Quand passent les cigognes

J’ai visionné récemment, via internet, le film « Quand passent les cigognes ». Je l’avais vu alors que j’étais à l’Ecole Normale, c’est donc il y a plus de cinquante-cinq ans. Je n’en avais gardé que des images assez floues. Je sais qu’en son temps il m’avait ému.

Tatiana Samoïlova est d’une fraîcheur remarquable dans la première partie du film qui se déroule juste avant la guerre. Véronika et Boris sont amoureux mais Boris va se porter volontaire pour aller combattre. Véronika va connaître la violence des bombardements aériens qui détruisent son appartement et tuent ses parents. Réfugiée dans la famille de Boris, elle est sans nouvelles de celui-ci. Boris meurt sur le front près de Smolensk. Au moment de sa mort il vit en rêve la scène de son mariage avec Véronika telle que celle-ci l’avait décrite.

Les bombardements n’épargnent pas le logement de la famille de Boris et Mark, le cousin de ce dernier, pianiste de son état, exploite la situation. Elle se solde par son mariage avec Véronika. Avec Fiodr Ivanovitch, le père de Boris, major dans l’armée, Véronika et Mark sont évacués en Sibérie. Véronika s’occupe des blessés qui sont accueillis dans l’hôpital installé là. Mark est un « planqué » de l’arrière. Il participe à des futilités et doit tromper sa femme. Je me suis remémoré la scène de l’écureuil que Boris avait offert à Véronika pour son anniversaire avant de partir. Un écureuil que Véronika voulait offrir à un autre Boris, un enfant qui a perdu sa mère et qu’elle a pris en charge. A l’hôpital, à propos d’un soldat qui a reçu de mauvaises nouvelles, sa fiancée l’a remplacé, Fiordr Ivanovitch fait un discours sur les femmes infidèles que Véronika peut prendre à son compte.

Mais c’est la fin de la guerre et les survivants reviennent chez eux. Véronika va à l’arrivée du train un bouquet de fleurs dans les bras. Il faut se rendre à l’évidence, Stépan, l’ami de Boris, lui confirme la mort de ce dernier. Véronika distribue ses fleurs une à une pendant qu’on entend Stépan qui prononce un discours sur la paix alors que passe dans le ciel un vol de cigognes identique à celui que nous avions vu au début du film.

Le réalisateur Mikhaïl Kalatozov avait obtenu la palme d’or au festival de Cannes de 1958 et Tatiana Samoïlava la mention spéciale d’interprétation. L’actrice est décédée le 4 mai 2014, le jour de ses 80 ans.