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5 décembre 2009 6 05 /12 /décembre /2009 18:17

Après Popenguine, nous partons en direction du Nord du Sénégal, vers la ville de Saint-Louis : c'était la capitale du pays à l'époque coloniale, aujourd'hui ça reste encore une ville très importante au niveau économique, notamment avec son port de pêche.

Nous étions désormais bien rodés dans la négotiation des prix des transports, et les gares routières ne nous impressionnaient presque plus :) Par contre, nous avons fait le trajet avec deux changements de taxis-brousse, et sur le dernier morceau (environ 3 heures de route) nous avons eu le "malheur" d'arriver en dernier, et donc il ne restait plus que des places sur la banquette arrière. Il faut savoir que la banquette arrière, en taxi-brousse, c'est pire que tout !!!  On ne peut pas s'assoir droit dans le siège sinon la tête touche le toit, et lorsqu'on s'affaisse au fond du siège pour ne pas toucher la tête, ce sont les genoux qui sont ecrasés contre la banquette du milieu. Mais bon, il a fallu faire avec. La première heure ça allait, mais ensuite est arrivé progessivement un mal de fesses terrible !!! On ne savait plus comment se mettre. Ce qui m'a impressionné, c'est que le passager qui occupait la troisième place de la banquette arrière (eh oui, on y rentre aussi à 3, même si elle est plus petite que celle du milieu !!) n'a jamais bronché, ni émis le moindre son qui trahirait que lui aussi avant si mal aux fesses !! Mystère...

Nous avions prévu de passer 5 nuits près de la Langue de Barbarie, dans sa partie Sud, avant d'aller passer 3 nuits au Parc du Djoudj, la troisième réserve ornithologique du monde, qui se trouveà 1h30 au Nord de Saint-Louis, à la frontière avec la Mauritanie.

Commençons donc par la Langue de Barbarie : c'est un curieux phénomène géologique qui est malheureusement en train de disparaître : une langue de sable  de 30 km de long et 100 m de large qui sépare la mer du fleuve Sénégal sur plusieurs kilomètres. Au niveau de Saint Louis la Langue de Barbarie est habitée, mais dans sa partie Sud c'est un parc national, où se retrouvent beaucoup d'espèces d'oiseaux pour nicher à la période de reproduction (sternes, hérons, limicoles...). Or cette curiosité naturelle est en train de disparaître, car en 2003, lors d'une grosse inondation de la ville, quelqu'un a eu la bonne idée de creuser en urgence une brèche de 4 m dans la Langue juste sous la ville de Saint-Louis, pour que les eaux de crues s'échappent plus facilement. Sauf que cette brèche n'a pas été stabilisée, et s'est donc agradie au fil des entrées et sorties d'eaux, jusqu'à mesurer aujourd'hui près d'1,5 km de large !!!!!! Du coup l'embouchure naturelle du fleuve se referme progressivement, et des changements radicaux sont apparus pour les hommes et la nature : les eaux profondes qu'utilisaient les villageois se sont salinisées, les zones de reproduction des oiseaux connaissent désormais un marnage qui limite l'espace disponible pour nicher, les lagunes intérieures se sont aussi salinisées, ce qui signifie que certains oiseaux ne peuvent plus s'y nourrir, et qu'une certaine sorte de crabe prolifère sans limites. En plus, il paraît que désormais la ville de Saint-Louis est encore plus sensibles aux inondations qu'avant !!! Autant dire que cette idée de brèche n'a rien résolu, au contraire.

Lors de mes recherches, je n'avais pas trouvé de campement de tourisme solidaire là-bas, donc finalement on s'était décidé pour un campement tenu par des suissses, et qui disposait de panneaux solaires (c'est déjà ça !).
Le premier soir, on a décidé d'aller faire un tour au village de Mouït, à côté duquel se trouvait le campement. Les villageois qu'on y a rencontré semblaient curieux et contents que l'on se balade dans le village, et les petits enfants venaient tous nous serrer la main. On s'est dit que la plupart des touristes qui venaient au campement ne devaient jamais aller au village. Nous nous y sommes rendus assez souvent, surtout pour acheter des bouteilles d'eau et du pain pour le petit déjeuner. On trouvait ça assez important de faire marcher les petits commerces du village au lieu de donner encore plus de sous au campement. Il n'y avait pas de restaurant au village, donc on ne pouvait pas manger là-bas, mais nous avons découvert un petit "resto" au niveau des installations du parc national : le matin on disait aux femmes des villages voisins qui géraient ces installations ce que l'on voulait manger le soir, et elles nous amenaient le repas au "resto" et le faisaient réchauffer sur place. Du coup on mangeait pour pas grand chose, de vrais repas sénégalais, et les villageois profitaient plus de notre présence !

Par contre je dois avouer après 10 jours de douche au filet d'eau, cela faisait un bien fou de pouvoir se laver les cheveux correctement, avec une douche qui coulait bien et attention !!! qui avait aussi de l'eau chaude !!!! Il faut dire qu'à Saint Louis il fait plus frais, et un soir j'ai même mis ma polaire ! Incroyable :)
Par contre, on a été très déçu par le repas, genre Schnitzel et spaghettis. On ne voulait pas manger suisse au Sénégal quand même ! Du coup, on était d'autant plus contents de pouvoir manger des repas préparés par les femmes au "resto" du parc national.

Pendant notre séjour là-bas, on a fait essentiellement des balades dans le parc et ses environs, et une journée à Saint Louis. On a traversé une fois le fleuve en canoë depuis le campement pour aller sur la Langue de Barbarie, c'était merveilleux car on était seuls sur cette longue plage déserte et superbe.

Quelques photos :

Vue sur le fleuve depuis notre case...(tout à gauche, c'est la Langue de Barbarie qu'on voit)

Coucher de soleil sur le fleuve

Lagune près du village de Mouït, situé à côté du campement (il paraît que le nom "Langue de Barbarie" vient des figuiers de Barbarie, ces cactus qui sont à gauche sur la photo)

Grande plage déserte et sauvage de la Langue de Barbarie : on se sent seuls au monde...

Armée de crabes, 1er bataillon

Sur la Langue de Barbarie, côté fleuve : 2ème bataillon de l'armée des crabes

Ces crabes s'appellent "crabes violonistes", car les mâles ont une grosse pince qui ne sert qu'à impressionner les femelles !! Ils ne peuvent même pas manger avec !

Calao à bec noir

Oedicnème du Sénégal : on les a vus partout, ils ne sont pas farouches du tout ! Rien à voir avec nos Oedicnèmes criards européens...

Balade le long du fleuve à marée basse

Pirogue sur le fleuve

Une tortue Sulcata à la réserve de Guembeul, une petite réserve que l'on a visité et qui avait quelques tortues dans des enclos (on n'a pas trop compris pourquoi elles étaient dans des enclos, mais bon...)

Nous pouvions difficilement passer par le Nord du Sénégal sans visiter Saint Louis, c'est pourquoi nous y avons passé une journée presque complète, qui était d'ailleurs une des plus fatiguantes du voyage !
C'était possible d'appeler un taxi depuis l'hôtel, mais on se doutait que ce serait bien plus cher que si on prenait un taxi "au hasard" sur la route. Vers 8h nous avons donc marché jusqu'au village, où on nous a indiqué qu'il y avait plein de taxis qui passaient. Une heure après on attendait toujours, et quand on a redemandé au même bonhomme, il nous a dit que c'était normal, que les taxis venaient vers 9h, quand le marché du village commençait. Notre premier sentiment était "il n'aurait pas pu nous le dire avant ??" mais bien vite on s'est détendu en se disant qu'au Sénégal, c'est toujours comme ça, il ne faut pas mal le prendre !!
Et effet vers 9h plusieurs taxis sont arrivés, et nous avons pu partir pour Saint Louis. A Saint Louis, nous avons pris un guide qui nous a fait visiter la ville pendant 3 heures, à pied, c'était super. Saint Louis est construite sur une île sur le fleuve, qui est rattachée au "continent" par un seul pont de l'époque d'Eiffel, et qui est également rattachée à la partie Nord de la Langue de Barbarie, où se trouve le quartier des pêcheurs, avec l'une des densités humaines les plus importantes au monde ! Plus de 20 000 personnes sur 0,3 km²...

Voici quelques photos :La plupart des bâtiments de Saint Louis sont d'anciens entrepots, au-dessus desquels vivaient les gens.

Au détour d'une porte, une petite cour intérieure très calme. Le guide nous explique que tous les matériaux de construction des anciens bâtiments viennent de la France !


Vue depuis l'île principale vers l'île des pêcheurs

La visite du marché au poissons de ce quartier de pêcheurs était particulièrement forte en... odeurs, puisqu'il y avait des poissons littéralement partout. En train de cuire dans des braises, en train de sécher sur des étalages, en train de bouillir dans des sortes de bassines posées à même le sol (on y mettait presque les pieds si on ne faisait pas attention), des morceaux écrabouillés par terre, en train d'être chargés dans des camions "frigorifiés" (comprendre : dans lesquels il y avait de la glace)... Ce que je trouvais le pire c'était qu'on était en claquettes, et parfois on n'arrivait pas trop à comprendre sur quoi on marchait : un espèce de mélange entre de la terre, du sang de poisson, des cadavres de poisson, de l'eau de mer... Enfin bref, une expérience intéressante mais uniquement pour les estomacs bien accrochés ! Le mien n'étant en général que moyennement accroché, je respirais constamment par la bouche pour ne pas trop sentir les odeurs. Du coup j'ai toussé pendant 30 minutes après car j'avais avalé tellement de poussière !!
Par ailleurs, grâce au fait qu'on était avec un guide, on était assez tranquille, ce qui explique aussi pourquoi on a pris des photos...

Le quartier des pêcheurs, sur la Langue de Barbarie, côté océan

Côté fleuve, le marché aux poissons


Vue sur le marché aux poissons depuis l'île principale

Une petite anecdote : nous avons remarqué que partout dans Saint Louis, il y avait des chèvres et surtout des moutons. Le guide nous a expliqué que les chèvres et moutons dorment dans la maison la nuit, et la journée vont se nourrir en parcourant les rues. Le nombre particulièrement élevé de moutons était dû à l'approche de la Tabaski, grande fête musulmane où tout chef de famille pouvant se le permettre se doit d'acheter un mouton qui sera cuit et partagé avec toute la famille et même les voisins, amis, etc. Du coup le prix du mouton monte très haut, et les moutons, notamment les béliers, sont "exposés" dans la rue, attachés par un pied à un piquet. Nous avons aussi vu des marchés aux moutons avec une quantité inimaginable de moutons, qui sont ensuite transportés soit en "laisse" (pour les plus rétractants, les gens tirent sur leurs cornes pour les faire avancer ou bien portent leurs pattes avant) soit en voiture, dans ce cas ils sont emmitouflés dans un sac, avec juste la tête qui dépasse, et attachés sur le toit. Nous avons vu une voiture avec 6 béliers sur le toit !!! Et j'en ai même vu un en train de se faire charger dans le coffre ! C'est une fête très importante pour eux, et nous regrettons d'être partis à peine quelques jours avant.

 

La suite de notre séjour nous mène au Parc national des oiseaux du Djoudj... Prochaine destination, prochain article !

 

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commentaires

C
<br /> Hé bé, quel voyage ! un sacré dépaysement en tout cas !<br /> Les couchers de soleil m'ont époustouflée ! Sinon j'ai bien rit aussi en voyant la photo des phacochères : j'en ai jamais vu et cela me fait penser au Roi Lion (c'est pas ton film préféré Marie<br /> ??). En tout cas, bravo pour votre tourisme "écolo", moi, bien que je sois pas trop chochotte je sais pas si je supporterais transports avec odeur, chaleur et pas de place ni le harcèlement<br /> continuel !<br /> Merci Marie de ton récit et plein de grosses bises !<br /> <br /> <br />
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M
<br /> C'est un véritable régal de lire le récit de vos aventures!Tu devrais vraiment te convertir en "travel writer"! J'ai hâte d'avoir la version longue, photos à l'appui à Noël. Bisous Mum<br /> <br /> <br />
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V
<br /> Salut!<br /> Super voyage plein d'aventures!<br /> Les photos du pélican à l'envol sont sympa. Le Bengali zébré est trop joli!<br /> Les Sénégalais mangent des figues de Barbarie? On en a dans le Var. C'est pas trop mauvais mais guard aux épines!!!<br /> <br /> <br />
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  • : Après 2 ans et demi à Hambourg au Nord de l'Allemagne, nous voilà partis pour 2 ans d'expatriation à Séville, tout au Sud de l'Espagne. Un changement radical!...
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