Jean Véronis
Aix-en-Provence
(France)


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mercredi, novembre 16, 2011

Sarkozy: Le rêve désenchanté

La droite s'est beaucoup moqué du « rêve français » que François Hollande veut réenchanter. Les caciques de l'UMP se sont succédé sur les plateaux pour nous expliquer que la politique, ce n'est pas la promesse de rêve, mais le sens des réalités, dont le champion serait le président Sarkozy, comme l'explique Jean-François Copé (qui bien sûr ne pratique jamais la langue de bois) :
« [Nicolas Sarkozy] n’a occulté aucune difficulté, aucun tabou. Il a dit les choses telles qu’elles sont et non le sentiment d’un rêve »

« Il ne ré-enchante pas le rêve mais éclaire le chemin des Français ainsi que la raison profonde de son action et de sa mission ».
Le président, peut-être, mais le candidat de 2007, cela reste à voir. Jean-François Copé et ses amis font semblant d'oublier, pouvant compter en cela sur la mémoire assez brève de l'électorat, que le rêve était l'un des principaux thèmes de campagne... de Nicolas Sarkozy.

Nous l'avons monté largement avec Louis-Jean Calvet dans « Les mots de Nicolas Sarkozy », qui est peut-être un bon cadeau à mettre sur votre lettre au père Noël. Le diagramme ci-dessous montre la fréquence des mots rêve(r) dans les discours des quatre principaux candidats pendant la campagne de 2007 :


On voit que ce mot est assez marginal chez les autres candidats, comme il l'est en règle générale dans le discours politique. En revanche, il est omniprésent dans les discours de campagne de Nicolas Sarkozy, qui le prononce pas moins de 277 fois ! Vous pourrez vous amuser à retourner aux sources avec ma base des discours en ligne (voir rêve, rêver).

L'évolution dans le temps est d'ailleurs très intéressante. Le diagramme ci-dessous montre que le mot rêve était marginal aussi chez Nicolas Sarkozy jusqu'en 2006, et qu'il explose à partir du début 2007, ce qui montre assez clairement qu'il s'agit d'une fabrication spéciale pour la campagne présidentielle.


Si l'on compare les discours écrits par Henri Guaino à ceux des autres « plumes » de Nicolas Sarkozy pendant la dernière campagne (voir mon analyse ici), on voit clairement que Guaino est l'inventeur du rêve :



Tout le monde rêve sous la plume de Guaino, les enfants, les parents (pour leurs enfants), et ainsi de suite. Comme nous le faisons remarquer dans notre livre, Guaino laisse la construction européenne aux technoplumes. Pour lui, l’Europe, c’est le « rêve européen ». La Méditerranée ? Le « rêve méditerranéen ». La République ? Un « rêve d’universalité et de fraternité». Les conquêtes, les croisades, les invasions? Le rêve d’Alexandre, de Charlemagne, des chevaliers, de Jeanne d’Arc, des empereurs du Saint Empire, des rois de France, de Bonaparte, des soldats de l’An II.

Le point culminant fut sans aucun doute le discours au Zénith du 18 mars 2007, dans lequel Nicolas Sarkozy et Henri Guaino convoquent carrément Martin Luther King :

Souvenez-vous de Martin Luther King, ce pasteur noir qui a dit un jour à l’Amérique devant le mémorial de Lincoln à Washington : « Je rêve qu’un jour notre pays se lèvera et vivra pleinement la véritable réalité de son credo : que tous les hommes sont créés égaux.
« Je rêve qu’un jour sur les rouges collines de Géorgie les fils des anciens esclaves et les fils des anciens propriétaires d’esclaves pourront s’asseoir ensemble à la table de la fraternité.
« Je rêve que mes quatre petits-enfants vivront un jour dans un pays où on ne les jugera pas à la couleur de leur peau mais à la nature de leur caractère. »
Ce discours bouleversa le monde et le grand rêve de fraternité et de justice dont il parlait changea l’Amérique.
Si le rêve a pu changer l’Amérique, pourquoi ne permettrait-il pas aujourd’hui de changer la France ? Nous y arriverons si la jeunesse française se l’approprie comme hier la jeunesse américaine a fait sien celui de Martin Luther King.
Je rêve que le peuple français tout entier se lève pour que la fraternité ne soit plus seulement un mot gravé sur le fronton des mairies mais devienne une réalité entre les hommes et les femmes de notre pays.
Je rêve qu’un jour tous les enfants dont les familles sont françaises depuis des générations, tous les enfants de rapatriés et de harkis, tous les enfants d’immigrés, tous les petits-enfants d’Italiens, de Polonais et de républicains espagnols, tous les enfants catholiques, protestants, juifs ou musulmans puissent s’asseoir ensemble à la table de la fraternité.
Je rêve que vous viviez dans une France où personne ne soit jugé sur la couleur de sa peau ou sur sa religion ou sur l’adresse de son quartier, mais sur la nature de son caractère.
Je rêve que tous les enfants de tous les quartiers, de toutes les couleurs, de toutes les religions qui habitent ce pays qui est le leur puissent partager la même fierté d’être français, les mêmes rêves et les mêmes ambitions, qu’ils aient le sentiment de vivre dans le même pays avec les mêmes chances et les mêmes droits.
Je rêve d’une France où chacun trouve sa place, où les professeurs n’aient plus peur de leurs élèves, où les adultes n’aient plus peur des jeunes, où les jeunes n’aient plus peur de devenir adultes, où les parents n’aient plus peur que leurs enfants vivent moins bien qu’eux, où l’ouvrier ne vive plus dans la hantise des délocalisations, où la différence ne soit plus vécue comme un danger mais comme une richesse, où l’avenir ne soit plus une menace mais une promesse.

C'était beau. Si l'on en juge par les résultats dans les urnes, bien des électeurs ont adhéré à ce rêve français.

Ils ont probablement déchanté depuis. Dès la soirée au Fouquet's, il paraît, d'après Ariane Chemin et Judith Perrignon (La Nuit du Fouquet’s, Fayard, 2007), que l'inventeur du rêve sarkozyen, Henri Guaino, faisait grise mine, comme s'il entrevoyait déjà la suite: le yacht Bolloré, l'intronisation à l'Elysée façon principauté, Disneyland, la Rolex, bref, tout ce qu'on a appelé la présidence bling-bling. Les sondages et la côte de désamour qui ont suivi montrent que le rêve peut parfois se transformer en cauchemar...

16 Commentaires:

Anonymous Cochonfucius a écrit...

Le rêve est aussi un ingrédient de certaines constructions poétiques.

Pas aussi beau que ceux des candidats, nous en convenons volontiers.

16 novembre, 2011 10:37  
Blogger Jean Véronis a écrit...

La politique c'est parfois un peu de la poésie, finalement. Guaino l'a bien montré: l'anaphone, les sonorités, le rêve...

16 novembre, 2011 10:40  
Anonymous Anonyme a écrit...

À sa décharge, après Mitterrand (14 ans) et Chirac (12 ans), en avril 2007, inviter à rêver une nouvelle France, c'était plutôt pas mal. Evidemment, personne n'a vu venir (à tort ?) les événement de septembre 2007...

Dans ce contexte, en novembre 2011, re enchanter le rêve français, ça a quand même quelque chose de profondément saugrenu.

16 novembre, 2011 12:53  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Personnellement le rêve me plaît assez. Déjà en 68 d'ailleurs...

Où va une société qui ne rêve plus ?

16 novembre, 2011 12:55  
Anonymous anxest a écrit...

J'aime beaucoup l'idée et le principe de cette analyse, par contre, je me demande encore une fois à la lecture de cette nouvelle étude si vous prenez en compte la proximité des termes visant à renverser la portée du mot, je pense aux termes "pas, jamais, arrêter, etc". Vos analyses seraient grandement éclairées si vous révéliez ces éléments.. Car on sait tous que rêver et "ne pas rêver" ont des portées diamétralement opposées.. Ne pas les prendre en compte, c'est orienter les résultats, et fausser l'étude..

16 novembre, 2011 14:10  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Vous avez raison. Ceci étant personne n'est en mesure de le faire, la complexité du langage échappe pour l'instant en grande partie à la science.

il faut donc être prudent. Néanmoins quand on travaille sur des masses statistiques, on peut faire des hypothèses. Que Sarkozy utilise 10 fois plus le mot rêve que Royal n'est pas anodin. Qu'il l'utile principalement à la négation serait toute de même surprenant, et il n'y a, pour s'assurer du contraire, pour l'instant, que l'oeil de l'expert.

16 novembre, 2011 14:14  
Anonymous anxest a écrit...

Je crois volontiers que l'exhaustivité échappe à la science en matière d'analyse du langage, la question de l'ironie en particulier demeure. Mais il n'est pas beaucoup plus compliqué d'analyser la présence d'un mot dans l'environnement d'un autre. Ce n'est qu'une question de filtres, et donc beaucoup du choix de logiciel. Le problème vient surtout du temps à sa disposition, et si j'ose, de ce que l'on cherche à démontrer.

16 novembre, 2011 21:39  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Pour avoir fait de la recherche sur le sujet pendant une trentaine d'années, je suis bien placé pour connaître la difficulté du problème. Je ne connais hélais pas de logiciel qui traite ce type de contexte de façon fiable...

16 novembre, 2011 21:46  
Anonymous anxest a écrit...

Si on parle d'un logiciel qui le ferait tout seul, alors moi non plus.


Il me semble avoir à me justifier :
Je tiens donc à préciser que je sais à qui je m'adresse, pour avoir commencé l'apprentissage de l'analyse sur Contextes et avoir survolé votre page wikipedia. (Précisons également que mon master, s'il se raccroche à la grande branche de la linguistique, n'est pas aussi spécifique, j'avoue avoir malheureusement perdu le jargon).

D'autre part, si je dois confesser mes penchants politiques, je dois avouer que votre article va dans le bon sens en ce qui me concerne.

J'ose une dernière question en espérant que vous n'y verrez pas là de la persécution. De quelle manière rééquilibrez-vous l'écart entre les 630 discours de Nicolas Sarkozy, les 43 de Ségolène Royal, les 43 de François Bayrou et les 27 de Le Pen ?

16 novembre, 2011 22:07  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Non, non, ne vous justifiez pas ! le but n'est jamais ici de mettre qui que ce soit mal à l'aise, pardonnez-moi si j'ai pu en donner involontairement le sentiment.

En ce qui concerne le rééquilibrage, les graphiques que je donne sont exprimés en fréquence pour 100 000 mots, ce qui permet de tenir compte des différences de taille. D'ailleurs, les 630 discours de Nicolas Sarkozy sont sur la période 2004-2011. Pendant la campagne, de tête il me semble qu'il en a fait 64 -- ce qui est déjà beaucoup. Ca fait la taille d'un beau roman (et ça permet donc d'avoir un point de vue statistique un peu crédible).

16 novembre, 2011 22:40  
Anonymous Zinaware a écrit...

Salut
Merci beaucoup pour l’article
Bon courage
A bientôt

17 novembre, 2011 21:27  
Anonymous Anonyme a écrit...

Qui survivra, verra.

17 novembre, 2011 21:48  
Anonymous Anonyme a écrit...

"Le sommeil de la raison..."

18 novembre, 2011 10:21  
Blogger Marc a écrit...

Votre analyse démontre surtout que ce n'est pas le rêve qui développe l'imagination.

21 novembre, 2011 18:50  
Blogger Marc a écrit...

Votre analyse démontre surtout que ce n'est pas le rêve qui développe l'imagination.

21 novembre, 2011 18:51  
Blogger chantal a écrit...

Blogueur de la vingt cinquième heure, je découvre vitre lieu avec intérêt et plaisir!

01 décembre, 2011 09:59  

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lundi, novembre 07, 2011

Twitter: Le match Sarkozy-Hollande, suite

Je continue mes analyses du buzz des deux principaux présidentiables sur Twitter. J'avais montré il y a quelque temps que Nicolas Sarkozy et l'UMP peinaient à sortir du trou noir dans lequel les avait plongés la primaire socialiste (voir ici). Evidemment, la naissance de la petite Giulia, puis les événements majeurs sur la scène européenne (Sarkozy-Merkel) et sur la scène mondiale (présidence du G20), ont été favorables ces derniers temps à Nicolas Sarkozy. On note sur le diagramme ci-dessous les différents pics correspondant aux éléments de cette séquence (tweets en langue française uniquement) :


On voit que François Hollande est ces derniers temps en retrait, ce qui semble assez logique, mais on notera cependant que malgré ces événements extraordinaires, les pics de tweets concernant le chef de l'Etat sont restés à un niveau inférieur à ceux des différents épisodes concernant François Hollande pendant la primaire socialiste. Alors, Twitter est-il à gauche ? Ou bien assiste-t-on, comme je le suggérais l'autre jour à une sorte de lassitude du sarkozysme et même de l'antisarkozysme ?

*
J'en profite pour glisser une petite note méthodologique. Je vois ici ou là fleurir des baromètres divers et variés, pas seulement sur la politique, d'ailleurs : l'e-réputation se vend bien... Prenons les mêmes protagonistes, mais sans filtrage sur la langue. L'image est totalement différente :


On aboutirait alors à une conclusion inverse. C'est bien entendu l'effet du poids de l'international dans la balance. François Hollande y est quasiment inconnu, et sa candidature est évidemment d'un intérêt modéré pour le reste du monde par rapport à la crise de l'Euro et au G20. Le graphique restreint aux seuls tweets en langue anglaise montre d'ailleurs bien la différence :


Conclusion: méfiez-vous des études d'e-réputation à deux sous (ou même bien plus !). Le domaine est difficile, plein de pièges, et les charlatans, comme toujours prêts à sévir !

5 Commentaires:

Anonymous LPeyrat a écrit...

Sans oublier, bien entendu, qu'une étude e-reputation sérieuse n'inclut pas que du quantitatif !

07 novembre, 2011 21:27  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Bien entendu.

07 novembre, 2011 21:29  
Anonymous Anonyme a écrit...

Comment appelle-t-on un billet "Étude et placement intelligent de mots clés" ?

Un billet auto-sponsorisant ? :-)

V.

08 novembre, 2011 14:03  
Anonymous Anonyme a écrit...

le fait que les journalistes soient plutôt de gauche (hum) - cf les remarques sur les journalistes et leur participation à la primaire -, et qu'ils sont beaucoup plus à même d'être sur twitter (ce qui en fait une sur représentation) est-il pris en compte ?

08 novembre, 2011 16:26  
Anonymous Anonyme a écrit...

je suis de l'avis de Lpeyrat ,une analyse e-réputation ne doit se limiter à compter des citations et doit pousser plus loin qu'une simple répartition à base de contrainte "lang:fr"/"lang:en"

16 novembre, 2011 15:13  

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mercredi, novembre 02, 2011

Twitter: Coup d'état militaire évité en Grèce ?

Les médias français ne s'en sont pas à ma connaissance fait l'écho pour l'instant mais un événement majeur vient de se produire en Grèce, en dehors de la question du référendum. Le pays a peut-être échappé à un coup d'état miliaire. En tout cas, le ministre de la Défense, Panos Beglitis, a limogé les chefs d'état major des différentes armes, ce qui n'est pas exactement banal. La nouvelle était annoncée hier soir (voir en anglais sur AthensNews ou en grec sur Eleftherotypia).

Twitter (en grec) commence à se faire largement l'écho de cet événement (suivre ici par exemple). On voit le bond qu'a fait l'expression coup d'état (πραξικόπημα) depuis hier (et ça continue à grimper très fort).


En France, il y a bien eu une petite détection par quelques twitteurs hier soir, mais la chose est retombée aussitôt :


Etonnant... Pourquoi cette information n'est-elle pas reprise par les médias ? Sont-ils passés à côté ? (ils n'ont pas de correspondant en Grèce ?)

La nouvelle est d'autant plus notable que des rumeurs font état d'un rapport de la CIA craignant depuis plusieurs mois un coup d'état en Grèce (la chose a été révélée par le journal allemand Bild en mai dernier), et que le très sérieux magazine Forbes sortait un article incroyable il y a quelques jours, selon lequel un coup d'état serait la seule solution qui reste à la Grèce.

Alors, la presse fait mal son travail ? On ne veut pas affoler les foules ? Je vous laisse analyser... En ce qui me concerne, je ne peux m'empêcher de trouver un parfum de 1967 dans ce drame grec. J'ai connu la Grèce de près immédiatement après la chute, et je me souviens du soulagement et de la liesse qui ont suivi. Ce serait dommage qu'on entende encore de sinistres bruits de bottes dans ce qui est encore (et pour toujours, quoi qu'on dise) l'Europe...

11 Commentaires:

Anonymous fransouwap a écrit...

mouais enfin des tweets pas une info, tout au plus une rumeur ! Quant au rapport de la CIA, il évoque un possible scénario, et Forbes a publié un billet (qui aurait aussi bien pu dire que la seule solution était de céder des îles à l'Allemagne). #waitandsee #tooexcited

02 novembre, 2011 13:20  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Le limogeage des chefs d'état major n'est pas une rumeur. Il suffit d'aller sur les journaux grecs, la nouvelle est partout. Qu'il y ait eu crainte de coup d'état, bien sûr nous ne pouvons rien en savoir, mais ce qui me surprend c'est le mutisme des médias. Une info de cette ampleur me semble mériter au moins une dépêche...

02 novembre, 2011 13:23  
Blogger Yannis Haralambous a écrit...

J'ai parcouru quelques centaines de tweets contenant πραξικόπημα, il y a ceux qui disent que c'est Daily Mail ou "les médias étrangers" qui en parlent, ceux qui se posent simplement la question si le limogeage a été fait dans cette optique, et ceux qui font de l'humour soit en disant que l'armée grecque serait de toute façon incapable de le faire, soit en affirmant que seul un coup d'état pourrait sauver le pays… Le degré d'alarmisme est très bas.

02 novembre, 2011 13:39  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Yannis> Oui, espérons ! Mais il ne faudrait peut-être pas que ça dégénère plus, là-bas...

02 novembre, 2011 13:42  
Anonymous alain marc deluy / LeGlaneur.info a écrit...

La lecture de l’AFP :

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/11/01/97001-20111101FILWWW00476-la-grece-change-l-etat-major-de-l-armee.php

permet de relativiser et replacer dans son contexte de politique intérieure, ce changement d’état major qui semble être une pratique courante à la veille d’échéance électorales.

Il n’en demeure pas moins qu'il n’y a pas beaucoup d’écho en français sur le net ce soir et que j’ai eu la même réaction: coup de tonnerre démocratique contre coup d’état militaire ? !

LeGlaneur.info

02 novembre, 2011 16:34  
Anonymous Noms H a écrit...

C'est vraiment credible comme soupcon, les militaires etaient encore au pouvoir la-bas dans les annees 70.

03 novembre, 2011 16:06  
Anonymous Cochonfucius a écrit...

Sur le mot "πραξικόπημα", un intéressant développement de chez Paralingua (recharger la page si ça paraît peu clair).

04 novembre, 2011 10:56  
Anonymous Cochonfucius a écrit...

... et si ça ne marche pas avec les caractères grecs, utiliser une transcription.

06 novembre, 2011 10:02  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Effectivement, le grec ne s'affiche pas pour moi, pourtant j'ai essayé plusieurs navigateurs.

06 novembre, 2011 10:09  
Anonymous laurent a écrit...

Très intéressant ce billet. Je trouve que l'on a ici l'expression des limites de la technologie de l'information actuelle. La technologie c'est très bien mais avec le traitement automatique de l'info et le WOUEB 2.0 ou 3.0 je ne sis plus très bien. Voilà comment un robot à partir d'une rumeur et la démultiplication de l'info va créer un Buzz qui peut arriver à déclarer que la guerre est déclarée. Dans quelques temps avec un peu de chance on va pouvoir relier ces moteurs d'analyse au lancement des missiles nucléaires.

On a bien relier les systèmes d'analyse dans la finance à des fonctions de traitements automatiques qui ont si ce n'est déclencher aggraver les dernières crises financières.

La question c'est comment on peut arrêter ça. Pour ma part j'ai désactiver mon compte Twitter à la lecture de votre billet.

Salutations,
Laurent

08 décembre, 2011 22:58  
Anonymous Vivien a écrit...

Est-ce que 160 dans les graphes est suffisamment significatif?
Ou dit autrement qu'est-ce qu'on doit considerer comme une rumeur ou une désinformation?

16 mai, 2012 07:47  

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jeudi, octobre 27, 2011

Buzz: L'UMP peine à sortir du trou noir

On se souvient des interventions frustrées de Jean-François Copé et quelques autres dignitaires de l'UMP sur les plateaux télé à la fin de la primaire socialiste. Ils disaient avoir hâte que la page soit tournée, pour pouvoir occuper à leur tour le terrain. Tous semblaient déjà sur les starting blocks, et prêts, disaient-ils, à déclencher le feu atomique le candidat socialiste aussitôt désigné.

J'ai mesuré sur les 30 derniers jours les apparitions des termes PS et UMP sur le réseau social Twitter (tweets francophones uniquement). On voit bien sur le diagramme ci-dessous qu'il y a eu un bref sursaut au lendemain de l'élection, grâce à la convention de l'UMP destinée à critiquer le programme socialiste, mais que l'UMP peine à sortir du trou noir dans lequel elle s'est enfoncée pendant la primaire.


Aux politologues d'analyser : la convention a-t-elle été préparée trop à la hâte ? était-elle trop caricaturale ? intervenait-elle trop tôt ? les troupes (cadres et militants de l'UMP) y croient-elles vraiment ? En tout cas, on observe que la convention a été mal relayée sur les réseaux sociaux. La mayonnaise n'a pas pris, et, pardonnez le mauvais jeu de mot, mais le champignon atomique promis apparaît tout au plus comme un petit champignon de Paris. Le petit rebond que l'on voit sur les deux ou trois derniers jours est dû principalement à la polémique Dati/Fillon autour de la candidature de ce dernier dans la capitale...

A quelques heures de l'intervention du chef de l'Etat sur les chaînes de télévision, il n'est sans doute pas inintéressant non plus d'analyser sa "cote de buzz" personnelle. Le diagramme ci-dessous compare les citations de Hollande et Sarkozy sur Twitter.



Malgré une actualité plutôt propice (la naissance du premier bébé d'un président sous la Ve République, et sommet international d'une importance historique), on voit que le chef de l'Etat ne fait plus guère le buzz sur le réseau social. Le pic le plus important correspond à la naissance de sa fille, et encore, les mentions ne le concernent guère, mais correspondent plutôt à Carla et au bébé.

Le contraste est saisissant avec la situation de 2006-2007 où Nicolas Sarkozy était en tête sur tous les médias sans discontinuer, y compris (et paradoxalement surtout) les plus à gauche (j'avais montré ce phénomène sur mon blog). Tout se passe ces temps-ci comme si même l'antisarkozysme était dépassé, les internautes ne prenant même plus la peine d'attaquer celui qu'ils voyaient comme le mal social absolu...

Nous verrons si l'intervention de ce soir change la tendance.

3 Commentaires:

Anonymous Cochonfucius a écrit...

Il leur manque (reut-être) une primaire de droite.

28 octobre, 2011 11:14  
Blogger Jean Véronis a écrit...

L'idée semble faire son chemin (encore que ça ne puisse pas s'appliquer dans le cas d'un président sortant)... Mais elle est à double tranchant. Quoi qu'on pense de son programme, le PS a joué un joli coup en n'affichant pas (trop) ses divisions. Il y a bien eu quelques vannes (gauche molle, etc.), mais globalement on est loin du désastre qui avait été prédit. L'UMP aurait beaucoup de mal a afficher une image calme et sereine dans des primaires, vu l'état actuel des relations Fillon-Dati-Copé, etc. On serait probablement un peu dans le cas de figure des socialistes en 2006. Donc, primaires, sans doute, et cela viendra, mais à mon avis c'est surtout le travail de construction (ou reconstruction) en amont qui fera la différence.

28 octobre, 2011 16:43  
Blogger romain blachier a écrit...

Le probléme pour eux est que le projet ump prend du retard et que leur candidat ne s'est pas déclaré.Ils se contentent donc de faire de l'anti-ps

31 octobre, 2011 16:53  

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Buzz: Analyse en temps réel d'un "bad buzz" (Cora)

Si vous suivez un peu l'actualité, vous avez sans doute vu passer cette affaire proprement scandaleuse d'une employée de l'hypermarché Cora de Mondelange en Moselle, menacée de licenciement pour avoir ramassé un ticket de réduction à 1€ pour un hamburger laissé par un cliente... Après une vague de protestation immédiate et violente sur Twitter, la société annonce ce matin qu'elle renonce à la procédure.

On fantasme beaucoup sur l'effet (ou pas) du buzz, bon ou mauvais, sur Twitter — et plus largement du pouvoir des internautes. Dans ce cas précis, ce pouvoir est indéniable, et chose plus rare, j'ai pu mesurer l'évolution du "bad buzz".

Voici la courbe d'évolution du nombre de tweets mentionnant Cora depuis 48 heures :


On voit le pic soudain en fin de matinée hier. En cherchant un peu on comprend que c'est le tweet de Maitre Eolas qui a déclenché la vague. Il a été retwitté des centaines de fois dans les minutes qui ont suivi. Je n'en doutais guère, mais avec près de 50000 abonnés sur Twitter, Maître Eolas est un vrai influenceur.


Cette petite analyse me remplit d'allégresse pour la journée. Malgré les doutes que nous avons périodiquement les uns et les autres, les (cyber)-citoyens ont un peu de pouvoir ! A méditer dans doute par les entreprises de toutes sortes, et... par les candidats qui entrent en campagne...

7 Commentaires:

Anonymous Bernard Samson a écrit...

Euh...
Il n'y a pas que sur Twitter que cette affaire a été évoquée, me semble-t-il.
D'autres médias, moins influents je vous l'accorde, en ont parlé : télévisions, radios, journaux ...
Vouloir créditer Twitter seul du résultat me paraît (au moins) hasardeux.

27 octobre, 2011 15:42  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Oui, c'est vrai, je me suis posé la question. En fait, quand on regarde bien les heures, le buzz sur Twitter a précédé les réactions sur les autres supports. Hier en début de matinée, il y avait (pou autant que j'ai pu voir), surtout des news en nombre assez réduit et plutôt factuelles. Il faut être prudent, comme vous le signales, mais j'ai le sentiment que sur ce coup, Twitter a servir a faire naître l' "indignation" .

27 octobre, 2011 16:46  
Anonymous Cochonfucius a écrit...

Maître Eolas est un remarquable commentateur de l'actualité et des phénomènes qui lui sont sous-jacents. je ne suis pas surpris qu'il ait gagné la confiance de quelques dizaines de milliers de lecteurs.

27 octobre, 2011 17:04  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Je confirme. On peut-être d'accord ou pas avec lui, mais le personnage est extraordinaire. Connaissant bien la difficulté du bloguage et du twittage, je me demande comment il fait pour concilier une activité aussi intense avec son métier d'avocat ! Personnellement, je n'y arrive pas toujours (d'où les trous dans mon assiduité...).

27 octobre, 2011 17:07  
Anonymous Anonyme a écrit...

Bonjour,

A partir de quelles données avez vous réalisé la courbe ?

Merci.

Marc

27 octobre, 2011 18:15  
Anonymous Anonyme a écrit...

bon article pour faire un peu de buzz pour ton blog

bien vu !

bestbuzz

27 octobre, 2011 18:44  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Marc-Anonyme> Twitter ;-)

27 octobre, 2011 19:01  

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mercredi, octobre 26, 2011

Buzz: Royal rebondit mieux qu'Aubry

Le graphique ci-dessous représente l'évolution des quatre principaux candidats à la primaire en nombre de citations sur Twitter depuis le 9 octobre (premier tour). Je précise que mes outils sélectionnent pour ce genre d’analyse les tweets francophones uniquement, ce qui a son importance pour Royal, mot très fréquent en anglais.


On voit immédiatement le pic du vainqueur, François Hollande, lors du second tour. Mais ce qui est plus intéressant, c'est la suite.

J'agrandis ci-dessous la séquence post-primaire concernant les trois (principaux) perdants :


Ségolène Royal, largement battue dès le premier tour, arrive à rebondir nettement  mieux que Martine Aubry, dépassant aussi très largement Arnaud Montebourg dès la veille du deuxième scrutin, et égalisant presque ces derniers jours la présence de François Hollande.

Comme j'ai déjà eu l'occasion de le faire remarquer sur ce blog, malgré sa défaite, Ségolène Royal bénéficie toujours de soutiens très importants sur les blogs et réseaux sociaux. La "ségosphère" de 2007 est toujours très active. Et l'ex-candidate à la présidentielle est toujours experte, manifestement, en création de buzz. En analysant plus finement les raisons de cette remontée, on trouve trois séquences. Tout d'abord, entre les deux tours, bien évidemment, son soutien immédiat et très fair-play à François Hollande (sur fond de larmes), puis, plus récemment sa candidature supposée au "perchoir" de l'Assemblée Nationale, et son parachutage très controversé à La Rochelle.

Je joins ci-dessous une copie d'écran de ma plateforme d'analyse, concernant les termes associés à Ségolène Royal depuis 48 heures sur les médias et les blogs (maintenant environ 3300 sources, le corpus s'agrandit tranquillement). Les nombres à droite sont les pourcentages d'apparition des différents termes dans les articles mentionnant Ségolène Royal.


Il est intéressant de remarquer que si Ségolène Royal fait presque jeu égal avec François Hollande sur les réseaux sociaux (et les blogs), elle n'atteint que la moitié des citations de celui-ci dans les médias. Cette sur-représentation (héritage sans doute, comme je le disais, de sa "sphère" de 2007) a peut-être contribué à fausser dans son propre esprit l'image de ses chances lors de la primaire (d'où les larmes...). Le Web 2.0 est très biaisé quant à sa représentativité de l'opinion générale. On se souvient des sondages internet qui donnaient François Bayrou gagnant devant Nicolas Sarkozy en 2007...

En creux, les chiffres sont peut-être intéressants pour l'équipe de François Hollande. Il est manifeste que celui-ci manque cruellement (pour l'instant) d'un bon réseau d'influence sur les médias sociaux: les premiers essais n'ont pas été très concluants. Mais il est vrai que sur ce plan, l'UMP n'est pas très avancée non plus !


5 Commentaires:

Anonymous Anonyme a écrit...

NON : de parachutage à La Rochelle, il n'y a pas . S.R est chez elle, dans sa région. Ne vous laissez pas intoxiquer !

27 octobre, 2011 00:33  
Anonymous anxest a écrit...

Je n'ai rien à redire quant à la présence de Ségolène Royal sur tweeter, par contre, je relativiserai un peu les conclusions. "On en parle" ne signifie pas "soutien" et, en ce qui me concerne, une grande part des tweets que j'ai vu passer à son sujet depuis la primaire ne sont pas réellement positifs, ni seulement publiés par la "ségosphère". Toutefois, faire une analyse sémantique de tweets ne va sans doute pas de soi, et je ne m'y suis pas essayé non plus..

27 octobre, 2011 09:24  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Anonyme> Quand je parlais de réseaux encore actifs, en voilà une bonne illustration ;-)

27 octobre, 2011 09:27  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Anxest> Oui, c'est certain, il faudrait analyser plus finement, et c'est bien difficile sur les tweets. A ma connaissance, ça n'a jamais été fait -- sérieusement s'entend: il y a certainement des boîtes peu scrupuleuses qui sont prêtes à vendre du vent !

Ceci étant, positif ou pas, le buzz c'est du buzz, comme on l'a observé pendant la campagne de 2007 pour Nicolas Sarkozy. On en parlait largement en négatif, et il était assez étrange de constater que les journaux qui en parlaient le plus étaient les journaux de gauche (Libération, L'Humanité), comme j'avais eu l'occasion de le montrer de façon quantitative (ici). Ca ne l'a pas empêché d'être élu, et je me demande même si, finalement, ça ne l'a pas servi. Générer autant de détestation, cela peut faire penser à certain qu'on est un homme (ou une femme) fort(e). C'est un peu aussi ce qui se passe en Italie avec le Cavaliere...

27 octobre, 2011 09:38  
Anonymous Cochonfucius a écrit...

Faire parler de soi, en effet, ça donne de l'envergure apparente.

27 octobre, 2011 11:19  

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lundi, octobre 17, 2011

Primaire: Le buzz de la journée de vote

Voici l'évolution des citations de François Hollande et Martine Aubry sur la journée d'hier, pour les 3000 sources que je suis avec mes outils.


On voit que François Hollande a dominé presque toute la journée, avec néanmoins deux moments d'hésitation, pendant lesquels Martine Aubry a égalisé le pourcentage de citations : en fin de matinée et vers 16h.

Le rapport des citations à 19h, au moment de la clôture des bureaux, était de 56% / 44%, soit exactement le score qu'ont donné les urnes. On retrouve là le phénomène que j'avais mentionné pour la présidentielle de 2007 (ici et ici), et après le premier tour (ici).

J'ai presque hésité à publier ce billet, tant la chose est incroyable... Ne sautons pas aux conclusions : je n'ai pas inventé la boule de cristal, et je suis convaincu que de multiples phénomènes peuvent en d'autres occasions produire des effets différents.

Il y a néanmoins là quelque chose qu'il faut analyser — avec prudence, et avec tout le recul nécessaire. Cela fait cinquante ans que l'on étudie les sondages, mais on ne sait encore presque rien sur la propagation du buzz et sa relation avec les opinions...





8 Commentaires:

Anonymous Cochonfucius a écrit...

Ça m'en bouche un coin.

17 octobre, 2011 17:14  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Honnêtement, je crois que la précision relève de la coïncidence, mais la tendance générale probablement pas...

17 octobre, 2011 17:19  
Anonymous Anonyme a écrit...

Vous parlez de citations, mais vous n'indiquez pas vos sources... D'où tenez-vous vos informations ?

17 octobre, 2011 18:10  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Ce sont 3000 sources que j'analyse quotidiennement: tous les médias importants et pure players (Rue89 etc.), et les principaux blogs.

17 octobre, 2011 18:56  
Anonymous Anonyme a écrit...

Et la fréquence de mise à jour de vos sources vous permet d'établir un suivi heure par heure, voir minute par minute, de l'évolution des citations ?

J'apprécierais si vous pouviez nous donner quelques compléments d'information sur votre méthode.

18 octobre, 2011 10:32  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Je récupère les articles de façon continue (ou plutôt mes gentils petits robots). Il peut parfois y avoir un petit décalage entre la publication et la capture, mais je pense qu'une vision horaire est fiable (et suffisante, d'ailleurs).

18 octobre, 2011 11:39  
Blogger Le Chaland qui passe a écrit...

Etonnant ! Mais : est-ce le buzz qui fait le vote ou le vote qui fait le buzz ??

Bravo pour votre travail

21 octobre, 2011 17:57  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Peut-être bien un peu des deux !

21 octobre, 2011 18:08  

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dimanche, octobre 16, 2011

Primaire: Hollande creuse l'écart

François Hollande monte tranquillement et inexorablement dans les médias et sur les blogs. La figure ci-dessous montre l'évolution des citations sur les 3000 sources que j'analyse quotidiennement (voir ici). J'avais déjà observé la montée d'Arnaud Montebourg juste avant le premier tour (ici), puis le moment où Martine Aubry a dépassé François Hollande (ici). On voit cependant, sur le graphique complété, que ce pic de buzz a été très éphémère.


Le débat d'entre-deux tours et les polémiques assez dures qui ont suivi ont sans doute été à l'origine d'un léger rebond pour Martine Aubry dans la journée de jeudi, mais en fin de semaine l'écart s'est à nouveau creusé.  François Hollande, quant à lui, ne cesser de progresser depuis le 1er tour...

Nous verrons ce soir si les urnes confirment la tendance du buzz.

3 Commentaires:

Blogger borneo a écrit...

Donc quand je tweete que @fhollande est toujours dans le flou concerant l'#hadopi c'est porteur pour lui question #Buzz ?

16 octobre, 2011 14:11  
Anonymous Cochonfucius a écrit...

Je ne lui dénie pas son côté rassembleur...

(Manquent treize autres vers pour en faire un sonnet.)

16 octobre, 2011 14:57  
Anonymous Anonyme a écrit...

Aura-t-on le droit à la courbe du 16/10 avant le résultat des primaires ?

16 octobre, 2011 19:36  

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jeudi, octobre 13, 2011

Politique: Analyse du débat Aubry-Hollande

Je me fais une petite infidélité pour une fois : je vous invite à lire mon analyse du débat Aubry-Hollande sur LeMonde.fr.




Ce billet est le coup d'envoi d'une collaboration, la Politicosphere, dont nous avions parlé depuis bien longtemps avec mes amis de Linkfluence et du Monde, et dans le cadre de laquelle nous allons coupler nos outils, données et analyses.

A suivre, donc, au moins jusqu'en mai 2012 !

Voir aussi

0 Commentaires:

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Lexique: Les politiques essaient de nous empapaouter


Amusant... je reçois quelques coups de fils ce matin, de journalistes qui me demandent ce que je pense de ce joli verbe empapaouter que Martine Aubry a envoyé dans les dents de François Hollande hier soir (cf. JDD). « Le flou, c'est la pire des choses. Après, les Français disent: 'Ces gens essaient de nous empapaouter' », lui a-t-elle asséné avec grâce au bout d'une heure de débat (presque) courtois.


J'ai été surpris de voir, en regardant un peu les commentaires sur Twitter et autres machins sociaux, qu'on ne connaît plus très bien ce mot. C'est pourtant un mot d'argot assez classique qui remonte au XIXè siècle, et dont la signification est sans équivoque. Se faire empapaouter, c'est se faire enc... Au propre ou au figuré. La classe, Martine.

Je vois aussi par-ci par-là qu'on cherche sur Google, et qu'on tombe sur la page du Wiktionnaire pour empapaouter, qui fait remonter le mot à l'occitan... On ne sait jamais, mais j'ai des doutes. Les dictionnaires ne sont pas d'accord entre eux. Certains y voient un hybride entre se faire empaffer et aller se faire... chez les Papous. Mieux vaut avouer qu'on n'en sait finalement rien, comme bien souvent en étymologie — et ce n'est pas plus mal que la langue garde quelques mystères.

En tout cas, encore heureux qu'en ces temps de crise, Martine ne nous ait pas sorti qu'on allait se faire empapaouter par les Grecs !

2 Commentaires:

Blogger all a écrit...

C'est un mot mot d'argot qui était utilisée par ma grand-mère maternelle, qui était une vraie parisienne (et avait peu voyagé).
Et c'est vrai qu'il y a une consonance hellénique (sic), mais je pense qu'il s'agit d'une coïncidence.

13 octobre, 2011 16:56  
Anonymous Cochonfucius a écrit...

Voir aussi le verbe espagnol "empapar", imbiber.

14 octobre, 2011 12:11  

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mercredi, octobre 12, 2011

Primaire: Aubry dépasse Hollande dans l'actu

Le fait mérite d'être noté. Sur les dernières 24 heures, Martine Aubry dépasse François Hollande dans l'actu (parmi les 3000 sources, médias et blogs, que je suis quotidiennement grâce à mes outils d'analyse de buzz).

Voici le classement des personnalités politiques aujourd'hui :




RangPersonneNews
1Martine Aubry579
2François Hollande506
3Arnaud Montebourg490
4Nicolas Sarkozy274
5Ségolène Royal189
6Marine Le Pen110
7Manuel Valls70
8Jean-Michel Baylet52
9François Fillon40
10Jean-François Copé39
11Jean-Luc Mélenchon31
12DSK26


Autre fait remarquable, Nicolas Sarkozy, qui était inexorablement premier en 2006-2007 et même après (à part le très bref instant de l'élection de Ségolène Royal au sein du PS), n'occupe plus, depuis des semaines, la pôle position — malgré une actualité internationale lourde et plutôt propice. Le Web s'est lassé.

On voit également qu'à droite ce sont François Fillon et Jean-François Copé qui font parler d'eux, sans doute grâce à leurs prises de positions sur la primaire. Ca chauffe pour 2017 ?

Enfin, on peut peut-être se demander pourquoi, mais l'ombre du commandeur, DSK, plane toujours sur le paysage politique français...



3 Commentaires:

Anonymous Cochonfucius a écrit...

DSK occupe une place au firmament car il est devenu pitance d'amuseurs.

Nous espérons que cela n'aura qu'un temps.

12 octobre, 2011 11:37  
Anonymous René a écrit...

Le classement est complètement différent sur le twittoscope de Métro :
http://www.metrofrance.com/info/twittoscope-un-twitter-tres-rose-en-septembre/mkbh!E6sSCL4jmcqtY/

twitter ne fait pas partie du buzz?

12 octobre, 2011 15:23  
Blogger Jean Véronis a écrit...

René> Il y a plusieurs explications :

1. La période est totalement différente. Pour métro il s'agissait de septembre. Or les choses évoluent extrêmement vite, comme le montre mon billet d'hier.

2. J'utilise les médias et les blogs, pas Twitter. Il est probable qu'il y ait des sociologies extrêmement différentes sur Twitter.

3. Pour avoir travaillé pas mal moi-même avec Twitter, j'en connais bien les difficultés d'analyse, et je ne peux m'empêcher d'avoir quelques doutes sur la façon dont l'analyse en question est faite et sur ses biais éventuels...

12 octobre, 2011 19:04  

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lundi, octobre 10, 2011

Primaire: Analyse du buzz

Je suis assez silencieux depuis quelque temps -- ne soyez pas inquiets, je n'ai pas attrapé un cancer du pancréas ou une saleté du même genre. Lorsque ça m'arrive c'est généralement que je suis à fond dans la technologie. Je suis en train de développer des outils d'analyse du buzz, un peu comme je l'ai fait en 2006-2007 avec mon outil de suivi de la presse. Cette fois-ci j'ai incorporé d'autres sources en plus de la presse classique, en particulier les "pure players" comme Rue 89 et les principaux blogs. A l'heure actuelle je suis environ 3000 sources, et j'espère pouvoir augmenter ce chiffre. Je vous en reparlerai certainement !

D'ores et déjà, l'outil permet des analyses intéressantes. Je me suis par exemple penché sur le nombre de citations des six candidats à la primaire citoyenne au cours de la dernière semaine. L'ordre d'arrivée, aujourd'hui, est sans grande surprise le même que le résultat de l'élection :



François Hollande 26,2%
Martine Aubry 21,9%
Arnaud Montebourg 21,3%
Ségolène Royal 19,6%
Manuel Valls 6,9%
Jean-Michel Baylet 4,3%


On notera cependant le resserrement des scores par rapport au résultat de la primaire : Montebourg et Royal créent manifestement la surprise et donc suscitent de nombreux commentaires. On voit que Montebourg est quasiment à égalité avec Aubry en nombre de citations ce matin.

L'évolution sur la semaine a été pleine d'enseignements :


On voit que le point de départ est assez différent du point d'arrivée : Hollande et Royal caracolaient alors en tête. L'effet du débat de mercredi soir a été apparemment très important, mais seulement pour Royal, qui avait commencé à plonger sérieusement en début de semaine. Elle a manifestement fait une dernière tentative pour remobiliser ses troupes et occuper l'espace médiatique (ou en tout cas le Web) dans la dernière ligne droite. On voit dans la montée très forte du nombre de citations entre jeudi et samedi l'effort desespéré de la "ségosphère" pour tenter de renverser la situation. Ségolène Royal a toujours cette machine de guerre qu'elle a mise en place pour 2007 (et c'est la seule parmi les six candidats). Même si elle a quelque peu diminué, la ségophère reste très présente: ceux qui suivent de près l'activité des blogs ont certainement noté cette sorte de chant du cygne des blogs ségolistes dans la dernière ligne droite.

Intéressant à noter aussi, la montée très forte de Montebourg sur les derniers jours, comme si tout le monde pressentait qu'il allait faire la "surprise" (que tout le monde présentait comme telle hier soir sur les plateaux, mais dont on voit qu'elle était largement éventée).

Pour le reste, c'est presque calme plat. Martine Aubry suscite bien peu l'enthousiasme des foules. François Hollande a même décliné dans l'intérêt webo-médiatique au cours de la semaine. Son score assez modeste par rapport aux attentes (certains parlaient d'élection au premier tour) aurait probablement pu être anticipé en calculant ces tendances de buzz avant l'élection. C'est un domaine quasiment inexploré (et il faut bien se garder de tirer des conclusions à l'emporte-pièce sur la base de quelques exemples), mais l'effet prédictif du buzz mérite certainement qu'on s'y penche de plus près (je vous rappelle mes études assez étonnantes de 2007 : ici et ici).


6 Commentaires:

Blogger Fabien a écrit...

Merci pour cet article.

10 octobre, 2011 13:01  
Anonymous Cochonfucius a écrit...

Impressionnant !

Comme si l'inconscirnt collectif prenait la parole sur la Toile.

11 octobre, 2011 11:08  
Anonymous Cochonfucius a écrit...

"inconscient", pardon.

11 octobre, 2011 11:09  
Anonymous Anonyme a écrit...

Avez-vous ré-utilisé votre outil de suivi de la presse ?
(Je viens de relire avec plaisir vos deux notes sur 2007)
BigBen

11 octobre, 2011 14:28  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Non, je l'ai arrêté après l'élection de 2007, parce qu'un outil de ce type ça génère pas mal de maintenance... Mais l'outil que je suis en train de mettre au point ira bien au-delà (plus de sources et de fonctionnalités).

11 octobre, 2011 14:39  
Anonymous Patrick a écrit...

Et sera t'il public comme l'était le défunt ;-) ?

12 octobre, 2011 21:24  

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jeudi, septembre 01, 2011

Langage: Le tu qui tue

Bon, c'est la rentrée ! Le téléphone recommence à sonner... Tiens, là c'était Nicolas Carreau qui prépare l'émission de ce soir sur Europe 1, "Des clics et des claques", une heure pendant laquelle Laurent Guimier, David Abiker et Guy Birenbaum décortiquent les petites infos du Web. Il paraît que ce soir on va parler du tutoiement, et pas n'importe lequel. Laurent Joffrin s'est fait tutoyer sur Twitter ! Vous vous rendez compte ? Y'a plus de respect... J'avais raté ça. Diable, où avais-je la tête ? Je devais encore lire des trucs futiles comme l'espionnage de journalistes dans l'affaire Bettencourt, ou l'évacuation de Roms par tramway RATP (qui rappelle quelques heures sombres)... Mais là, franchement, @Laurent_Joffrin qui balance à @peultier "Qui vous autorise à me tutoyer ?", ça c'est un scoop. Croyez-le ou pas, il paraît que ça a déclenché une tempête de tweets dans le verre 2.0. Trêve de persiflage, je me prêterai de bonne grâce à quelques questions par téléphone par amitié pour les animateurs susnommés, et aussi parce que j'ai pour habitude de toujours prendre au sérieux les sujets légers (et vice versa)...

Je ne compte plus le nombre de fois où l'on m'a interrogé sur la question du tutoiement : c'est décidément un des fonctionnements les plus mystérieux de la langue française ! Il met régulièrement en difficulté les étrangers, anglophones, en particulier, qui ont autant de mal à décider s'ils donnent du tu ou du vous, que de savoir s'il faut faire la bise à des inconnu(e)s (et d'ailleurs peut-être 2 ? ou 3 ? — de bises, pas d'inconnus). J'ai essayé d'expliquer à diverses reprises, mais je dois bien reconnaître que les règles sont tellement compliquées et fluctuantes que lorsqu'on n'a pas baigné dedans depuis le berceau, c'est quasiment impossible de s'en sortir indemne. Le faux-pas est garanti.

C'est que le tu est vicieux, à la fois égalitaire, et gravement autoritaire. Egalitaire, bien sûr, camarade ! Il l'est tellement que la Convention, dans sa grande sagesse terrorisante, a même interdit le vouvoiement dans l'usage public par décret du 18 brumaire an II. Un vous ou un Monsieur mal placé pouvait vous créer bien des ennuis en ces temps-là, on avait la guillotine facile. L'Eglise a fait en grand dans le domaine : elle a réussi à abolir la distance entre nous, pauvres pêcheurs, et Dieu Lui-même. Quand j'étais petit on Lui disait vous (Notre Père qui êtes aux cieux !), et puis un beau jour, on nous L'a rapproché (tu es aux cieux !), et ça va beaucoup mieux.

Jusqu'ici c'est simple : on est du même cercle, du même parti, de la même communauté, on se tutoie, les barrières sont abolies. Mais là où les choses se gâtent, c'est que ce tu est étrangement à double face. Quand un patron tutoie son employé, ou un présiroi ses sujets (Casse-toi, pauvre con !), ce n'est plus tout à fait la saine et franche camaraderie de l'An II (camaraderie où l'on se fendait d'ailleurs la gueule à grands coups de guillotine). Le tu des camarades devient alors un tu autoritaire, agressif, péjoratif, c'est le tu qui tue. Et bien entendu, la grande différence, c'est que tu-là n'est pas symétrique. C'est tu dans un sens, vous dans l'autre...

Ce tu de la fraternité est donc redoutable. Employé au mauvais moment, c'est le faux-pas, voire l'insulte, d'où la grande gêne des étrangers à son égard. Dans un cas comme dans l'autre, ils se mettent dans l'embarras (vouvoyez un bébé, vous verrez le regard ahuri des parents...). C'est subtil. A l'école primaire, on tutoie la maîtresse (et ça change : de mon temps, c'était la paire de claque assurée), au collège on vouvoie (mais il est très probable que le prof tutoie...). Quand on arrive à l'université, on vouvoie dans les deux sens. Je me vois mal tutoyer mes étudiants, et encore pire mes étudiantes : on friserait l'équivoque. Encore, que... lorsqu'ils passent leur thèse, ça peut changer, ils entrent dans la grande confrérie !

Le tu si simple en apparence est finalement soumis à des règles sociales démoniaques, où entrent en jeu l'âge, le sexe, la position sociale, la situation (on est sur Twitter ?), le moment, même (j'ai connu des gens qui tutoyaient leur patron à la soirée karaoké organisée par la boîte, et le vouvoyaient le lendemain...). Et tout cela change avec le temps.

L’anecdote qui à mon avis illustre le mieux ces rapport subtils, c'est celle de François Mitterrand, à qui un militant demanda un jour "Je peux te tutoyer ?". Le Sphynx répondit, imperturbable : "Comme vous voulez !". Un cours de linguistique en trois mots.




27 Commentaires:

Anonymous Emmanuel a écrit...

Une amie italienne m'avait confié l'extrême embarras dans lequel elle avait mis son professeur à la faculté du Mirail lorsqu'en allant le voir après le cours pour lui poser une question, elle lui avait tendu la main pour le saluer. Le premier geste du prof avait été un très vif recul : que me veut-elle, celle-là ?

01 septembre, 2011 19:05  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Ah oui, les gestes aussi sont codés ! D'ailleurs en parlant des Italiens, ils ne sont pas en reste avec le Lei (la troisième personne, qui joue le rôle de notre vous). Compliqué aussi, et subtilement différent de notre vous. Au passage, il me semble me souvenir que les fascistes italiens l'avaient abolie en vain en 1938... Comme quoi, les esprits totalitaires de tout bord on toujours eu mal à la langue.

01 septembre, 2011 19:09  
Blogger mrr a écrit...

En première approximation, je suggère aux anglophones d'utiliser le "tu" lorsqu'ils utiliseraient le prénom en anglais, et le vous lorsqu'ils utiliseraient mister-miss whatever. Ca ne marche pas trop mal.

02 septembre, 2011 09:01  
Blogger Jean Véronis a écrit...

En effet ! C'est peut-être une bonne astuce. Merci du tuyau.

02 septembre, 2011 09:06  
Anonymous estellebeaurivage a écrit...

Le jour où les inconnus se sont mis à me vouvoyer systématiquement, j'ai senti que j'avais pris un coup de vieux.

02 septembre, 2011 11:15  
Anonymous estellebeaurivage a écrit...

Dans le département où je travaille, tous les enseignants et administratifs se tutoient égalitairement.L'un d'entr'eux s'obstine pourtant à vouvoyer la secrétaire. Non pour lui témoigner un respect particulier, mais au contraire pour marquer (inconsciemment)(et paradoxalement) qu'elle est d'un rang subalterne.

02 septembre, 2011 11:30  
Anonymous Al-Kanz a écrit...

En Italie, ils ont une très jolie formule. Là-bas, on se "donne le tu".

02 septembre, 2011 13:28  
Anonymous Anonyme a écrit...

Juste en passant, évitons d'utiliser "les heures sombres" à tort et à travers... On en est pas là tout de même, pendant "les heures sombres", la destination des trains était tout autre. Non pas que je sois fier de la politique d'immigration actuelle, bien au contraire, mais les événements d'aujourd'hui sont bien différents.

02 septembre, 2011 13:38  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Anonyme> C'est vrai, c'est vrai... Mais il y a des symboles lourds quand même. La décision des forces de l'ordre me semble peut-être un peu maladroite dans sa forme.

02 septembre, 2011 13:43  
Anonymous artypunk a écrit...

Votre exemple sur #Sarko est historiquement inexact, car son tutoiement répondait à un tutoiement

Voir ici

Quand à savoir si le tutoiement initial était agressif, péjoratif ou égalitaire, les exégètes s'y perdent encore !

Mais on pourrait argumenter que le déclencheur initial c'est bien que le contact trop familier du président, qu'on peut donc considérer comme un hyper-tutoiement autoritaire...

02 septembre, 2011 21:11  
Anonymous Anonyme a écrit...

"Mais il y a des symboles lourds quand même." : c'est vrai, la prochaine fois, escortons les pieds jusqu'à Menton...

03 septembre, 2011 01:39  
Blogger Marie-Aude a écrit...

Amusant, en lisant le titre de cette chronique, j'avais pensé plutôt à la phrase clé de la PNL / analyse transactionnelle... le tu qui tue aussi.
Comme quoi les champs sémantiques sont vastes.
La pratique du tutoiement est différente d'un pays à l'autre. En Allemagne, le Siezen est encore de rigueur le plus souvent, passer à l'étape du tutoiement est perçu comme un pacte qui ne se signe pas à la légère.

04 septembre, 2011 00:44  
Anonymous Antoine a écrit...

L’anecdote à propos de François Mitterrand ne se serait-elle pas déroulée lors d'un conseil des ministres ?

05 septembre, 2011 09:22  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Antoine> Je ne sais pas du tout... C'est une histoire qu'on entend régulièrement (j'espère que ce n'est pas une légende urbaine!).

05 septembre, 2011 09:25  
Anonymous frednetick a écrit...

Excellent post, qui met des mots sur mon désarroi de tutoyer un ancien ministre et de vouvoyer mes beaux parents.

: )

06 septembre, 2011 13:58  
Anonymous kdom a écrit...

En ce moment je suis en Allemagne, et, contrairement aux anglais, il existe en allemand une forme de politesse. Par contre, contrairement à nous, ils utilisent la 3è personne du pluriel : Sie.
Cette inversion fait que, fréquemment, lorsque je m'adresse à plusieurs personnes, j'emploie ce Sie à la place de la vraie 2è personne du pluriel ihr.
Par contre je n'ai pas de problème pour utiliser le vouvoiement correctement.
Ce qui me fait penser que l'association
vous-vouvoiement est plus naturelle (peut être parce que plus fréquente) que le vous-pluriel.

Qu'en pense le professeur ?

08 septembre, 2011 19:02  
Anonymous Cochonfucius a écrit...

Une autre difficulté est de choisir entre "Je" et "Nous" dans une communication scientifique. On peut toujours la contourner en disant "L'auteur" mais c'est un peu froid.

10 septembre, 2011 16:55  
Anonymous Brainema a écrit...

je me sens encore plutot jeune et j'ai affaire à des clients le plus souvent une 15aine d'année de plus.

le vouvoiement est plutôt de rigueur, d'autant que les complexités commerciales de mon travail technique doivent me permettre de me désengager d'une demande exotique facilement.

pourtant sur des installations d'une semaine on passe beaucoup de temps en cercle fermé entre nous dans des hotels à l'étranger par exemple ou dans les restaurants le soir.

le tutoiement devient de rigueur au moment ou l'on franchi les portes de l'usine ou pendant les pauses ....


effectivement difficile pour ma femme d'origine étrangère de suivre cela

16 septembre, 2011 13:33  
Anonymous Lourdoueix a écrit...

Pour le nombre de bises (situation qui peut parfois tourner à l'absurde ...), il faut consulter ce site qui fait un beau travail de dénombrement : http://combiendebises.free.fr/

19 septembre, 2011 23:30  
Anonymous Anonyme a écrit...

La difficulté en allemand (et dans d'autres langues où la formule de politesse n'est pas "vous") c'est de bien utiliser le tutoiement pluriel. En allemand, "Ihr" et la deuxième personne du pluriel sont du même niveau de familiarité que "Du".

J'ai eu du mal à m'y mettre lorsque j'ai commencé à vivre en Allemagne. Lorsque je m'adresse à un copain ("du") et que lui parle de lui et de son père ("Sie", absent du dialogue), faut-il utiliser "Ihr" ou la forme de politesse ? Réponse: "Ihr". C'est le degré de familiarité avec l'interlocuteur qui l'emporte.

24 septembre, 2011 01:19  
Anonymous Anonyme a écrit...

C'est encore plus compliqué pour des langues qui n'ont pas un mais plusieurs jeux de formes de politesse. Ainsi en hongrois:

On a "ön" (pluriel "önök") pour un vouvoiement de hiérarchie, voire de déférence. Employé dans un contexte formel, ou lorsqu'on parle à une personne nettement plus âgée (dans ce cas ça peut être dissymétrique). Cela peut donc être une personne proche, de la famille.

Il y a aussi "maga" (plur. "maguk") qui est le vouvoiement de non-proximité: la personne que l'on croise dans la rue, qu'on ne connaît pas, et qu'on ne se sent pas de tutoyer. Cette forme était au départ respectueuse, mais aujourd'hui peut être carrément insultante si mal utilisée (p.ex dans les cas où tutoyer serait perçu comme acceptable, et plus cordial).

Un prof de hongrois s'étonnait qu'en France on tutoyait ses collègues enseignants alors qu'on vouvoie ses étudiants. En Hongrie c'est plutôt l'inverse : on donne du "ön" à ses collègues (relations dans un cadre formel et hiérarchisé dans l'ordre du corps enseignant) tandis que pour les étudiants, seul le tutoiement convient (ce ne sont pas des inconnus, donc "maga" n'est pas possible, et ils ne sont pas membre d'un même ordre hiérarchique que les profs, donc pas de "ön").

Bref, de quoi être plus paumé encore (et pourtant le régime socialiste est passé par là, qui a supprimé les formules alambiquées en usage jusqu'alors, où on pouvait carrément remplacer le pronom par une expression du type "sa Grandeur la Dame"...).

24 septembre, 2011 01:32  
Anonymous Anonyme a écrit...

Au québec: Tu m'aimes-tu?

03 octobre, 2011 15:31  
Anonymous Cobab a écrit...

Phénomène rigolo en espagnol sud-américain (au moins pour ce que j'en sais au nord de l'Argentine et en Bolivie) : l'espagnol de là-bas dérive de celui parlé au temps disons des conquistador, ou le vouvoiement était beaucoup plus systématique qu'aujourd'hui. (En espagnol contemporain européen, on ne vouvoie plus guère que les ministres, évêques etc. Avec la vendeuse du magasin ou le flic à la circulation, on se tutoie.) Du coup, le vouvoiement est resté la forme en usage à l'oral, alors que l'école enseigne le « bon » espagnol, où l'on se tutoie ; le tutoiement est donc perçu comme appartenant au registre soutenu, manifestant un effort particulier pour parler « correctement », donc un respect particulier : le sens du vous et du tu se sont inversés.

14 octobre, 2011 09:25  
Anonymous Luigi Koechlin a écrit...

C'est vraiment en France qu'il faut faire attention entre dire vous ou tu. Existe-t-il d'autre pays dans ce cas la...
En Espagneil y a une difference mais je ne savais pas que le Vopus et le Tu étaient inversés en Amerique du Sud, c'est bon à savoir !

01 novembre, 2011 13:03  
Anonymous spiritoo a écrit...

@Cobab : très intéressant, c'est là qu'on voit que, heureusement, la mondialisation n'a pas encore aboli les différences de langues (langue et culture sont étroitement liées). Ayant vécu au Québec je pense qu'il y a énormément à dire de l'influence réciproque de la culture et de la langue. Ainsi les québécois, sans le savoir, ont 80% de codes sociaux empruntés à l'anglais, voire traduits mot à mot (comme le "bon jour" pour dire au revoir, traduction de "have a nice day").
Au sujet du tu, la méthode américaine (y compris au Québec) est de tutoyer tout le monde. C'est finalement beaucoup plus simple. Pas d'impair possible, et cela représente fidèlement la mentalité "utilitariste" américaine : le langage doit être un instrument pratique et clair. On aime ou pas, mais cela explique pourquoi l'anglais sera toujours la langue des affaires, grâce à sa clarté, tandis que le français sied à merveille à la diplomatie et à la poésie.

Tous les pays ont leur dose de "faux cul isme" : chez les ricains on fait de grand sourire en disant tu et on est incapable de construire une vraie camaraderie avec un collègue. En France la faux-cul ité, comme dans beaucoup de pays ayant eu un rôle important dans le passé, avec des régimes "forts" (Hongrie et Espagne cités par les autres commentateurs rentrent bien dans ce cadre), se retrouve beaucoup dans les mots, et dans le dilemme du tu/vous..

01 novembre, 2011 16:14  
Anonymous Anonyme a écrit...

Bonjour,
Les italiens utilisent préférentiellement le TU. "Danno del Tu", ils "donnent du tu" comme on donne de la voix ("fanno all'amore" -ils font à l'amour, ce qui dénote plutôt de fortes nuances dans l'emploi des prépositions au sein des langues romanes, ce qui reste une chausse-trappe pour les polyglottes). Un ami médecin me racontait récemment ses déboires car il sentait qu'il tutoyait trop et à tort et à travers.
Je ne sais quel est l'impact de la longue (1922-1943) période mussolinienne, mais en latin on tutoyait dru (Tu quoque etc.). Et à Montpellier le Tu reste facile. De même il me semble en Espagne, ou le Usted (Vuestra Merced, équivalent au Lei = Elle = Sa majesté/Sa grâce /Son excellence) reste très fort. En Italie il n'est pas rare qu'on vous reprenne en vous reprochant aimablement de "dare del Lei"...

11 novembre, 2011 02:58  
Anonymous etienne a écrit...

Bien vu la leçon de linguistique de Mitterand !

17 novembre, 2011 10:01  

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lundi, juin 06, 2011

Débat: Langages naturels et artificiels

Je participe ce soir (lundi 6 juin à 19h) à un débat à la Bibliothèque Publique d'Information du Centre Pompidou, sur le thème des langages naturels et artificiels. Voici le texte de présentation :
Nous parlons tous un langage naturel : c'est dans notre ADN, c'est au coeur de notre humanité. Mais l’homme crée aussi des langages artificiels. L’informatique a les siens, comme l’HTML ou le Java, et la fiction n’est pas en reste, puisque des civilisations ont été inventées avec leurs propres langages. Ainsi, Tolkien a créé l’elfique, dans Le Seigneur des anneaux et, plus récemment, Frédéric Werst a écrit tout un livre en « wardwesân », la langue du pays des Wards.
Quels rapports les langages artificiels entretiennent-ils avec le langage naturel ? Peut-on les comparer du point de vue de leurs codifications, de leurs syntaxes, de leurs sémantiques respectives ? En étudiant l’histoire des systèmes de notation, retrouve-t-on des constantes anthropologiques permettant de rapprocher les codes les plus récents de l’informatique et les toutes premières écritures ?
Pour éclairer cette question essentielle de la codification du langage, la Bpi invite des spécialistes d’horizons différents : un développeur web, un écrivain, une anthropologue ainsi qu'un professeur de linguistique et d’informatique.


Le débat est animé par Abeline Majorel, fondatrice du site Chroniques de la rentrée litteraire, consultante et blogueuse.

Avec :

Aurélien Fache : spécialiste du multimédia, ingénieur en développement, co-concepteur technique de la plateforme Dailymotion, directeur technique au sein de la société 22mars, éditeur de médias sociaux.

Frédéric Werst : écrivain, il est l'auteur de Ward Ier et IIe Siècles (Seuil, "Fiction et Cie", 2011). Pour écrire cet ouvrage, il a entièrement inventé une langue, le wardwesân, qu'il a ensuite traduite en français. Son roman est une anthologie des oeuvres qu'auraient écrites un peuple imaginaire — les Wards — pendant les deux siècles correspondant à l'apogée de leur civilisation.

Clarisse Herrenschmidt : Linguiste, philologue et anthropologue, elle travaille sur l'histoire et l'anthropologie des écritures. Chercheuse au CNRS, rattachée au Laboratoire d'Anthropologie sociale du Collège de France, elle est spécialiste de l'Iran perse et élamite ainsi que de la Grèce ancienne.

Jean Véronis : professeur de linguistique et d'informatique à l'université de Provence. Il est aussi consultant auprès de diverses entreprises de technologies et co-auteur de Les mots de Nicolas Sarkozy (Seuil, 2008).

 Le débat sera filmé et retransmis en direct sur le Web (voir site).


PS
  • La bande son est disponible sur le site de la BPI.
  •  
  • Très bon compte-rendu de Rémi Sussan et Hubert Guillaud sur InternetActu.

15 Commentaires:

Anonymous François a écrit...

l'entame du texte me laisse un peu perplexe... poser le langage au cœur de l'humanité, cela me va tout à fait, mais pourquoi le situer "dans notre ADN"?
Car si cela devait être (ce qui n'est pas gagné), il en serait alors de même de l'HTML et du Java qui n'auraient du attendre que la venue des conditions environnementales nécessaires à leurs expressions. De la même manière, le langage "naturel" devrait attendre la condition environnementale d'un contexte culturel, social et familial pour s'élaborer à partir de l'ADN (et non à partir d'un individu en construction, c'est à dire un autre niveau épistémique).
Quand bien même cette inscription dans l'ADN serait métaphorique, je trouverais cela maladroit. Le langage naturel serait alors inscrit dans un code ne tolérant que très peu d'erreurs (à peu près comme le langage informatique, en un peu plus souple peut-être). Cela est évidemment en contradiction avec ce que l'on sait du langage "naturel".
La question sous-jacente au débat est intéressante bien qu'il me semble que Wittgenstein ait déjà abordé la question de manière conceptuelle sans la situer dans le contexte particulier de tel ou tel langage "artificiel". Toutefois, cette question me semble intéressante justement si on l'aborde en conservant les spécificité de chaque "langage" et non en les regroupant sous ce même terme commun. autant je vois une communauté certaine entre le langage "réel" et l'elfique, autant les "langages" informatiques ne m'apparaissent pas comme de véritables langages (basé sur une notion de sens commun propre à un contexte culturel et social, très tolérant à l'erreur, utilisé dans une très large part pour discourir sur le langage lui-même et consolider le sens créé...).

06 juin, 2011 14:52  
Blogger jmdesp a écrit...

Il y a plusieurs langues parlees aujourd'hui qui sont lui d'etre si naturelle que cela : l'allemand moderne a ete cree d'une maniere fortement artificielle par Luther lors de l'ecriture de sa bible, sur la base certes des divers dialectes germaniques existants, mais en reorganisant le tout d'une maniere rigoureuse qui a fait de l'allemand moderne l'une des langues parlees les plus regulieres et avec le moins d'exception, tout simplement du fait de ce caractere artificel. L'hebreu oral a lui aussi un caractere artificiel puisque quoi qu'en pensent les israelien il n'est pas totalement neutre d'avoir du recreer entierement l'oralite d'une langue qui n'existait plus que sous forme ecrite depuis plusieurs millenaires, car je peux me tromper mais il me semble que le corpus existant d'hebreu vernaculaire etait tres reduit et que pour passer d'une langue religieuse ecrite a un language vraiment utilisable dans la vie de tous les jours pas mal d'imagination a ete requise. Meme pour le francais, les grammairiens au XVIeme ont profondement change la nature de la langue, au dela d'un effort de rationalisation a peu pres neutre, ils ont sous pretexte de le raprocher de ses racines latines introduit toutes sortes d'elements purement artificiels. Il y en d'ailleurs une partie qui passe petit a petit a la trappe (reformes de l'orthographe qui supriment de nombreux accents circonflexes sans utilite reelle introduit par les grammairiens, concordance des temps que plus personne n'utilise vraiment telle qu'elle a ete concue).
Bref l'opposition n'est pas si totale qu'on pourrait croire entre languages artificiels et languages naturels car ils sont plus courant qu'on ne pense ceux qui ont deja subi l'outrage d'etre retaille suivant l'idee de quelque theoricien plutot que d'etre le resultat d'une pure evolution naturelle.

06 juin, 2011 21:32  
Anonymous Cochonfucius a écrit...

Sur la prise en main de la langue au dix-septième siècle par des grammairiens et consorts, voir un ouvrage paru naguère aux éditions "La Bibliothèque", et qui offre une excursion dans le monde des lexicographes inspirés.

07 juin, 2011 12:42  
Anonymous Mancko a écrit...

Quel dommage que la vidéo ne soit déjà plus en ligne ! Les limitations du direct sans doute...

@François > Le langage codé dans l'ADN est un joli raccourci journalistique. Cependant les travaux de Chomsky ont montré que le langage était basé sur des structures innées, câblées pourrait-on dire, de certains universaux linguistiques. Les grammaires du HTML et du java n'en font a priori pas partie (la littérature est sauvée : qui pourrait écrire un roman dans un langage de présentation ou un langage compilé ?)

@JMDESP > On pourrait ajouter à la liste des langues artificielles passées au naturel le sanskrit et le nynorsk. Et si on y ajoute les efforts de standardisation comme celui entreprit avec la réforme de l'orthographe du portugais (accord orthographique de 1990) qui rapproche l'écriture de la forme orale, qui pourrait dire combien de langues ont perdu une partie de leur naturalité ?

Félicitations en tout cas à Frédéric Werst pour cette nouvelle langue fictionnelle aux sonorités orientales. Pour celles et ceux qui voudraient apprendre à compter en wardwesân, suivez le lien (une validation par son inventeur serait très appréciée).

07 juin, 2011 20:24  
Anonymous François a écrit...

@ Mancko> je ne suis pas vraiment d'accord avec ce commentaire mais je le trouve intéressant. En effet un des principaux problèmes que je voyais dans cette utilisation du terme ADN consistait justement à poser le débat dans un paradigme inné/acquis dont on sait depuis au moins une trentaine d'années qu'il est dépassé. Le terme de "cablé" va également dans ce sens. Cela contribue à inscrire le sujet dans un cadre très mécaniste peu compatible avec la souplesse et le caractère protéiforme du langage. Les sciences cognitives ont, elles aussi, connu ce cadre dans leur début et avec un succès (en terme de chercheurs impliqués) qui commence à peine à s'émousser. Toutefois dans le cadre des sciences cognitives la nécessité de sortir d'un cadre mécaniste s'est faite sentir comme cela avait déjà été le cas en philo avec l'émergence de la phénoménologie au début du 20ème siècle. Merleau-Ponty a justement contribué à clarifier l'usage des termes comme "cablé" et de leur heuristique. L'homme est le seul être vivant à utiliser un langage et à pouvoir le développer (en tous cas pour l'instant), il y a donc effectivement des "structures" propres à notre espèces qui permettent son apparition. Toutefois sans le contexte idoine, pas de langage (et vraisemblablement un développement cognitif radicalement différent).

08 juin, 2011 09:29  
Blogger Jean Véronis a écrit...

François> Je ne suis pas l'auteur du texte de présentation... Comme le dit Mancko, "codé dans l'ADN" est un raccourci journalistique. Mais je ne le trouve pas vraiment erroné : la faculté de langage de l'homme est bien génétique (je parle bien de la faculté de langage, et non pas telle ou telle langue particulière, bien sûr !).

Java ou HTML n'entrent pas dans ce champ, car il leur manque surtout un autre élément (je l'ai souligné lors du débat) : les langues "naturelles" sont sociales, ce sont des outils de communication entre humains. Or il est impossible de se parler en langage informatique, donc il est impossible pour l'enfant d'apprendre (spontanément), etc.

L'autre différence fondamentale à mon sens (que j'ai aussi mentionnée dans le débat), c'est l'ambiguïté qui semble inhérente aux langues naturelles (tout mot a plusieurs sens, par exemple), alors qu'elle est par construction absente des langages informatiques. J'en viens à penser que cette ambiguïté, qui a gêné bien des gens (et non des moindres: Descartes, Leibnitz...) est une propriété NECESSAIRE des langues humaines, sans laquelle la communication (l'aspect social donc) serait impossible. Il faudrait des pages pour développer, mais c'est une piste absolument fascinante...

08 juin, 2011 09:32  
Blogger Jean Véronis a écrit...

François> Nous étions probablement en train d'écrire nos réponses en même temps ! "Sans le contexte, pas de langage" : bien entendu. Les enfants qui grandissent totalement en dehors d'un contexte langagier n'ont aucun langage (pour peu qu'on arrive à déméler le vrai du faux dans les histoires d'enfants sauvages, l'expérience de Frédéric II, etc.).

08 juin, 2011 09:45  
Anonymous Claude Roux a écrit...

Fascinant. Je travaille moi-même depuis quelques années sur une langue artificielle, j'avais proposé un article à TALN sur le sujet, mais il avait été refusé.
A ce propos, j'ai retrouvé un article de Mc-Carthy sur ce sujet:
MCCARTHY J. (1976). An example for natural language understanding and the AI problems it raises. Formalizing Common Sense: Papers by John McCarthy. Ablex Publishing Corporation, 355.

Je suis intimement persuadé comme McCarthy qu'une telle démarche est plus que nécessaire. La langue que j'ai construite permet d'expliciter nombre de problèmes spécifiques à l'analyse des langues "naturelles".
Je suis très surpris (et heureux) de découvrir que cette démarche est aujourd'hui prise au sérieux.

08 juin, 2011 10:40  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Jmdesp> Oui, il y a divers exemples de l'intervention de l'homme sur les langues. Je connais moins bien le cas de l'allemand, donc je ne m'aventurerai pas trop, mais en ce qui concerne le français, l'intervention a été surtout liée au domaine de l'orthographe (en particulier par rapport à des étymologies latines, réelles ou supposées). Or l'orthographe ce n'est pas la langue, c'est un code conventionnel sur lequel il est plus facile d'intervenir, d'autant que dans les siècles passés, l'écrit était l'affaire d'un nombre réduit de clercs et de lettrés. C'est beaucoup plus difficile de toucher à la langue proprement dite. Comme j'ai coutume de dire : les langues ne se décrètent pas (et fort heureusement, sinon on tombe dans Orwell). Le cas pitoyable de notre "Ministère de la Langue" (la Commission générale de terminologie et de néologie) en fait la démonstration.. Qui utilise "bloc" pour parler d'un blog (voir ici)?

Les modifications profondes de langues sont très peu nombreuses. Elles demandent des circonstances sociales extrêmement spéciales, comme la création d'un Etat, ce qui a été le cas pour Israël. Il s'est alors agi de "restaurer" une langue qui n'était plus parlée dans la vie courante (un peu comme notre latin liturgique, si l'on veut), de lui créer tout un vocabulaire du temps présent... Le travail de Ben Yehouda est tout à fait étonnant. Mais c'est un cas unique à ma connaissance, en tout cas dans son ampleur (même si d'autres langues comme le gallois s'en sont inspirées).

Mais on est toujours dans l'adaptation, le "bricolage" (parfois génial) sur des langues existantes. L'adoption par un groupe social d'une langue totalement artificielle est rarissime. Il y a bien sûr quelques exemples comme l'espéranto, voire le klingon, mais ils interviennent quasi exclusivement dans des cas de bilinguisme (la langue artificielle étant langue seconde, bien entendu). On évalue à peut-être un millier le nombre de personnes qui auraient l'espéranto comme véritable langue maternelle...

08 juin, 2011 11:30  
Anonymous François a écrit...

@ Jean> Je suis d'accord avec le terme "génétique". Toutefois je le restreindrais à son acception "propre au développement" telle qu'a pu l'employer Piaget dans son "épistémologie génétique". Mais cela n'a évidemment rien à voir avec l'ADN. Il est intéressant d'ailleurs de jeter un oeil à l'histoire du terme "gène" qui a été construit bien avant la découverte de l'ADN (vers 1905) sur la base du grec "genetykos" (propre à la génération (et pourrait-on dire au phénomène de développement)). Cela relève ainsi d'un processus dynamique et non comme la biologie moléculaire l'a construit par la suite d'un programme rigide.

merci pour ces réponses et pour ce blog toujours aussi sympathique et intéressant

08 juin, 2011 11:42  
Anonymous temps a écrit...

Bonjour,
Je ne pense pas que nous puissions différencier un langage naturel et un langage artificiel. Je pense qu'il existe des langues vivantes, des langues mortes, des langues de conventions en d'autres termes, et des techniques de communication demandant moins de pré-requis même s'ils demandent un peu de connaissances des lois physiques. Ainsi gnome est intuitif, le langage C est intuitif, la grimace est intuitive, la transpiration est aussi intuitive, mais pas java car actuellement java est construit sur des "class" incohérentes qui ne reproduisent pas l'observation.
Cordialement

09 juin, 2011 02:23  
Anonymous Mancko a écrit...

Pour celles et ceux qui auraient manqué la diffusion vidéo en direct, vous pouvez retrouver la bande sonore à l'adresse suivante : http://archives-sonores.bpi.fr/index.php?urlaction=doc&id_doc=3403

13 juin, 2011 14:58  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Très bon compte-rendu de Rémi Sussan et Hubert Guillaud sur InternetActu.

14 juin, 2011 20:44  
Blogger Curare- a écrit...

Combien l'analyse s'enlise constatait Lyse émulsionnée par
la danse des mots et la densité dans sa diversification syntaxique du langage écrit sans les cris aux abois ..
Le langage sms ou syllabique est en cours d'appropriation par notre jeunesse fougueuse -
Tronquer les mots pour raccourcir les maux-
L'émotion par les émoticones -cette rage de lire à 100 à l'heure
sans se heurter à la difficulté..d'écrire -sourire
Combien de générations 'sacrifiées ?' ingurgitant la méthode globale?
Fécondes circonvolutions des mots tomberont ils dans l'oubli des écrans ravageurs des portables ?
Resteront ils la nourriture intacte de quelques initiés perclus de solitude dans l'infernale machine ?
Les mots s'oublient se changent et puis se renouvellent tout conte fée -
Cela a toujours été -

-Usul parle moi de ton monde Natal-

F. Herbert a prédit 1 messie qui tuera avec ses mots-
Je m'y suis entraînée qelquefois ...
Mais ce n'est que le futur..et demain n'existe pas.

20 juin, 2011 19:50  
Anonymous Anonyme a écrit...

Bonjour, je préfère le terme langue construite que langue artificielle, parce que, comme remarqué par divers commentateurs, de nombreuses langues ont été remaniées, profondément ou superficiellement : hébreu, allemand, mais aussi indonésien, italien (Dante), russe par Lomonossov.
« L'adoption par un groupe social d'une langue totalement artificielle est rarissime. Il y a bien sûr quelques exemples comme l'espéranto, voire le klingon,(...) » 
L'espéranto n'est pas une langue « totalement artificielle » (à l'inverse, peut-être, du Volapuk) car la totalité de son vocabulaire, du moins pour les racines de base, est issue des langues dites naturelles, de même que sa grammaire est inspirée des principes de base communs à diverses langues – c'est la synthèse qui est totalement originale et géniale. D'ailleurs, tout ce qui est issu du cerveau humain est finalement artificiel – ou naturel, selon le raisonnement.
Par ailleurs, j'ai toujours trouvé étrange qu'au cours de ces débats savants, un fait majeur soit systématiquement occulté ou minimisé : l'incommunicabilité entre les humains - une seule espèce - autrement dit la barrière des langues qui nous sépare tous à l'échelle de la planète. Avec la mondialisation, la planète a rétréci, et pourtant, nous refusons (inconsciemment ?) de débattre d'un moyen de communication, comme si nous niions la réalité de cette incompréhension mutuelle, ou que nous en remettions à l'espérance de la traduction automatique, illusoire pour l'instant – le débat rappelle d'ailleurs honnêtement que l'informatique est très très loin des performances du cerveau humain
L'autre moyen de discussion, le truchement d'une armada d'interprètes – ne peut être envisagé que par de grandes organisations type ONU – même l'UE a dû admettre son échec en la matière...

23 août, 2011 19:43  

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mercredi, mai 18, 2011

Actu: Bernadette Chirac enceinte

Délicieuse ambiguïté du langage... J'ai eu un choc en parcourant les titres de 20 minutes dans le métro :


Le plus amusant, c'est que le site Web a repris (automatiquement sans doute) le titre, sans l'intitulé de rubrique :



Ah la la, ces grands-mères porteuses !

PS: Vous comprenez pourquoi le traitement automatique du langage, c'est difficile... ?

12 Commentaires:

Anonymous Alexandre G. a écrit...

Ils ont réagi bien vite, on lit maintenant "Bernadette Chirac se réjouit de la grossesse de Carla Bruni-Sarkozy".

18 mai, 2011 11:39  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Ca ne m'étonne pas: 20 minutes est toujours très réactif, et en plus il y a beaucoup de gens de 20minutes qui lisent ce blog, ou qui me suivent sur Twitter ;-)

18 mai, 2011 11:43  
Anonymous polluxe a écrit...

Amusant. Comme quoi le français peut être vague.

18 mai, 2011 16:51  
Anonymous Cochonfucius a écrit...

Exemples concernant la traduction des récits érotiques.

"...sa langue était dans sa bouche et dans ses oreilles"

18 mai, 2011 17:41  
Anonymous Alain Pierrot a écrit...

Montre aussi combien la constitution du sens est liée à la maquette et la mise en page;

18 mai, 2011 18:12  
Anonymous Anonyme a écrit...

soit, Un bébé pour Bernadette

18 mai, 2011 19:21  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Polluxe> Oui ! et pas seulement le français. Ce sont toutes les langues qui sont ambiguës. C'est une caractéristique tout à fait étonnante du langage humain. Le moindre mot a plusieurs sens, et malgré ça on arrive dans l'ensemble à se comprendre...

19 mai, 2011 08:40  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Cochonfucius> Excellent. J'amusais mes étudiants avec un exemple du même genre : "Il tourna sa langue sept fois dans sa bouche avant de répondre..." Rires garantis.

19 mai, 2011 08:42  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Alain> En effet ! Ce sont des exemples assez peu explorés. Il y a aurait toute une étude à faire sur les Unes de quotidiens par exemple.

19 mai, 2011 08:43  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Anonyme> On a déjà connu des Bernadettes capables de miracles...

19 mai, 2011 08:43  
Anonymous GdeC a écrit...

t'as pas honte, Jean, de te moquer des petites vieilles ! :)

19 mai, 2011 08:51  
Anonymous Laurent a écrit...

Titre d'article de TF1 News, vu à l'instant :

Affaire DSK : le "frère" de la victime présumée ne l'était pas (http://lci.tf1.fr/politique/affaire-dsk-le-frere-de-la-victime-presumee-n-est-en-fait-qu-un-ami-6494924.html)

19 mai, 2011 22:15  

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lundi, mai 16, 2011

Google: Dominique Strauss-Kahn juif, viol, etc.

Sans commentaires...


9 Commentaires:

Anonymous Anonyme a écrit...

le 30 Mars, pour comparaison.

16 mai, 2011 17:08  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Ca montre la réactivité étonnante de Google Suggest. Sur "DSK..." on a "DSK menotté", "DSK alibi", "DSK vrai faux...". Je n'avais pas encore noté ces ajustement de Suggest littéralement en temps réel.

16 mai, 2011 17:12  
Anonymous nv a écrit...

Je l'ai remarqué sur pas mal de projets. C'est souvent peu tangible du fait du volume des requêtes habituelles, surtout sur des patronymes à volume naturel élevé. quand arrive un scandale, on a maintenant une réactivité en quelques heures de suggest. Pour la Porsche, c'était environ 5-6h après. Notons que l'affaire du viol a largement chassé la Porsche et les costumes ^^

16 mai, 2011 17:23  
Anonymous Adrien Barbaresi a écrit...

En anglais on a droit à "jewish" et plus bas à "juif" ! Mais aussi scandal, bio, et father.
(https://encrypted.google.com/webhp?hl=en)

Les allemands et les italiens ont l'air très policés, ou alors l'index de Google Suggest n'a pas encore été mis à jour dans ces deux langues...

En espagnol (pour "dominique str") on retrouve "judio", mais aussi "dominique stroskan" et plus étonnant "dominique strauss-kahn generacion perdida" !
(https://encrypted.google.com/webhp?hl=es)

NB: les liens ci-dessus renvoient à la version SSL toujours en mode beta, mais les résultats ont l'air d'être les mêmes que sur la version classique.

17 mai, 2011 00:37  
Anonymous Judas a écrit...

La première chose qui me vient à l'esprit en lisant l'ensemble des commentaires, c'est que les gens jugent l'Homme DSK à travers ses origines juives. Serait-ce de l'antisémitisme ? J'aurais tendance à dire prudence...
Je pense que dans l'inconscient général, il devient automatique de considérer les gens qui ont à faire à la justice à travers leurs origines. "Les noirs et les arabes" crèent de la délinquance, les juifs sont des magouilleur d'argent ou des violeurs (Polanski, DSK), et les chrétiens ont des curés pédophiles... Autant de préjugés qui ont une fonction psychologique : comprendre le monde en faisant moins d'efforts cognitifs. Nous filtrons tous les informations et avons besoin de cases pour comprendre le monde.

Voici une analyse psychosociale de l'association : DSK juif Viol

Essayons avec curés pédophiles

Arabes racailles

Noirs mangeurs de manioc

...

21 mai, 2011 22:39  
Anonymous Cochonfucius a écrit...

Linguistes pinailleurs...

29 mai, 2011 10:52  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Excellent ! il y a aussi Philosophes pédants...

29 mai, 2011 11:28  
Anonymous Inarius a écrit...

Ceci dit, aujourd'hui, si je tape "Sarkzozy est il" (en plus de juif et fou), j'ai droit à "invité au mariage" "au mariage", "invité au mariage de Kate and William"

Donc bon...
Parfois je me demande, est ce que google reflète VRAIMENT les recherches des gens ? Parce que bon...

20 juin, 2011 17:18  
Blogger Guillaume a écrit...

Bonjour,

Je m'interroge depuis plusieurs semaines sur l'aspect sémantique de l'affaire Strauss-Kahn, et plus particulièrement sur l'usage fait, à tort et à travers, du terme "présumé".

En l'occurrence, entre les avocats qui disent qu'une victime et un agresseur ne peuvent logiquement être "présumés" simultanément et, par exemple, un Yves Calvi sur RTL qui rappelle que, tant la femme de chambre que l'homme politique sont tous les deux "présumés", il y a de quoi s'y perdre même si j'ai tendance à plus faire confiance aux premiers.

Sur ce sujet il y a un paragraphe du génial blog d'Eolas qui lève toute ambiguïté :

"Alors pour éviter de torturer la langue française et d’employer ce pauvre mot de “présumé” à toutes les sauces, mettons les choses au point.

Parler de Dominique Strauss-Kahn comme d’un suspect, d’un inculpé ou d’un accusé est tout à fait correct. Juridiquement, le terme le plus exact à ce stade est accusé, puisque l’indictment a été prononcé par le Grand Jury. Le désigner comme “violeur” serait une atteinte à la présomption d’innocence. Mais le désigner comme “violeur présumé” est lourd, inélégant et imprécis, le terme présumé, sans doute inspiré par présomption d’innocence, ayant le sens de “Qui est supposé par hypothèse, par conjecture”. Soit l’inverse de ce qu’on veut dire, en somme. Un violeur présumé n’est pas un innocent présumé.

Là où l’auditeur risque la migraine, c’est quand la victime devient à son tour présumée. Diable ! Si le violeur est présumé innocent, la victime est-elle présumée menteuse ? Non, bien sûr, mais on la rétrograde au rang de victime présumée. Ce qui fait beaucoup de présumés.

Le mot français pour “victime présumée” est “plaignante”. Le terme de “victime”, qui étymologiquement renvoie au religieux, puisqu’il désigne ce qui est offert en sacrifice aux dieux (victima en latin), n’est juridiquement adéquat qu’une fois que le crime est établi, soit après la condamnation. Bref, le terme de victime est incompatible avec la présomption d’innocence. Vous comprendrez pourquoi l’usage intensif qui est fait de ce terme par les gouvernements successifs pose problème."

Et avec les éléments récents, on constate avec Jules que les journalistes ont, comme par enchantement, trouvé le décodeur :

"Si l’on en croit le New-York Times, l’accusation doute de la crédibilité de la plaignante. Observez en passant que la presse française a subitement abandonné la terminologie de « victime présumée » au profit de celle de « plaignante »1, « d’accusatrice »2 ou même de « femme de chambre »3. Ce qui démontre tout à la fois l’inanité de la formule et l’absence de neutralité de ceux qui l’employaient. Les raisons de ces doutes tiennent aux accommodements que l’intéressée a pu trouver avec la vérité. Les déclarations litigieuses, cependant, ne concernent pas directement les allégations d’agression sexuelle, mais des informations périphériques. La nuance est d’importance pour la suite."

Auriez-vous des outils qui permettraient de faire une analyse de cette évolution ?

Yogi

- lien vers le blog d'Eolas : http://www.maitre-eolas.fr/post/2011/05/22/Commentaire-d-un-juriste-sur-la-couverture-m%C3%A9diatique-de-l-affaire-DSK

- lien vers le blog de Jules :
http://dinersroom.eu/6209/reasonable-doubt-mon-amour/

01 juillet, 2011 17:15  

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Politique: Un jeu sérieux (ou pas ?)

L'actualité produit parfois des collisions tout à fait surprenantes. Dimanche matin, je m'apprêtais à préparer ce que j'allais bien pouvoir dire à un débat organisé par Le Monde.fr sur le thème « La politique est-elle un jeu (sérieux) ? » (demain mardi 17 mai de 18h à 19h dans l'auditorium de la Gaîté Lyrique), lorsqu'est tombée la nouvelle de l'arrestation de DSK à New York... Ce débat accompagne le lancement par Le Monde.fr, le 20 mai, du premier « serious game » journalistique français. Je cite : « conçu sur le thème des primaires à gauche, ce serious game propose au joueur de construire sa campagne politique, par des stratégies d'alliances, des coups médiatiques et des propositions afin de devenir le candidat de la gauche pour 2012 ».

J'ai été invité à donner mon opinion sur quelques questions comme La politique se résume-t-elle à compter les points ? Les petites phrases font-elles l'opinion ? Peut-on jouer avec la politique ? etc., et vous imaginez bien qu'hier matin, ayant ces questions en tête, après m'être frotté les yeux, fait un deuxième café, m'être assuré que les news sur DSK n'étaient ni un hack ni un fake, je ne pouvais plus voir le sujet exactement de la même manière !


Voir illustration chez Klaire

L'actualité doit donner quelques sueurs froides aux créateurs du jeu : les règles sont peut-être quelque peu à revoir in extremis, sinon le jeu risque de sembler curieusement décalé ! Mais elle illustre à merveille l'un des points que j'avais prévu d'évoquer. Un jeu, quel qu'il soit, est un algorithme : il s'agit de générer l'illusion du complexe à partir de règles simples et forcément finies. Il en va ainsi des jeux de cartes ou des échecs. Un serious game contient nécessairement un modèle de la réalité, imaginé par ses concepteurs, mais la réalité est (heureusement) infiniment plus complexe et imprédictible, et je pense que même dans les scénarios les plus fous nul n'aurait songé à insérer l'arrestation de DSK dans les règles d'un jeu sérieux, ou osé le faire s'il y avait pensé. Or, c'est le genre de petit caillou (au sens propre en ce qui a concerné Giscard) qui peut changer du tout au tout le cours de la vie politique.

C'est plutôt encourageant : la politique peut encore nous étonner, et nous surprendre. Que va-t-il se passer dans les semaines qui viennent ? La vraie vie s'avère parfois encore plus captivante qu'un jeu...

*
*  *

Je vous donne rendez-vous si vous le pouvez demain soir mardi 17 mai de 18h à 19h, auditorium de la Gaîté Lyrique.


Les participants au débat sont, à l'heure actuelle :


  • Laurianne Deniaud,
  • Julien Bayou
  • Olivier Mauco
  • Jean Véronis
  • Christian Salmon


Jean-François Copé (à l'origine du jeu Cyber-Budget) pourrait également faire une courte intervention si son agenda le permet, et Florent Maurin et Nabil Wakim (Le Monde.fr) interviendront également dans le débat en tant que participant et modérateur.


Mise à jour, mardi 17 mai : le débat est annulé ! Quand je parlais de sueurs froides...

Allez, je confirme, la vraie vie est encore plus folle qu'un game, fût-il serious !

2 Commentaires:

Anonymous Adrien Barbaresi a écrit...

Il est sans doute possible de simuler de loin le complexe, on en sait assez sur l'auto-organisation ou certains types de hasard pour ça, l'imprédictible en revanche est un tout autre problème. Cela renvoie notamment à la question de la plausibilité des évènements qui ne seraient pas dans un catalogue prédéfini (ce qui rappelle le débat sur l'acceptabilité des énoncés linguistiques, je ne m'étends pas...).
De plus, certains prétendent à l'exemple des cours de la Bourse qu'un fait inattendu arrive rarement seul, et que le boulversement d'un cycle établi est suivi par des fluctuations qui, parce qu'elles ont changé de nature, sont beaucoup plus difficiles à modéliser.

En parlant de jeux sérieux, il paraît qu'il existe de tels logiciels de simulation en haut lieu (http://www.rue89.com/2010/04/01/lelysee-sest-dote-dun-logiciel-daide-a-la-decision-145383). Là aussi les programmeurs et peut-être les utilisateurs pourraient être sur des charbons ardents !

17 mai, 2011 00:57  
Anonymous Nabil Wakim a écrit...

Bonjour Jean,

Merci d'avoir accepté de participer à ce débat, et toutes nos excuses pour l'avoir annulé à la dernière minute, mais la réalité à vraiment dépassé la fiction...
Nous avons, du coup, repoussé la sortie du jeu, mais nous vous tiendrons au courant, of course, de la suite !

A bientôt,

Nabil Wakim (Le Monde.fr)

19 mai, 2011 10:39  

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samedi, mai 07, 2011

Outil: 627 discours de Nicolas Sarkozy

A l'occasion du 4e anniversaire de l'élection de Nicolas Sarkozy, je viens de mettre en ligne une nouvelle version de ma base de discours politiques :


Ce sont près de 1900 discours qui sont maintenant disponibles, avec un moteur de recherche amélioré, dont 627 discours de Nicolas Sarkozy, avant et après son élection. Vous pourrez ainsi suivre l'évolution de son langage sur les thèmes les plus variés, comme l'identité, le nucléaire ou le bouclier fiscal.


La base s'est enrichie également de nombreux discours anciens, tels que ceux des différents présidents de la Ve République, depuis Charles de Gaulle (je remercie au passage mes collègues Damon Mayaffre et Pascal Marchand qui ont contribué au projet), ainsi que des discours plus récents, de candidats potentiels pour 2012 (Aubry, etc.).

Il me reste à ajouter des outils (graphiques, nuages, etc.), comme je l'avais fait sur mon ancien site, mais j'espère qu'en l'état, la base sera utile aux journalistes, historiens -- ou blogueurs qui pourront trouver quelques citations savoureuses, ou comparer les promesses avant/après élection...

J'essaierai de continuer à enrichir la base avec les discours qui ne vont pas manquer de fleurir dans la course à 2012. L'expérience m'a montré toutefois en 2007 qu'il était très difficile d'obtenir les discours des candidats les moins médiatisés, ce qui est dommage. Si vous lisez ceci et que vous faites partie des équipes de campagne, n'hésitez pas à me contacter ( jean [@] veronis.fr ). La base ne reflètera la diversité du panorama politique français qu'avec votre aide...

8 Commentaires:

Anonymous Anonyme a écrit...

on peut même mettre de '-' devant les mots pour essayer par exemple de savoir qui parle de sexe sans parler d'égalité des sexes. (et donc, il y a Boutin qui parle de l'altérité, et Nicolas qui parle de violence...)

07 mai, 2011 18:00  
Blogger Nicolas Jégou a écrit...

Beau boulot ! Compte sur les blogueurs gauchistes pour te piller !

08 mai, 2011 07:27  
Anonymous Chouyo a écrit...

Blogueuse et historienne et passionnée de linguistique, j'avoue que c'est de l'excellent travail et surtout... très utile !!! Merci beaucoup !

08 mai, 2011 11:29  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Merci à vous ! N'hésitez pas à me faire part de vos remarques.

08 mai, 2011 11:38  
Anonymous Cochonfucius a écrit...

J'ai testé avec un mot au hasard...

Amusant.

08 mai, 2011 15:18  
Anonymous grugru a écrit...

Merci pour cet excellent outil !
Une petite remarque, on connait le nombre de discours contenant un mot, mais pas le nombre total d’occurrences de ce mot ?

16 mai, 2011 17:12  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Pas encore. C'est une des fonctions sur lesquelles je suis en train de travailler (avec les graphiques etc.).

16 mai, 2011 17:20  
Blogger ardoise a écrit...

Bravo pour cet outil ! Juste une remarque : lorsque l'on fait une recherche sur un terme en cochant la case "Recherche exacte", puis que l'on ordonne les colonnes, la requête est de nouveau effectuée mais sans l'information "Recherche exacte". Je viens de tester avec "jeunes".

25 mai, 2011 14:21  

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dimanche, mars 20, 2011

Politique: Les drapeaux de Marine

Je viens d'écouter Marine Le Pen sur TF1, radieuse et ravie bien sûr de ce qu'elle appelle elle-même avec quelque humour la « vague bleu Marine » — j'ai le sentiment que l'expression fera recette ! Mais au-delà des mots, sans vouloir concurrencer les vrais pros, je ne peux m'empêcher de regarder les images, qui en disent souvent plus long que les mots...

Non, vous n'aviez pas forcé sur les canettes... Il y a bien deux drapeaux qui bégaient, bleu-bleu, blanc-blanc, rouge-rouge :


Cette image est évidemment un contrepoint à la mise en scène des discours officiels, du président de la République en particulier, qui accolent systématiquement les drapeaux français et européen, comme on l'a vu encore dans la dernière allocution (voir ici). On aurait pu simplement supprimer le drapeau européen (pardon, européiste, comme on dit au FN). Le remplacer par un deuxième drapeau français est tout simplement génial du point de vue de la communication. Assiste-t-on à un nouvel élément du vocabulaire iconographique du FN ? — à supposer qu'il n'ait pas déjà été employé (si vous l'avez déjà remarqué, n'hésitez pas à commenter : j'ai cherché en vain sur YouTube et compagnie, mais Internet est un peu une botte de foin planétaire, dans laquelle la recherche vidéo est encore le parent pauvre des moteurs).

La bibliothèque de Sarkozy, les drapeaux de Marine... Il y a décidément bien des choses intéressantes à regarder quand on coupe le son de son téléviseur !

16 Commentaires:

Anonymous matthieu a écrit...

en voici un autre exemple... aussi bénéfique pour la santé (mentale) de l'homme:

http://us.123rf.com/400wm/400/400/mchudo/mchudo0902/mchudo090200003/4290533-tasty-hamburger-with-two-flags-on-white-background.jpg

21 mars, 2011 05:52  
Blogger Sammy a écrit...

l est vrai qu'un terme de symbolique, la substitution est assez bien vue, l'impact est très fort.

A noter aussi le serre-livre en forme de coq...

21 mars, 2011 09:12  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Ah oui, le coq ! Pourvu qu'il n'aie pas les pieds dans la m...

21 mars, 2011 09:26  
Anonymous Adrien Barbaresi a écrit...

En plus tout le décor semble avoir été préparé pour attirer l'attention sur les drapeaux. Marine le Pen ajoute parfois une touche de blanc quand elle apparaît en noir à la télévision, mais là le blanc est comme "réservé" par le drapeau. Même le coq n'est pas clinquant finalement, il contrebalance un peu les drapeaux du point de vue de la symbolique mais on ne peut pas dire qu'il équilibre vraiment l'image.

21 mars, 2011 12:57  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Absolument ! Très efficace.

21 mars, 2011 12:59  
Anonymous estellebeaurivage a écrit...

Quant à sa bibliothèque!!
La Le Pen au moins ne dissimule pas son mépris pour la culture derrière des alignements de reliures.

21 mars, 2011 19:00  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Je ne sais pas si elle a un mépris pour la culture, je n'ai pas encore noté.... Avez-vous des exemples ? Son père est un homme cultivé, et qui maîtrise bien la langue française.

21 mars, 2011 19:33  
Anonymous estellebeaurivage a écrit...

Je n'ai aucune preuve de son mépris pour la culture sinon ce qu'elle est.Je note simplement que la "bibliothèque" mise en scène en arrière plan est simplement étique et que, comme vous le signalez, rien n'est laissé au hasard dans ce genre de décor de grand Guignol.

21 mars, 2011 22:29  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Je suis sûr en effet que rien n'est laissé au hasard. Il aurait aussi bien pu n'y avoir aucun livre, donc en ayant juste une petite sélection (de livres brochés), on a sans doute voulu faire un écho à la bibliothèque pléthorique (et aux couvertures luxueuses reliées cuir de l'Elysée) : nous aussi on lit, mais comme la plupart des gens...

22 mars, 2011 05:44  
Anonymous Médard a écrit...

Pendant qu'on y est, le fauteuil direction " c'est moi le cheffe" ;-)

26 mars, 2011 12:48  
Anonymous # a écrit...

Bonjour, je rajouterais deux trois choses:
- le decor, avec des drapeaux, est tout simplement "presidentiel", je pense que cela sert aussi a montrer que : "finalement, elle ne depareillerait pas a donner ses voeux le 31 decembre"
- mepris de la culture pas forcement (au contraire je dirais qu'elle essaie de faire cultivee), mais par contre bien plus inculte que son pere (je conseille l'interview chez FOG sur ces sujets)
- je ne qualifierais pas la bibliotheque elyseenne de plethorique (voir sur wikip: http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Bibliotheque_elys%C3%A9e.JPG ), meme si c'est ce que les photos presidentielles s'attachent a montrer

27 mars, 2011 17:31  
Anonymous Lourdoueix a écrit...

Au moins, il semble que Marine Le Pen soit bel et bien dans son décor et non "hors-site" comme paraît l'être Nicolas Sarkozy lors de sa dernière allocution ...

28 mars, 2011 13:02  
Anonymous Anne a écrit...

Quelqu'un a t-il réussi à repérer les titres des fameux livres? Je pense qu'eux non plus n'ont pas été choisis au hasard!!

28 mars, 2011 14:59  
Blogger Marie Paule Barco Florit a écrit...

Pour moi le décor minimaliste fait très pauvre et pas équilibré : la lampe maigrelette est un peu de travers, le serre-livre ne serre que quelques rares ouvrages et les deux malheureux drapeaux qui semblent être en nylon pendouillent tristement. Tout cela est loin d'être attrayant comme l'idéologie de la dame...

31 mars, 2011 09:59  
Anonymous adrien a écrit...

Bonjour,
J'avais remarqué dans les vœux présidentielle 2009-2010, l'absence du blanc (remplacer par une vu de l'Élysée) et le bleu et le rouge comme des draps sur les deux côtés. Mais surtout, le drapeaux européenne placé dans le coin gauche de l'écran qui disparait grâce au cadrage dans les 3 premières minutes.
Le doublage du drapeau est un pas supplémentaire.

13 avril, 2011 13:38  
Blogger zozefine a écrit...

en faisant une recherche gougueule images avec 'marine le pen' (opération complexe, avec une main, l'autre pour boucher le nez) (http://www.google.com/search?q=marine+le+pen&hl=fr&prmd=ivnsul&source=lnms&tbm=isch&ei=AvWyTcWDKpLG8QPzg_zPAQ&sa=X&oi=mode_link&ct=mode&cd=2&sqi=2&ved=0CBgQ_AUoAQ&biw=1010&bih=594), on trouve pas mal de double drapeaux français.

23 avril, 2011 17:54  

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lundi, février 28, 2011

Politique: La bibliothèque de Nicolas Sarkozy

Il y aurait à dire sur les mots de Nicolas Sarkozy hier soir, aussi bien ceux qui sont bruyamment absents (pas un mot de remerciement pour MAM, qui, malgré ses erreurs récentes, a été l'un des principaux ministres de la République depuis 2002, et pas forcément le plus mauvais...), ou ceux qui ressurgissent (l'Union pour la Méditerranée, qui avait fait pschitt dès son annonce, et dont décidément personne ne veut depuis). Mais je laisserai cet exercice à d'autres. Ce qui m'a le plus frappé, dès la première image, c'est le décor. L'allocution a été enregistrée dans la bibliothèque de l'Elysée, et l'événement est je crois assez rare. A ma connaissance (mais je suis sûr que les lecteurs corrigeront si besoin), seuls les voeux pour 2009 y ont été tournés. Le reste du temps, on a droit au fond bleu, aux jardins de l'Elysée, ou à sa façade comme lors des derniers voeux.


Rien n'est bien sûr laissé au hasard dans la communication du chef de l'Etat. Comment ne pas percevoir dans ce choix la volonté de "représidentialisation" dont on a beaucoup parlé ces derniers temps ? Une image de président inculte, qui massacre la langue française, n'est sans doute pas le meilleur atout pour la course à un second mandat. La bombinette astucieuse lancée par François Loncle demandant au ministre de l'Education comment on pouvait remédier aux problèmes lexicaux et syntaxiques du président a fait beaucoup de bruit, et les spin doctors ont certainement suggéré à Nicolas Sarkozy de reprendre en main sa langue, si je puis dire, et son image. On l'a vu lors de son interview du 16 novembre, où il a glissé maladroitement un latinisme et un imparfait du subjonctif, ou dans Paroles de français, où il a, avec plus de sobriété, montré qu'il pouvait parler tout à fait convenablement et avec courtoisie.

C'est que les Français sont des veaux, mais des veaux compliqués... Ils veulent sans doute un président proche d'eux, et critiquent les dérives monarchiques de la République (largement entamées sous un président de gauche...). Mais veulent-ils pour autant un président qui parle comme Georges Marchais ? Rien n'est moins sûr. L'image du chef éclairé, au-dessus de tous par sa stature morale et intellectuelle, est ancrée en nous depuis De Gaulle et Napoléon. Rien n'est moins certain que la pertinence du "parler popu" pour séduire l'électorat populaire. La fonction de président de la République est en quelque sorte l'aboutissement suprême de l'ascenseur républicain, qui reste encore, envers et contre tout, l'un des piliers de notre système. Nous admirons les présidents issus de milieux modestes, et qui, grâce à l'école de la République, ont gravi les échelons de la société et de l'Etat (je ne cite pas Napoléon au hasard: il est pour beaucoup dans la construction de ce système). Le chef lettré issu du peuple représente, consciemment ou pas, ce que chacun peut espérer comme meilleur devenir pour ses enfants. C'est l'image même de l'espoir républicain -- et pas seulement républicain: j'ai déjà eu l'occasion de faire remarquer que Jean-Marie Le Pen, qui séduit manifestement l'électorat populaire, est l'homme politique français actuel qui a le langage le plus élaboré (lexique, longueur des phrases, grammaire, etc.)...

La rupture d'image était donc dangereuse. Elle n'a pas réussi aux deux présidents qui l'ont tentée. Valéry Giscard d'Estaing en a fait les frais, et a dû prendre la porte avant son second mandat. Nicolas Sarkozy est au plus bas des sondages de tous les présidents de la Vè République réunis, et je parie que l'image du précédent rupteur incompris l'obsède. Il faut dire que dans les deux cas, la volonté de donner dans le "popu" produit une curieuse dissonance avec le personnage. Giscard déjeunant avec les éboueurs ? Peut-être, mais sans son côté aristo... Sarko parlant comme Marchais ? Difficile à concilier avec son éducation dans les beaux quartiers, son passage à Neuilly et ses liens avec les milieux de l'argent. Les éboueurs ça fait sourire — mais ça fait grincer lorsqu'on sort les diamants de Bokassa (affaire probablement injuste, mais le mal a été fait). Le parler "popu" ça amuse — mais comment le croire sincère dans la bouche d'un président bling-bling (yacht Bolloré, Rolex, etc.) ?

Pour revenir à notre bibliothèque (dont voici la photographie dans son intégralité), elle est tout un symbole. Charles de Gaulle, Georges Pompidou, François Mitterrand... et Nicolas Sarkozy s'y sont fait tirer leur portrait officiel. C'est De Gaulle qui a lancé la mode, dans une rupture sémiologique intéressante avec la IVe et la IIIe République (voir ici).



Valéry Giscard d'Estaing a choisi la célèbre photo de Jacques-Henri Lartigue sur fond tricolore — cela faisait partie pour lui aussi d'une stratégie de rupture avec les symboles.


Jacques Chirac s'est fait photographier dans le jardin de l'Elysée. L'image lui convient bien. Un peu champêtre, même si elle a été prise, évidemment, en plein Paris. Et surtout, l'évitement de la bibliothèque correspond parfaitement au personnage, dont on sait qu'il est en secret lettré (la poésie, les arts premiers, la culture asiatique...) et qu'une immense pudeur lui a fait prétendre n'aimer que la trompette de cavalerie...


Pourquoi Nicolas Sarkozy a-t-il lui aussi choisi le décor de la bibliothèque pour son portrait officiel ? Il ne cadre pas avec sa volonté de rupture, et convient bien peu au personnage qui déteste la princesse de Clèves...


On aurait attendu, comme avec Giscard, un symbole nouveau. Conseil des spin doctors déjà (c'était je crois juste après le premier épisode bling-bling sur le yacht Bolloré) ? Nous le saurons peut-être un jour quand les langues se délieront.

En tout cas, la scénographie d'hier soir renoue avec celle de mai 2007, mais les spin doctors ont fort à faire... Le naturel revient vite au galop. A peine repris en mains, il leur fait le coup du chewing gum. L'image du président présidentiable, ce n'est pas gagné.

13 Commentaires:

Anonymous Anonyme a écrit...

"Mam"

Mam do you think they'll drop the bomb
Mam do you think they'll like the song
Mam do you think they'll try to break my balls
Ooooh aah, Mam should I build a wall
Mam should I run for president
Mam should I trust the government
Mam will they put me in the firing line
Ooooh aah, is it just a waste of time
Hush now baby, baby don't you cry
Mama's gonna make all of your
Nightmares come true...''

28 février, 2011 13:07  
Anonymous Cochonfucius a écrit...

Quitte à poser devant un mur de livres, autant qu'il soit un peu plus bariolé!

Autant je comprends qu'un personnage né au dix-neuvième siècle, comme était Charles de Gaulle, se sente bien devant ces milliers de reliures bien sages, autant un lecteur né au milieu du vingtième siècle devrait préférer la bigarrure des bibliothèques telles que nous les connaissons, au quotidien.

28 février, 2011 14:03  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Oui... C'est en cela que le portrait de Nicolas Sarkozy était finalement anachronique et raté (même s'il a choisi pour le réalisé, je crois le phtographe de la Star'Ac). Ca fait le même effet que l'imparfait du subjonctif !

28 février, 2011 14:07  
Anonymous Anonyme a écrit...

D'ailleurs, quels sont les livres ayant l'honneur de figurer dans cette célèbre bibliothèque de l'Élysée ?

Merci d'avance si quelqu'un connait la réponse.

28 février, 2011 17:46  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Je me suis moi-même posé la question, et j'adorerais connaître la réponse... Je sais seulement que Mitterand pour son portrait feuilletait les Essais de Montaigne (beau symbole !) — mais rien ne dit d'ailleurs qu'il était extait des étagères de cette même bibliothèque.

28 février, 2011 18:58  
Anonymous Anonyme a écrit...

Ce qui ne va pas ce sont les drapeaux... les drapeaux par qui les guerres arrivent... toujours...

01 mars, 2011 09:53  
Anonymous Anonyme a écrit...

En voyant la bibliothèque j'ai cru qu'il s'agissait d'un mur de faux livres, pas possible, pour moi, ça ne "colle" pas avec le personnage

01 mars, 2011 12:01  
Anonymous Nathalie a écrit...

C'est drôle, les mots qui me viennent en voyant ce portrait, c'est "petit" et "incongru", un peu comme un gamin surpris à essayer très sérieusement les chaussures de son papa.

01 mars, 2011 21:37  
Anonymous Anonyme a écrit...

Sauf que Marchais il avait pas eu un habitus grand bourgeois, pour se faire un français collet monté...
La comparaison avec Le Pen est un peu facile.
Tant de paramètres interviennent dans la popularité ou l'impopularité. A mon avis, au moins deux.
La cape monarchique sied mieux aux épaules du chef revendiqué, psycho-rigide et autoritaire qu'est Le Pen. Et le rejet des politiques trouve une nouvelle cible dans cette langue faussement irriguée de néologismes, ni popus ni sorbonnards, qu'utilise le résident de l'Elysée.

04 mars, 2011 15:54  
Anonymous Anonyme a écrit...

C'est vrai que l'utilisation de la bibliothèque un arrière plan en dit long sur sa volonté de maîtriser à nouveau son image, mais quelque chose me gêne: est-ce que ces livres n'étaient pas en plus une incrustation dans l'image? C'est ce que j'ai vu - cru voir? - en premier en regardant l'allocution, ce qui a nécessairement fait surgir la question fatidique: mais *où* est réellement le Président?
D'autres ont-ils eut les mêmes soupçons?

04 mars, 2011 21:12  
Anonymous Ferocias a écrit...

LA bibliothèque n'est pas si importante que cela:

http://www.linternaute.com/actualite/magazine/visite-de-l-elysee-en-images/la-bibliotheque.shtml

05 mars, 2011 23:51  
Anonymous Anonyme a écrit...

Comme Anonyme, j'ai un doute sur la localisation de la prise de vue, en effet, d'une part, les drapeaux ne bougent absolument pas pendant toute l'allocution, on remarquera aussi que petit à petit le décor se déplace vers la gauche (on voit davantage de livres à gauche des drapeaux à la fin qu'au début) et surtout le "décor" "tremble" par moment (notamment vers 2:05), alors que N. Sarkozy ne subit cet effet ... mais où était-il donc ?

07 mars, 2011 08:25  
Anonymous Anonyme a écrit...

La "Bibliothèque de l'Elysée" : ce meuble dans lequel on ne mettrait que 500 livres au plus... hahaha.

V.

22 avril, 2011 17:28  

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lundi, février 21, 2011

Quizz: L'origine du clic

Cette news (à lire !), actuellement en home de Wikio.fr, a fait le plus fort taux de clics depuis plusieurs semaines...



Cochez la bonne réponse :

[1] Les internautes s'intéressent à la peinture du XIXè siècle.

[2] Un bon titre incite les internautes à cliquer.

[3] Gustave Courbet est mort avant l'invention du ticket de métro.

10 Commentaires:

Blogger Nicolas Jégou a écrit...

Non ! Ils pensaient qu'il s'agissait de Julien Courbet !

21 février, 2011 13:33  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Aaaaaarrgh !

21 février, 2011 13:34  
Anonymous Cochonfucius a écrit...

Les facebookiens courbettistes se mobilisent...

21 février, 2011 14:47  
Anonymous Cochonfucius a écrit...

(Cliquer sur "Seulement les autres" pour voir leurs réactions.)

21 février, 2011 14:48  
Anonymous Colar a écrit...

3

21 février, 2011 19:27  
Anonymous Stéphane a écrit...

[4] Les wikionautes ne sont pas adeptes de l'épilation du maillot

22 février, 2011 06:33  
Anonymous Anonyme a écrit...

Les robots ne pensent qu'avec leur b.... !!!!

23 février, 2011 10:51  
Blogger lbo a écrit...

[4] Les lecteurs de wikio on été étoné que Julien Courbet se fasse pousser la barbe ?

;o)

23 février, 2011 18:07  
Anonymous Curare- a écrit...

"Un intellectuel, c'est quelqu'un qui a trouvé quelque chose de plus intéressant que le sexe (Edgar Wallace)''

J'en profite pour copier-coller saisir la citation du jour ...qui vient à point dans ce débat ...
Jean Véronis est il 1 intellectuel tout conte fée :) ?

28 février, 2011 10:44  
Blogger Jean Véronis a écrit...

J'y travaille à pleines mains ;-)

28 février, 2011 10:46  

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mardi, janvier 18, 2011

Lexique: Marinisme

J'adore assister à des naissances, si vous lisez ce blog depuis quelque temps vous le savez ! J'entends depuis quelques jours les mots mariniste, marinisme, y compris à l'instant dans l'émission C dans l'air sur la 5. Google/Twitter confirment :



Cette naissance, m'en rappelle une autre, celle du ségolisme... C'était il y a bien longtemps. Le mot a eu sa floraison flamboyante, puis s'est quelque peu fané. Nous verrons ce qu'il advient du marinisme !

Je me suis dans un premier temps demandé s'il n'y avait pas une fâcheuse propension à créer ces -ismes sur le prénom quand il s'agit d'une femme. Quand il s'agit d'hommes, on a plutôt du gaullisme ou du sarkozyme que du charlisme ou du nicolisme ! Regard paternaliste et condescendant sur un sexe resté faible dans les esprits politico-machistes ? Peut-être, mais il faut se méfier des raisonnements trop rapides. Bien que je sois convaincu que la place de la femme dans le monde politique (et dans le monde tout court) ne soit pas encore celle que toute une génération (la mienne) avait rêvé il y a quarante ans, dans ces deux cas, il aurait été bien difficile de créer un -isme sur le patronyme. Royalisme... hmm, douteux (bien que ça ait été utilisé). Quant à lepénisme, c'est largement pris.

Nous verrons ce qui se passe du côté de Martine Aubry. Pour l'instant elle ne semble pas déclencher de -isme, mais il sera difficile de faire du martinisme -- la connotation serait extrêmement étrange (à dire vrai le marinisme existait aussi, mais qui le sait ?). Reste l'aubrisme... Ca sonne mal, mais ça frémit quelque peu, ce qui prouve que finalement, si le sexe intervient sans doute dans le choix du mot support, d'autres facteurs viennent brouiller les cartes (rareté du prénom, préexistence du dérivé, etc.). Et puis, nous avons connu le thatchérisme, n'est-ce pas ? Le margarétisme est une espèce à ce jour inconnue (tiens, en écrivant cela je viens de la créer !).

*
* *

Je ne puis m'empêcher d'analyser le comportement de Google sur ces requêtes. Pour générer la figure du haut de la page, j'ai tapé marinisme. Or Google me donne aussi mariniste et marinistes pour le même prix. Cela fait quelque temps que Google a intégré (un peu plus tard pour le français que pour l'anglais) une reconnaissance de la « morphologie flexionnelle » (singuliers et pluriels), mais aussi, peu à peu, une reconnaissance plus complexe, celle de la « morphologie dérivationnelle» (les suffixes -isme, -iste, par exemple).

Rien de bien savant, me direz-vous, il suffit d'un bon dictionnaire qui recense les formes associées à chaque mot (j'en ai un très complet que je me suis créé au fil des années pour les principales langues, et que j'utilise dans mes outils).

Oui, mais. Il est bien improbable que mariniste/marinisme, ségoliste/ségolisme et encore pire, le quasi confidentiel couple aubriste/aubrisme existent dans un quelconque dictionnaire humainement constitué. Google s'en sort avec des listes de suffixes, et des calculs statistiques, et ce qui fait sa force c'est la masse incroyable de données sur laquelle les algorithmes peuvent « apprendre ». Et le résultat est assez époustouflant.

Mais bon, j'arrête, sinon on va m'accuser de véronisation des esprits. Tiens, vous avez remarqué que Google a associé véronisation et véroniser ? Dingue...

16 Commentaires:

Blogger Unknown a écrit...

Vous nous suggérez là un jeu amusant. J'ai essayé avec Girard (par égocentrisme), j'ai fait Giradisme sur Google qui m'a renvoyé 2200 références (à René Girard, naturellement). Le mot n'est pas heureux mais cette formation semble naturelle et n'est pas réservé au politique. Si le proustisme (horrible il est vrai) n'existe pas, le flaubertisme se rencontre (1290 références sur Google) tout comme l'hugolisme (185 références).

18 janvier, 2011 23:27  
Blogger Jean Véronis a écrit...

C'est vrai qu'on est plus volontiers proustien que proustiste ! Du coup, on trouve aussi du proustianisme...

Vos exemple m'ont incité à chercher ce qui se passe pour Zola (pas facile, celui-là !). On trouve zolisme, zoliste (mais assez rares). On est plutôt zolien.

En revanche pas de zolianisme ! Voilà encore un mot que je viens de créer sur Google ;-)

19 janvier, 2011 09:06  
Anonymous Cochonfucius a écrit...

Pour le moment, le moteur rectifie

"cochonfucéen" en "confucéen".

Là, on n'est pas dans la morphologie, mais dans la distance d'édition.

20 janvier, 2011 14:09  
Anonymous Cochonfucius a écrit...

A peine ai-je écrit cela qu'il rectifie autrement ! Et ce coup-ci, la morphologie est en effet pertinente.

Affaire à suivre, comme on dit.

20 janvier, 2011 14:11  
Anonymous Cochonfucius a écrit...

Il y avait une faute d'accent :

comme ceci, ça illustre ce que je disais tout à l'heure.

20 janvier, 2011 14:14  
Anonymous muondo a écrit...

un blog excellent qui m'apprend toujours des choses remarquables,merci monsieur de votre talent

23 janvier, 2011 11:12  
Anonymous b, naïf a écrit...

Pas d'aubrisme ?
Bon, il y a des aubristes. Voire un charmant strausko-aubriste de chez Marianne 2

24 janvier, 2011 18:57  
Anonymous Anonyme a écrit...

En Allemagne, on ne parle pourtant pas d'Angelisme, ce serait curieux :) !

Ce qui renforce l'option "impact du prénom / nom" ... en tout cas pour les femmes.

Pour les hommes, il n'y a qu'un cas que je vois : l'emmanuelisme ... sauf que ça se rapporte bien à un prénom, mais au mien ! Autant pour l'Henryisme.

Emmanuel

02 février, 2011 17:22  
Blogger Olivier Bonnet a écrit...

Bonjour cher Jean,
Et que penses-tu de ma création, l'adjectif hortefesque ? Ça sonne rudement bien je trouve. J'utilise aussi fillonesque et bessonien. :D

11 février, 2011 16:05  
Blogger Unknown a écrit...

À ceux qui se reposent sur les nombres de résultats clamés par google en haut de la première page : ces chiffres sont vraisemblablement pipotés !

Il y a un an, sous le coup du doute, j'ai procédé à une expérience : j'ai créé une liste de bigrammes constitués à partir des noms et des adjectifs les plus fréquents de la base Lexique3. J'ai ensuite alimenté google avec mes bigrammes (rigoureusement placés entre guillemets) et n'ai conservé que ceux qui correspondaient à un nombre de résultats clamés en première page entre 11 (sur au moins deux pages) et 10 000 (pas plus de 100 pages car google refuse des les servir ensuite) (par défaut une page google = 10 résultats).
Ce que j'ai pu observé c'est que:
1. - le nombre de résultats clamés en première page ne correspond pas au nombre de résultats que peut visualiser l'internaute.
2. - et que ce nombre de résultats est systématiquement revu à la baisse et ce sur la dernière page.

Pour preuve, voici un graphe généré à partir des données que j'avais recueillies:
http://i57.photobucket.com/albums/g225/Phonatacid/GoogleFraud.jpg
1 courbe = 1 requête
X = n° de la page
Y = nombre de résultats clamés sur la page.

Alors c'est vrai il y a les erreurs d'algorithmes, des histoires de bases de données éparpillées au quatre coins de la terre dans différents serveurs etc, mais force est de constater que cette attitude semble être suffisamment mesquine et sournoise pour être reléguée au même plan que la bonne qui met la poussière sous le tapis.


J'ai aussi manuellement constaté que le même genre de pratique sévissaient (sévissent tjrs ?) chez alltheweb, peut-être même dans des proportions plus importantes (mais il a au moins le mérite de se laisser crawler sans sourciller).
Et ce genre de phénomène est tjrs observable sur google. Exemple.

Prenons un nom : chien
un adj (un adj acollocatif ^^) : ventriloque.
Cherchons "chien ventriloque" (entre guillemets) sur google

Page 1 : Environ 642 résultats
http://www.google.fr/#q=%22chien+ventriloque%22&hl=fr&prmd=ivns&ei=NwNaTYnMOcOShAen3-jJDQ&start=0&sa=N&fp=d2ace853aefbb4b5

Page 11 : environ 627 résultats
http://www.google.fr/#q=%22chien+ventriloque%22&hl=fr&prmd=ivns&ei=bQNaTd2mPMO7hAfD8_nEDQ&start=100&sa=N&fp=d2ace853aefbb4b5

Page 12 (la dernière) : 111 résultats
http://www.google.fr/#q=%22chien+ventriloque%22&hl=fr&prmd=ivns&ei=cANaTb_6Mse3hQfahqGKDQ&start=110&sa=N&fp=d2ace853aefbb4b5

15 février, 2011 05:49  
Anonymous Cochonfucius a écrit...

Un exemple similaire,

chien amnésique.

15 février, 2011 16:32  
Blogger Lépine a écrit...

Je l'applique régulièrement pour vérifier la mise en place des liens en temps réel comme sur mon site de référencement
Référencement chronosite

15 février, 2011 20:13  
Blogger Unknown a écrit...

oui.

j'ai cherché "chien ventriloque" (plus productif en résultats) sur divers moteurs de recherche.

bing/yahoo/alltheweb (je crois qu'ils utilisent le même moteur) : le nombre de résultats clamés et accessibles sont à peu près comparables (à 1 ou 2 résultats près sur une requete qui en génère une 50aine)

exalead: sur les 50 et qqs résultats, seulement une 20aine sont accessibles. Cependant le nombre clamé n'est pas corrigé en dernière page comme le fait google.


*strokes chin*

15 février, 2011 20:16  
Anonymous Laurent de Boissieu a écrit...

Bonjour,
Une petite remarque: n'en déplaise à Google, "marinistes" et "marinisme" ne sont pas du tout équivalents.
Autant je parle bien (puisque je suis l'auteur du premier tweet cité) de marinistes (=partisans de Marine Le Pen), autant il me semblerait absurde, dans l'état actuel des choses, de parler de marinisme (=idéologie nouvelle fondée par Marine Le Pen).
Cordialement!

16 février, 2011 21:39  
Anonymous Vincent a écrit...

@ esteban,

Deux questions par rapport à votre remarque sur le nombre de référence retourné par Google.

Comment expliquez-vous cet écart?

Existe-t-il d'autres outils pour construire l'évolution dans le temps de ce nombre de référence à partir du date passée?
Par exemple, je veux obtenir l'évolution (à une fréquence donnée) du nombre de page web contenant "U2" depuis 2005 jusqu'à aujourd'hui.

21 février, 2011 10:45  
Blogger Unknown a écrit...

@ vincent

en espérant que tu reviennes sur cette page.

Première question: je dirais que cet écart - mais ça n'engage que moi et je dis vraiment ca à vue de nez - les nombres de résultats en première page sont bidonnés (de manière homogène je suppose, donc c'est peut être pas si grave), probablement un reliquat de l'époque ou google et tant d'autres moteurs de recherches se livraient à la guerre du plus grand nombre de résultats retournés.

Deuxième question:

Il y a plusieurs moyen.

d'une part trends par les labs de wikio
http://labs.wikio.net/fr/trends/
mais ca ne permet de remonter qu'à 2008 environ, et la recherche ne porte pas sur un item lexical quelconque présent dans les pages web mais sur une catégorie.
(dans ton cas : Culture - Musique - Pop Rock - U2)

Google insight for search (essentiellement à destination des marketers)
http://www.google.com/insights/search/#q=%22U2%22&cmpt=q
permet de remonter à 2004.

Google ngram viewer (plus pour les linguistes et les "culturonomiciens" ).
http://ngrams.googlelabs.com/
Google a crée un méga corpus sur la base des bouquins qu'ils ont scanés (un truc équilibré et tout et tout apparemment). On peut donc observer l'évolution des mots à l'échelle du siècle.
Mal adapté pour des périodes courtes telles que 2005-2011

Mon propre programme merdique qui va directement pomper les résultats sur la première page des moteurs de recherches, en se basant sur leur fonction "recherche dans un intervalle temporel" afin de construire de belle courbes. J'avais implémenté ca pour exalead, google et alltheweb. à l'heure actuelle, c'est plus ou moins cassé (google notamment a changé sa manière d'afficher les pages), mais je pourrais réparer ca rapidement je pense.
Bémol : google et exalead bloquent les requêtes automatiques, du coup faut être en mesure de changer d'ip (déco/reco généralement). Par contre tu risques de te faire DLMisé par ton FAI : considérer que ta ligne est instable et te délivrer un débit plus faible pour la stabiliser.


Je te recommande la lecture de "googleology is bad science" par kilgriff dans laquelle il soutient (avec raison) que se servir de google pour estimer des fréquences ce n'est pas scientifique. Mais lorsqu'on veut faire des études diachroniques avec une petit granularité, il n'y a pas bcp d'autres d'options.
Quoique:
le même kilgriff avait constitué des corpus web pour l'allemand et l'italien (DEWac et ITWac). Des trucs de pros, équilibrés et tt. L'opération prenait une dizaine de jours environ (5 pour crawler, 5 pour nettoyer), donc à la rigueur, avec assez d'espace disque, tu pourrais obtenir une granularité de 5 jours. Encore faudrait-il laisser tourner le programme plusieurs années et savoir répondre à qqs problèmes de méthodologie : comment traiter les pages qui disparraissent ? Comment considérer les pages qui ont changées ?



Voici qqs résultats que j'avais tirés grâce à mon programme
Corrélation entre "jean sarkozy" et le rarissime "népotisme" (peut être moins rare depuis)
http://i57.photobucket.com/albums/g225/Phonatacid/jeansarkozy-nepotisme.jpg?t=1298826145

Et une investigation lexicologique menée aux alentours de 4h du mat (attention, qqs conneries s'y sont glissées) dans laquelle je critiquais la décision de Robert (le dico, pas le pilier de bar) qt à l'insertion de certaines orthographes alternatives dans le cru 2009.
http://www.sendspace.com/file/abllw5

pour plus d'infos
es7teban.mo7ntec7ris7to@gmail.com (il n'y a pas de 7 dans mon adresse email, juste histoire d'éviter le spam)

27 février, 2011 18:14  

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