison,
et que Cratyle a tort, de plus en plus grand tort. L’ennui est que
Cratyle n’a pas tout à fait tort, d’une part ; et que son tort, qui pis
est, se révèle souvent plus séduisant, plus riche, plus littéraire que
la raison d’Hermogène (et peut-être plus protecteur de la personne) — de
sorte qu’on n’échappe guère à la tension maintenue, entre les positions
de l’un et de l’autre ; ni n’arrive-t-on seulement à le souhaiter
vraiment.
Indéfiniment vibrante, la corde tendue par leur échange définit un grand
arc où n’a pas de mal à se loger une discussion détaillée, point par
point, ligne à ligne, de ce qui fut en son temps l’« affaire Renaud
Camus ».
(Du sens).
VAISSEAUX BRÛLES
J’aime : les yeux verts, les cheveux courts, les
yeux bleus, les yeux noirs, Valentin de Boulogne, les fenêtres,
Saint-John Perse, les poils, l’Italie, les terrasses, la cuisine
japonaise, les mains sur l’épaule, Conversazionne in Sicilia, le jambon,
Valery Larbaud, Montpellier, les jardins botaniques, Johannes Brahms, La
Symphonie lyrique, le ney, les musiques du monde, le foie gras, le
champagne, le pain grillé, les œufs sur le plat, le canard, Othmar
Shoeck, le caviar, les balustrades, vivre au-dessus des arbres, vivre
au-dessys de mes moyens, la poèsie de Paul-Jean Toulet (passionnément),
tous les pays du monde, l’érudition, les voix, la marche à pied, la
couleur beige soutenu légèrement rosé des feuilles qui sont encore sur
les chênes en janvier, la viande, la cuisine brésilienne, la cuisine
argentine, les petits trapus, William Turner, Cecco Bravo, le jus de
poire, la clarinette, la géogrpahie, l’histoire, la Castille intérieure,
les drapeaux, le vent, Rome, les couleurs de Rome, Virginia Woolf,
Cingria, l’amour face à face, les nuages, le quatuor à cordes, le
château de Lavarden, les moines tibétains, la salade verte, le Kurdistan
indépendant, Sandro Penna, Pao Pao, les églises romanes, les garçons
romans, Jean-Paul Marcheschi, György Ligeti
(P.A. Petites Annonces).
«
I. Ne lisez pas ce livre ! Ne lisez pas ce livre ! »
Tel était le premier des 999 paragraphes de P.A. (Petite
Annonce), volume publié aux éditions P.O.L. en 1997.
Depuis lors P.A. s'est vu installer sur le net, l'espace qui lui était le
plus approprié, et même le seul adéquat, peut-être, tant le cours du
récit est du sens, en cette Annonce, loin d'être tendu de façon linéaire,
du début vers une fin, comme dans les livres ordinaires, était fertile
en carrefours, au contraire, en chemins de traverse, en pertes, en
cavatines, en cavernes, en abymes — parenthèses dans la parenthèse et
notes à la note à la note à la note, indéfiniment. En ce transfert d'un
monde à l'autre, P.A. est devenu Vaisseaux brûlés,
gigantesque atelier en expansion permanente, où chacun des paragraphes
de l'ouvrage initial, chacune de ses phrases, chacun de ses mots, a
vocation à engendrer un littérature arborescente, au gré de remords et
d'ajouts.
Pour ceux que n'inspirent pas le ciel cybernétique, cependant, et qui
restent fidèles à l'encre et à la page, retour entre vos maisn à
l'édition classique : Ne lisez pas ce livre ! présente sur
papier la postérité à ce jour du premier paragraphe de P.A.
et donc de Vaisseaux brûlés (http://www.renaud-camus.net/vaisseaux-brules/).
Un répertoire indique l'ordre des textes dans l'espace virtuel, tandis
qu'une table des matières, selon l'usage, les énumère d'après leur
succession de fait, à l'intérieur de ce volume. Entre ces deux ordres
lisez, ne lisez pas, levez les yeux, promenez-vous, ne lisez pas, lisez.
Il se présente sous un faux nom. Son vrai titre est (« Pallaksch,
Pallaksch »). Mais ce titre était déjà pris, par un recueil de nouvelles
de Liliane Giraudon, paru aux mêmes éditions P.O.L.
(« Pallaksch, Pallaksch ») est le dernier vers du poème de Paul Celan,
Tübingen, Janvier. Ce sont les mots que prononçait Hölderlin dans sa
tout, à Tübingen, quand il voulait signifier à la fois oui et non. Dans
le même temps il refusait qu’on l’appelle Hölderlin et demandait qu’on
le nomme Killalusimeno.
Lors de leur dernière entrevue, le jeudi saint de 1970, Heidegger proposa
à Celan, pour l’été, un voyage en commun “ sur les sites hölderliniens
du haut Danube ”. Mais Celan se jeta dans la Seine, le 20 ou le 21 avril,
du haut du pont Mirabeau.
Un roman, si l’on veut. On y croise aussi Ungern von Sternberg, Héraclite
l’Obscur, “je”, W., Warhol et le chien Horla
(Killalusimeno, Vaisseaux brûlés II).
Est-ce que tu me souviens ? est un livre tout à fait autonome,
et ce n'est pas un « hyperlivre ». Néanmoins c'est une partie de
l'immense hyperlivre Vaisseaux brûlés, lui-même extension
en arborescence de P.A..
Outre P.A. soi-même, qui offre à Vaisseaux brûlés
la structure centrale de ses 999 paragraphes, sont déjà parus sur papier,
tirés du même ensemble en extension permanente, Ne lisez pas ce
livre !, arborescence du paragraphe 1 de P.A. (1.
Ne lisez pas ce livre ! Ne lisez pas ce livre !), et Killalusimeno,
arborescence du paragraphe 2 (2. Oh ! Laissez-le dormir, je vous en prie
! Laissez-le reposer parmi les arcanes silencieux et profonds, profonds
comme quarante univers, quarante mille, quarante millions, de tout
l'écrit qui n'est pas lu ** (536) ! Ne l'en arrachez pas pour rien !).
Un titre précédemment envisagé pour ce livre fut : Lancement des
protocoles de réseaux.
Comme quoi, sa partie faite, il se déroba, faute d'autres, inintelligible
à descendre dans tous ces détails. Est-ce que tu me souviens ?
Seul ce qui se dresse peut choir puis être étendu ; et seul ce qui
s'étend peut être levé puis se dresser. You said hi ! and I said wow,
nice dog ! Ainsi, on découvre une fort belle bâtisse, des œuvres
sélectionnées avec rigueur et, ce qui est moins courant, un voile est
levé sur l'intimité d'un écrivain contemporain. À noter quelques plans
particulièrement bandants : Troy Rider replié sur lui-même se suce la
bite pendant que Brian Daniels le saute ; Tom Chase (traditionnellement
actif) se fait défoncer par Mike Branson. C'est aussi, d'une certaine
manière, ce qui se passe dans ce livre, écrit non par la personne dont
le nom s'expose sur la page-titre, mais bien par toutes les voix,
diverses et nombreuses, qui forment cet ouvrage de pure compilation et
donc, pour ce motif, entièrement vrai.
(Est-ce que tu me souviens ?, Vaisseaux
brûlés 2-2-37-1).
ECRITS POLITIQUES
Sans contester la validité de la lutte
contre le racisme ni l’honneur de ceux qui en furent les pionniers,
Renaud Camus fustige l’aveuglement que le « communisme du XXIe siècle »
(selon l’expression d’Alain Finkielkraut pour désigner l’antiracisme
dogmatique), impose, en s’appuyant sur la déculturation de masse, à la
société française quant à son destin. Nous n’allons pas, explique-t-il,
vers un fraternel mélange de cultures, mais, entre violence et
enseignement de l’oubli, vers un rapide réensauvagement de l’espèce. À
quelques mois de l’élection présidentielle — « peut-être la dernière
chance » —, Camus met en garde aussi contre les remèdes « pires que le
mal », tel le vote Le Pen…
Sans crainte des tabous, sans provocation gratuite, mais avec une concise
gravité, ce pamphlet va droit au but : mettre en lumière, avant qu’il
soit trop tard, une entreprise de nivellement et d’intimidation qui,
selon lui, promet à une rapide disparition une culture, un art et un
mode de vie naguère admirés parmi les plus précieux — la civilisation
française
(Le Communisme du XXIe siècle , précédé de
la Deuxième Carrière d'Adolf Hitler et suivi de Que va-t-il se passer ?
et de Pire que le mal).
Amis du Désastre et Niveau-montistes sont formels
: la culture s’est répandue dans toutes les couches de la population. Ce
livre soutient le contraire.
Si la culture s’est répandue, selon lui, c’est comme le lait de
Perette : plus la culture est diffusée, moins il y en a pour chacun et
moins elle a de consistance. Lorsque les trois-quarts d’une génération
accèdent au baccalauréat, le niveau de connaissance et de maturité
qu’implique ce diplôme est à peu près celui qu’atteignaient au même âge
les trois-quarts d’une autre génération, quand personne ne songeait à
nommer cela baccalauréat, à peine certificat d’études. L’université fait
le travail des lycées, les lycées celui des écoles primaires, les
classes maternelles celui que les parents ne font pas, ayant eux-mêmes
été élevés par l’école de masse, qui a formé la plupart des nouveaux
enseignants. Arte, France Culture ou France Musique se consacrent aux
tâches jadis dévolues aux chaînes généralistes, celles-ci imitent les
postes et stations de divertissement. Tout a baissé d’un cran. C’est la grande déculturation. Et si les journaux n’ont plus de
lecteurs, c’est en grande partie parce que leur public potentiel ne sait
plus lire, même des phrases de plus en plus simples et de plus en plus
fautives, avec de moins en moins de mots.
Le paradoxe est que l’objectif quantitatif, qui est au coeur de
l’ambition démocratique en sa transposition culturelle, fait partout le
lit de l’argent, par le biais de la publicité, des taux d’audience et
des lois du marché. C’est ainsi que le Louvre devient une marque, etc
(La grande déculturation).
Fondé par Renaud Camus en 2002, le parti de
l’In-nocence s’organise autour des valeurs de civisme, de civilité, de
civilisation, d’urbanité, de respect de la parole et d’« in-nocence »,
c’est-à-dire de non nocence, d’aspiration à la réduction des nuisances.
Fondateur, pour l’écrivain, le concept d’in-nocence lui paraît de nature
à faire la liaison entre trois domaines qu’on aurait tout intérêt selon
lui à envisager ensemble, à savoir le politique, l’écologique, et un
troisième plus vaste et plus flou, ce qui concerne les mœurs, les
manières, les comportements de la vie quotidienne, et qu’il propose plus
ou moins sérieusement d’appeler le mœursal puisque le terme de moral est
déjà retenu ailleurs, pour le meilleur et pour le pire.
Il s’en explique dans son introduction à cette anthologie. Sont regroupés
entre ces pages, par ordre alphabétique, les différents chapitres du
programme du parti de l’In-nocence, nombre des communiqués publiés par
lui presque quotidiennement depuis 2002, une sélection d’interventions
d’internautes sur le site du parti ( www.in-nocence.org ), et des
extraits des éditoriaux de Camus, dont certains ont déjà été publiés
d’autre part : La Dictature de la petite bourgeoisie (Privat),
Le Communisme du XXIe siècle (Xenia), La Grande
Déculturation (Fayard).
Les thèmes les plus présents, outre nocence et in-nocence, sont ceux qui
concernent l’éducation, l’école, la culture, la civilisation et son
éventuelle substitution à l’occasion de ce que l’In-nocence appelle le
Grand Remplacement, le changement de peuple, en lequel il voit le
phénomène le plus important, et de très loin, de la situation actuelle,
et sans doute de toute l’histoire de notre pays.
(Abécédaire de l'In-nocence).
Décivilisation est le livre
frère de La Grande Déculturation. Comme il faut espérer
que tous les lecteurs du nouveau volume n’auront pas lu le précédent, il
commence par le reprendre et résumer, sous des angles nouveaux, avant de
le prolonger, mais de le prolonger vers l’amont, si l’on peut dire,
d’aller en deçà, de s’interroger sur des problèmes qui sont antérieurs
et, si l’on veut, plus fondamentaux encore que ceux qui étaient abordés
dans le premier de ces deux essais.
Si La Grande Déculturation se
penchait sur les questions relatives l’école, Décivilisation,
dès sa première phrase, fait porter la réflexion sur un amont de l’école,
sur l’éternelle distinction entre instruction et éducation, sur les
obstacles à la transmission — des connaissances, mais aussi des
aptitudes à la vie en société — tels qu’ils se manifestent dans les
nouveaux rapports entre les générations, à l’intérieur des familles, au
sein d’une société où l’exigence d’égalité, s’étant imposée entre les
sexes, prétend triompher aussi entre les âges, à présent, entre les
niveaux d’expériences, entre ce qui surgit et ce qui est consacré par le
temps (et du coup de l’est plus). Y a-t-il des limites à l’égalité, y
a-t-il des champs où la démocratie soit hors-champ, et si oui lesquels :
la famille, la culture, l’art, l’art de vivre ? et si non, quelle
société nous est promise ?
(Décivilisation).
« Pouvez-vous développer le concept de Grand
Remplacement ?
— Oh, c’est très simple : vous avez un peuple et presque d’un seul coup,
en une génération, vous avez à sa place un ou plusieurs autres peuples.
C’est la mise en application dans la réalité de ce qui chez Brecht
paraissait une boutade, changer de peuple. Le Grand Remplacement,
le changement de peuple, que rend seule possible la Grande Déculturation,
est le phénomène le plus considérable de l’histoire de France depuis des
siècles, et probablement depuis toujours. »
Renaud Camus
(entretien pour Le Nouvel Observateur)
Ce livre réunit, outre le bref entretien cité ci-dessus,
trois allocutions prononcées par Renaud Camus – la première, “ Le
Grand Remplacement ”, à Lunel le 26 novembre 2011 ; la deuxième,
“ La Nocence, instrument du Grand Remplacement ”, à Paris
le 18 décembre suivant, lors des Assises sur l’islamisation de l’Europe
; la troisième à l’Assemblé nationale, salle Lamartine, le 6 janvier
2011, à l’occasion des États généraux de l’Indépendance : “ Que
peut être une pensée libre aujourd’hui ? ”.
Renaud Camus, écrivain, est l’auteur d’une centaine d’ouvrages,
romans, essais, volumes de journal, églogues, élégies, topographies et
la série des Demeures de l’esprit. Président du parti de l’In-nocence,
il en sera le candidat pour l’élection présidentielle de 2012 s’il
obtient les nécessaires promesses de parrainage.